[Film] Bébé Part En Vadrouille, de Patrick Read Johnson (1994)

Trois véritables empotés kidnappent le bébé d’une riche famille sans soupçonner que ce marmot va leur en faire voir de toutes les couleurs.


Avis de John Roch :
Avec Seize Bougies Pour Sam, Une créature de rêve, La Folle Journée de Ferris Bueller et autres Breakfast Club, le scénariste et réalisateur John Hughes s’était imposé comme le maître de la teen comedy Us des 80’s, période à laquelle il a mis un terme de façon logique avec La Vie En Plus. Au début des années 90, c’est vers la comédie familiale que se dirige John Hughes, principalement en tant que scénariste de cartons planétaires tels que Maman J’ai Raté L’Avion et Beethoven. Pour le reste, à l’inverse de la décennie précédente, il n’y a finalement rien de véritablement marquant dans la filmographie du John Hughes des années 90 mais il subsiste tout de même quelques métrages sympathiques dont fait partie ce film. Et après les ados et les enfants, quoi de plus logique que de laisser place à la petite enfance avec Bébé Part En Vadrouille, qui bien qu’il ne décroche pas la mâchoire tout au long de ses 1h39, demeure une comédie familiale qui remplit son contrat et fait passer un moment léger et agréable avec un petit succès.

Le pitch est simple : trois braqueurs à la petite semaine kidnappent le bébé à peine âgé d’un an d’un couple de plein aux as à qui ils réclament une rançon en échange de leur chérubin. Seulement, le bébé, Bink de son prénom, échappe à ses ravisseurs et va vivre une aventure dans les rues de Chicago pendant que ces derniers vont tenter de rattraper celui qu’ils surnomment « mon pognon ». Dans le fond, Bébé Part En Vadrouille est d’une simplicité enfantine dans le déroulement de son histoire on ne peut plus linéaire : Bink revit les aventures de son livre d’image préféré, qui sont autant de saynètes qui composent le métrage, embarquant malgré lui les malfaiteurs à ses trousses dans des situations de plus en plus rocambolesques. Bink va découvrir le monde, prendre le bus, le taxi, visiter les grands magasins, va piquer un roupillon dans les bras d’un gorille ou va encore se balader au sommet d’un building en construction. Peu importe la situation, Bink se fait son kiff et cela finit toujours mal pour le trio de kidnappeurs qui s’en prend plein la gueule du début à la fin. Il faut dire que question con, l’équipe interprétée respectivement par Joe Pantoliano, Brian Haley et Joe Mantegna se pose là : Norby est un abruti fini, Veeko est un abruti infini et Eddie, le leader, est intellectuellement mieux loti, mais subit la débilité de ses acolytes. Et c’est là tout l’intérêt de Bébé Part En Vadrouille, qui si il ressemble quelque part de loin à Maman, J’ai Raté L’Avion ! (des braqueurs bras cassés mis à l’amende par un enfant), ne fait pas dans la redite mais en reprend ce même humour slapstick totalement surréaliste, à la différence que d’avoir un bébé en guise de héros donne en plus un petit coté cartoonesque à la chose. On est certes pas au niveau de la dernière partie de Maman, J’ai Encore Raté L’Avion, mais Bébé Part En Vadrouille réserve son lot de scènes qui au pire font sourire, au mieux franchement rire presque tout au long d’un métrage très bien rythmé aux nombreuses scènes comiques.

Presque car il faut reconnaître que lorsque bébé Bink et ses ravisseurs ne sont pas à l’écran, Bébé Part En Vadrouille ne fait pas dans l’originalité en exposant la maman qui part à la recherche de son enfant. Des scènes qui se veulent un peu plus dramatiques mais qui cassent le rythme du métrage et se trouve être parfois assez irritantes dans la description de cette mère de famille bourgeoise qui n’en a que le nom et ne connaît absolument rien de sa progéniture et qui va prendre conscience de ce qu’est la maternité alors qu’à la base, elle en a clairement rien à faire de son enfant qui est pour elle avant tout une façon de se mettre en avant aux yeux des autres (le point de départ du métrage est un caprice de madame qui se plaint que personne n’a encore vu son bébé photographié pour les journaux alors que ceux de ses copines l’ont été). Dommage quand on voit ce que John Hughes a pu faire dans ce registre (voir le final de La Vie En Plus : à déconseiller à ceux qui sont sur le point d’être darons, croyez-moi), mais ces quelques cassures sont heureusement rattrapées par le reste. Le coté comédie donc, mais aussi par son aspect technique qui tient encore relativement bien la route aujourd’hui. Et oui, on ne dirait pas comme ça, mais Bébé Part En Vadrouille est un film à effets spéciaux. Logique me direz vous, personne n’est assez taré pour laisser un bébé se balader sur le toit d’un immeuble, gravir les étages d’un building assis à l’extrémité d’une poutre, dormir dans les bras d’un gorille (une fois encore un excellent boulot de la part de Rick Baker) ou traverser une route à l’heure de pointe, entres autres péripéties. Si quelques marionnettes et Verne Troyer ont servi de doublures pour quelques plans, beaucoup de scènes impliquant le bambin ont été un véritable challenge pour ILM pour incruster les petits acteurs en couches culottes dans les décors mais aussi pour reconstituer une vue aérienne de Chicago entièrement en CGI, une première pour l’époque et si aujourd’hui quelques incrustations sont datées, globalement Bébé Part En Vadrouille a plutôt bien vieilli sur ce point, à l’instar du métrage dans son entièreté pourtant défoncé par les critiques Américaines de l’époque, dont certains avaient clairement craqués en reprochant au métrage le coté mise en danger (fictive rappelons-le, juste comme ça) d’un bébé plus que de véritables défauts d’un film qui pourtant tient assez bien la route. Mauvaise critiques suivies d’une mauvaise réception publique, puisque le film sera un four au box office. Sauf en Inde, ou Bébé Part En Vadrouille est devenu un petit phénomène en son temps, jusqu’à en devenir le plus gros succès pour un film Américain juste derrière Jurassic Park. Il y a même eu un remake maison l’année suivante, qui de ce que j’en ai vu ressemble à son modèle, mais avec une heure en plus au compteur. Ce que l’on ne verra jamais en revanche, c’est une suite annoncée qui devait se dérouler en Chine qui ne s’est jamais faite, et même un jeu vidéo sur Megadrive finalement annulé. Rien de bien grave cependant, à part répéter la formule, nul doute qu’une suite aurait été inutile à ce Bébé Part En Vadrouille qui demeure une sympathique comédie familiale qui se suffit à elle-même.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est très bien rythmé…
♥ Un enchaînement de gags slapstick qui font rire et sourire
♥ Globalement, on passe un bon moment
♥ Malgré quelques incrustation datées, techniquement ça tient encore bien la route
⊗ … malgré quelques petites baisses de régimes
⊗ Parfois, c’est un brin irritant
⊗ Les scènes qui se veulent un peu plus dramatique, inutiles

Si Bébé Part En Vadrouille n’est pas ce que John Hughes a fait de mieux en tant que scénariste, le métrage n’en demeure pas moins une comédie familiale globalement satisfaisante à l’humour slapstick qui fait mouche. Idéal pour faire passer un début d’après midi aussi bien pour les petits que pour les grands.



Titre : Bébé Part En Vadrouille / Baby’s Day Out
Année : 1994
Durée : 1h39
Origine : USA
Genre : Maman, j’ai raté le biberon
Réalisateur : Patrick Read Johnson
Scénario : John Hughes

Acteurs : Joe Mantegna, Joe Pantoliano, Brian Haley, Lara Flynn Boyle, Cynthia Nixon, Fred Thompson, Adam Robert Worton, Jacob Joseph Worton

Baby's Day Out (1994) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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