[Film] The Vampire Doll, de Yamamoto Michio (1970)

Revenant à Tokyo après un séjour à l’étranger pour le travail, Kazuhiko se rend immédiatement chez sa petite amie Yuko, vivant dans une petite maison isolée avec sa mère. Sur place, il apprend que Yuko est morte deux semaines plus tôt dans un accident de voiture. Une semaine après, sa sœur, Keiko, sans nouvelles de son frère, décide de partir à sa recherche avec son fiancé Hiroshi.


Avis de Rick :
Ah The Vampire Doll, un métrage découvert totalement par hasard il y a de ça quelques années, et qui m’avait laissé un grand souvenir. Un métrage qui m’avait attiré, par la simple promesse de voir un film Japonais voulant un peu se la jouer film Européen, en rendant hommage aux films gothiques de la Hammer, à leurs très nombreux films de vampires, mais aussi à Edgar Allan Poe. A l’arrivée, un métrage qui derrière son envie évidente de livrer tout ce que je viens de citer, parvenait malgré tout à sortir son épingle du jeu, à être éminemment Japonais, et donc à s’approprier ses influences. Et aujourd’hui, grâce à l’éditeur Anglais Arrow qui nous a sorti une bien belle édition regroupant The Vampire Doll, mais également Lake of Dracula et Evil of Dracula, les deux suites spirituelles du même réalisateur formant la fameuse Bloodthirsty Trilogy, j’ai pu revoir le film, et pourrait enfin découvrir les suites dans des conditions optimales, rendant par la même occasion justice au splendide travail du directeur de la photographie Hara Kazutomi. Et cette seconde vision donc ? Tout aussi bonne que la première, tout en pouvant y déceler des nouvelles choses, puisque forcément, l’approche de l’œuvre n’est plus la même, en passant de la découverte totale en s’attendant à un petit hommage à la réappropriation d’un certain cinéma. Car le métrage de Yamamoto Michio, s’il ne cache jamais ses influences, il ne les régurgite pas bêtement. Pour créer son ambiance, il ne va pas nous mettre des châteaux improbables dans le Japon d’aujourd’hui, enfin des années 70. Non, il habillera tout simplement la demeure où se déroule le film d’accessoires, de meubles, d’un style Européens.

Pour la vampire de son titre, il ne cherchera pas à imiter Christopher Lee, ou une quelconque femme vampires dans les films à la qualité descendante de la Hammer (Les Maitresses de Dracula), mais il jouera tout simplement sur la présence de son actrice (Kobayashi Yukiko), et sur un jeu de lumière assez subtil mettant clairement en avant les éléments voulus dans le cadre. De même, il ne transpose pas bêtement le mythe du vampire occidental dans une histoire se déroulant au Japon, mais l’adapte à sa culture. Pas pour rien que le titre original se traduirait littéralement par « la poupée suceuse de sang », et évite donc même le terme de vampire. L’intrigue en tout cas, au départ, elle paraît clairement ancrée dans les éléments cités, dans cet hommage. Kazuhiko est en taxi, de nuit, dehors il pleut, et il approche de la demeure isolée de sa bien-aimée. Cela sonnerait presque comme le début d’un film Hammer, ou d’un film d’Argento avant l’heure. Sur place, accueillit par la mère de sa bien aimée et par l’étrange Genzo, l’homme à tout faire étrange comme on en voit tant dans les productions Anglaises du genre, il apprend que Yuko, sa chérie, est morte peu de temps avant d’un accident de voiture. Mais alors qu’il passe la nuit sur place, une ombre plane, Yuko lui apparaît. Serait-elle vivante ? Ou bien oui, serait-elle devenue une créature de la nuit se nourrissant du sang des vivants ? Comme chez Hitchcock, l’intrigue reprend une semaine après, avec un nouveau personnage en avant, la sœur de Kazuhiko, Keiko. Inquiète du manque de nouvelles, elle parvient à convaincre son fiancé de l’accompagner et de partir sur les traces de son frère, et donc, de Yuko. Maison isolée perdue au milieu de la forêt, cimetière brumeux et inquiétant, homme à tout faire muet et à la dégaine peu rassurante, visions nocturnes, pas de doutes, on sait dans quoi on met les pieds avec The Vampire Doll.

Et ce que l’on peut dire, c’est qu’entre le savoir faire du réalisateur, les belles musiques de Manabe Riichiro, la sublime photographie autant de jour comme de nuit de Hara Kazutomi, et le fait que le métrage s’éloigne finalement rapidement de nos attentes pour livrer bien plus, alors qu’il ne dure que 1h10, c’est là une bien belle réussite. C’est, en plus de ses qualités techniques évidentes, l’une des grandes forces du métrage, celle de déjouer nos attentes pour faire quelque chose de différent et plutôt bien écrit de son intrigue. Sans oublier le charme de Kobayashi Yukiko, totalement muette, et à la carrière malheureusement trop courte. On avait d’ailleurs pu la voir deux ans plus tôt dans Les Envahisseurs Attaquent ! Elle dégage quelque chose à chacune de ses apparitions, alors qu’elle porte très souvent des lentilles dorées (ce qui rendait ses déplacements compliqués, puisqu’elle ne voyait rien). Rendre sa menace à la fois belle et inquiétante, c’est souvent la force d’un grand film. C’est le cas ici. L’on pourrait encore dire beaucoup de bonnes choses sur The Vampire Doll, mais entre sa durée très courte et le fait que le film mérite clairement d’être découvert, avouez que ce serait dommage de trop en dire !

LES PLUS LES MOINS
♥ Une excellente ambiance
♥ Visuellement sublime
♥ La réappropriation d’éléments Européens
♥ Le scénario qui ne nous emmène pas là où on le croit
⊗ Si l’on n’adhère pas au style des années 70…
note6
The Vampire Doll est une réussite incontestable, la transposition au Japon d’un style Européen horrifique qui fonctionne très bien, et qui finalement ne se contente pas de copier ou rendre hommage, mais se réapproprie l’ensemble pour livrer un excellent métrage.


Titre : The Vampire Doll – 幽霊屋敷の恐怖 血を吸う人形 – Yûrei Yashiki no Kyôfu: Chi wo sû Ningyô
Année : 1970
Durée :
1h11
Origine :
Japon
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Yamamoto Michio
Scénario :
Nagano Hiroshi et Ogawa Ei
Avec :
Matsuo Kayo, Nakao Akira, Nakamura Atsuo, Kobayashi Yukiko, Minakaze Yôko, Hamamura Jun, Usami Jun, Sekiguchi Ginzô et Sakai Sachio

 Yûrei yashiki no kyôfu: Chi wo sû ningyô (1970) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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