[Film] Sister Sister 2, de Vu Ngoc Dang (2023)

Une prostituée tente d’échapper à sa vie en devenant la protégée d’une femme de classe et de prestige.


Avis de Rick :
Le cinéma Vietnamien n’est pas ce qui s’exporte le plus. On pourrait même dire qu’en cherchant un max et en étant curieux, il reste difficile d’accès, et beaucoup de cinéphiles curieux ne doivent connaître finalement que Fury et sa suite (préquelle ?) Furies disponibles sur Netflix. Alors, pour mon plus grand malheur, j’avais poussé un peu plus loin, avec par exemple The Ancestral, et oui, ce n’était pas bon du tout. Si bien que j’avais tout stoppé net. Mais bon, quand notre entourage commence à se faire Vietnamien, on se dit au bout d’un moment qu’on pourrait faire un effort et tenter de replonger dans leur culture cinématographique. Ni une ni deux, on jette un œil dans ce qu’on a, on sélectionne un film, sauf que lorsqu’une amie Vietnamienne me demande ce que je regarde et lui montre ce que je « pourrais » regarder, voilà que la dame s’exclame sur une pochette en me disant que c’était bien. On va lui faire confiance donc, et on regarde Sister Sister 2, après avoir tout de même demandé si bon, il était utile pour la compréhension de voir Sister Sister 1 ? Pas du tout, et donc voilà, deux heures plus tard, j’avais vu un film Vietnamien de plus, pas forcément dans un genre m’attirant, mais pas si mauvais que ça, même si on peut retrouver à redire. Dans les années 30 à Saigon, on nous présente deux femmes que tout oppose. Ba Tra est belle, est la première dame, a de l’argent, des bijoux, bref la belle vie, tandis que Nhi, aussi jolie soit-elle, est une prostituée, vit dans la misère, et rêve d’une vie meilleure. Forcément, la rencontre entre les deux va être l’élément déclencheur, pour l’intrigue du film, et pour Nhi qui se met en tête de se rapprocher de la première dame, en la manipulant un peu, pour qu’elle la sorte de sa vie de misère.

On pouvait craindre, avec son sujet (la prostitution), un homme à la barre, sa pochette aguicheuse et j’en passe que Sister Sister 2 ferait le choix de la facilité racoleuse. Il n’en est presque rien. Visuellement, le métrage se fait le plus souvent prude, n’osant jamais réellement dénuder ses actrices. C’est à peine si l’on aperçoit une paire de fesses à travers des vêtements transparents. Est-ce trop prude pour le coup ? Peut-être un peu vu le sujet abordé, mais pas suivant le ton que le film va employer. Car pendant la première heure, Sister Sister 2 aborde un ton très léger, avec des petites notes d’humour, lorsque les maris infidèles viennent au bordel et se font poursuivre par leur femme armée d’un hachoir, ou avec les plans de Nhi pour se rapprocher de la première dame, à coup de faux contrôles de police, faux kidnapping et donc fausse libération. Et finalement, ce qui devait arriver arriva, Ba Tra va prendre Nhi sous son aile en achetant sa liberté, et en faire une dame elle aussi, gracieuse, charmante, désirée, sophistiquée. C’est là que le film change alors de bord en devenant plus sérieux, et en voulant jouer dans la cour du film manipulateur. Est-ce que le premier Sister Sister jouait aussi sur cet élément ? Aucune idée honnêtement, mais si cela reste divertissant dans le second volet, on ne pourra malgré tout que regretter que le métrage, en allant parfois un poil trop loin, ne fasse de Ba Tra un personnage beaucoup trop antipathique, et ce bien trop vite. Elle accède enfin à son rêve, à la beauté, à la liberté, au respect, et tout dérape beaucoup trop rapidement, notamment dans sa toute dernière partie qui va alors accumuler les twists, certains dans le fond assez jouissifs, mais qui semblent parfois un peu trop sortir d’un polar Coréen.

Ce que Sister Sister 2 n’est pas bien entendu. C’est ce qui décalage incongru qui font à la fois la qualité de ce final, et son plus grand défaut. Ou alors n’était-je tout simplement pas le public cible ? Ou trop novice dans les différences culturelles avec le Vietnam pour pleinement adhérer au métrage ? Tout est possible. Ce qui est certain par contre, c’est que malgré l’intrigue relativement resserrée sur seulement une poignée de lieux et personnages, Sister Sister 2 se montre, visuellement, élégant, et sait mettre en avant un Saigon des années 30 réaliste, avec les costumes allant avec et donnant clairement un look sophistiqué au métrage, comme à la première dame. Visuellement donc, c’est réussi, et un petit plaisir pour les yeux, surtout que le métrage se permet quelques scènes aquatiques fort réussies. Ngoc Trinh jouant Nhi est très belle et convaincante d’ailleurs dans son rôle. Encore heureux, vu son rôle, et le cheminement de son personnage, son but. Les petites notes d’humour lors de la première partie fonctionnent également et rendent le tout plutôt agréable à suivre, surtout que le métrage dure quasiment deux heures. Mais oui, ce qui coince, c’est que dès le basculement dans la seconde partie, et avant l’arrivée des twists, Sister Sister 2 se fait déjà moins intéressant, beaucoup plus prévisible également. Au final, il demeure un petit divertissement pas désagréable bien qu’inoffensif.

LES PLUS LES MOINS
♥ Deux actrices très belles et investies
♥ L’humour de la première partie
♥ Certains twists font plaisir
♥ Visuellement travaillé
⊗ Seconde partie moins intéressante
⊗ Prévisible dans les grandes lignes
note35
Sister Sister 2 est un petit film Vietnamien sympathique. Pas un grand film, mais assez appliqué pour divertir pendant deux heures.


Titre : Sister Sister 2 – Chi Chi Em Em 2
Année : 2023
Durée :
1h55
Origine :
Vietnam
Genre :
La belle vie fait tourner la tête
Réalisation :
Vu Ngoc Dang
Scénario :

Avec :
Ngoc Trinh, Minh Hang, Ngoc Nga et Le Giang
Chi Chi Em Em 2 (2023) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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