[Film] Century of the Dragon, de Clarence Fok (1999)


Chow, flic infiltré dans la triade Hung Hing, prend sous son aile Fei-lone, ancien patron de cette dernière et retiré depuis cinq ans en honnête businessman. Quand Pao, le boss actuel, est gravement blessé, les velléités commencent.


Avis de Cherycok :
S’il y a bien un genre dans lequel Wong Jing a œuvré en tant que producteur, réalisateur et /ou scénariste, c’est bien le film de triades, et on n’a pas assez de doigts pour compter le nombre de films de son cru où des mafieux vont joyeusement se foutre sur la gueule à grands coups de machettes ou de vidage de chargeurs. En 1998, il écrit, produit et réalise A True Mob Story qui rencontre un joli succès et il a dû se dire que pour 1999, il allait remettre le couvert en écrivant et produisant non pas un mais bien deux films de triades, l’un avec Andy Lau, l’autre avec Lau Ching-Wan, et tous deux réalisés par le bon faiseur Clarence Fok avec qui il avait déjà travaillé sur Naked Killer ou Her Name is Cat. Aujourd’hui, nous allons parler de l’un d’eux, le bien nommé Century of the Dragon, qui malgré un scénario au final très classique et vu maintes fois, demeure plutôt correct dans le genre, à défaut de marquer les esprits.

Century of the Dragon va combiner deux récits assez classiques du cinéma de Hong Kong, celui d’un policier infiltré dans la mafia (3 ans avant Infernal Affairs) qui commence à se demander où se trouve sa loyauté, et celui d’un jeune ambitieux qui créé un chaos total afin de prendre le contrôle des triades. Nous sommes ici dans un film assez violent, qui s’en prend sans sourciller à des enfants, des femmes, des personnes âgées. Il n’est pas question ici de glorification des triades comme ont pu le faire par exemple les films de la saga Young and Dangerous. Non, ici c’est le royaume de l’entourloupe où le côté glauque et sordide de la vie des triades est pointé du doigt, où les forts victimisent les faibles, où les chefs tentent coute que coute de garder leurs subordonnés sous contrôle pendant que ces derniers tentent de les affaiblir, où il y a autant de conflits entre gangs qu’à l’intérieur même des gangs. Ça se frite sans concession à coups de battes de baseball, de machettes et Clarence Fok filme parfois ça comme un documentaire, avec une caméra à l’épaule pas forcément stable comme pour capter la réalité. Malheureusement, sa mise en scène ne tient pas forcément la route et en particulier la photographie souvent un peu étrange du film, changeante d’un plan à l’autre, comme s’il manquait parfois ce grain d’image qui différencie un film de cinéma d’un soap opéra façon Les Feux de l’amour (oui, j’assume cette référence de vieux). D’autres fois, des filtres de couleurs maladroits et n’allant pas bien ensemble font leur apparition et sentent le fake. Oui, il est loin le Clarence Fok de Naked Killer et autre Dragon From Russia. Mais malgré tout, il arrive à nous accrocher en construisant un drame parfois grinçant qui s’appuie bien plus sur sa brochette de personnages, parfois tous plus horribles les uns que les autres, ne respectant personne, pas même la famille, que sur le spectacle des scènes d’action qui ne sont au final peu nombreuses. Il y a bien quelques giclées de sang, bien entendu, mais ce n’est pas central au film.

Century of the Dragon parle également de la difficulté qu’ont ces policiers infiltrés dans les triades depuis longtemps à faire la part des choses, se considérant au bout d’un moment presque plus comme des membres de cette triade tant ils y baignent quotidiennement depuis de nombreuses années, avec des amitiés qui sont nées, une hiérarchie bien ancrée, qu’ils vont devoir trahir à un moment ou un autre. La trahison est au centre du récit, et est même l’élément déclencheur du destin de plusieurs personnages. A partir de là, les enjeux deviennent plus clairs et le scénario passe la deuxième après une première demi-heure un peu trop statique. Un scénario classique donc, pour qui connait un peu le cinéma de Hong Kong et plus particulièrement des films de triades. Les éléments sont donc connus, de la noble figure de la mafia (Andy Lau) au petit jeune qui n’en veut et qui veut tout bousculer (Patrick Tam), aux gros salopards (Frankie Ng et Lung Fong) en passant par le flic infiltré (Louis Koo). Tout est balisé et on navigue toujours en terrain connu. Andy Lau, toujours avec ses allures de mannequin même lorsqu’il est en mauvaise posture, livre une bonne prestation, tout comme les jeunes Louis Koo et Patrick Tam. Mais il faut souligner les rôles féminins, interprétés par Suki Kwan et Joey Man qui, bien qu’en retrait une grosse partie du film, sont bien moins cruches que ce qui était annoncé au départ, se révélant même être des femmes fortes à plus d’un titre. Clarence Fok n’a jamais réellement brillé par ses talents de mise en scène mais il reste néanmoins capable de pondre des bobines divertissantes, et ce Century of the Dragon est dans cette même lignée. C’est classique, déjà vu, mais ça fonctionne correctement.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un bon casting
♥ Des personnages féminins intéressants
♥ La désacralisation des triades
⊗ Scénario vu et revu
⊗ La photographie souvent moche

Century of the Dragon n’a rien d’extraordinaire en soi, entre une mise en scène moyenne et un scénario vu et revu. Mais ce qu’il fait, on le fait plutôt bien et le résultat est malgré tout quelque peu sympathique bien que pas mémorable.



Titre : Century of the Dragon / 龍在邊緣
Année : 1999
Durée : 1h48
Origine : Hong Kong
Genre : Déjà vu
Réalisateur : Clarence Fok
Scénario : Wong Jing

Acteurs : Andy Lau, Louis Koo, Patrick Tam, Suki Kwan, Anthony Wong, Lawrence Lau, Pau Hei-Ching, Frankie Ng, Joey Man, Lung Fong, Lee Siu-Kay, Eric Wan, Joe Lee

Century of the Dragon (1999) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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