[Avis] Zsa Zsa Zaturnnah ze Moveeh, de Joel Lamangan

Titre : Zsa Zsa Zaturnnah ze Moveeh
Année : 2006
Durée : 1h54
Origine : Philippines
Genre : Zombie Horror Picture Gay

Réalisateur : Joel Lamangan

Acteurs : Zsa Zsa Padilla, Rustom Padilla, Pops Fernandez, Chokoleit, Alfred Vargas, Pauleen Luna, Alwyn Uytingco, Kitkat, Say Alonzo, Giselle Sanchez, Glaiza de Castro, Joy Viado, Minnie Aguilar, Christian Vasquez, Jim Pebanco

Synopsis : Après une déception amoureuse avec un autre homme, Ada (Rustom Padilla) quitte sa métropole afin de s’installer en province avec sa cousine Aruba (Pauleen Luna). Il tombe alors secrètement amoureux de Dodong (Alfred Vargas). Un soir, alors qu’Ada est en train de chanter sous la douche, une pierre venue de l’espace apparentée à de la kryptonite lui tombe sur la tête. Dessus, on y trouve une mystérieuse inscription : « Zaturnnah ». C’est en avalant l’étrange météorite qu’Ada se transforme en jolie femme. Il devient alors le super-héros Zsa Zsa Zaturnnah ! Après avoir sauvé le village d’une attaque de grenouille géante et d’une invasion de zombies, Zsa Zsa Zaturnnah doit faire face à un gang de bimbos de l’espace. Leur reine Femina (Pops Fernandez) transforme d’un coup de baguette magique tous les hommes en travestis … Le tout en musique et bonne humeur !

Avis de Laurent : Les amateurs de cinéma foutraque et bordélique ont pris l’habitude de ne jurer que par le cinéma populaire thaïlandais. Si les films qui justifient cette savoureuse réputation sont produits à la chaîne dans le pays, il est important de préciser que la Thaïlande n’a pas le monopole de l’absurdité ou de la connerie. En effet, le film philippin Zsa Zsa Zaturnnah ze Moveeh, réalisé par Joel Lamangan en 2006, propose une comédie musicale gay à la limite du pamphlet féministe (jusqu’ici tout ce qu’il y a de plus estimable) mais teintée de rampage, de science fiction et de morts-vivants. Cette nouvelle production improbable tire sa substance d’un célèbre comic book philippin créé par Carlo Vergara en 2002. La déclinaison de Zsa Zsa Zaturnnah au cinéma permet à Carlo Vergara et à son réalisateur Joel Lamangan de coucher sur pellicule toutes les énormités issues leur imagination pour le moins florissante. Zsa Zsa Zaturnnah est le nom d’un super-héros travesti se transformant en femme à chaque fois qu’il avale la météorite qui lui a accidentellement fracassée le crâne. Il va tour à tour affronter une grenouille géante, une horde de zombies et un gang de bimbos extraterrestres qui transforment les hommes en ladyboys.

Une fois le pitch digéré, place au spectacle ! Zsa Zsa Zaturnnah ze Moveeh a beau être un film fauché, il passionne de par son discours totalement assumé et décomplexé. En effet, le duo Carlo Vergara / Joel Lamangan impose une galerie de personnages et des thématiques que l’on pensait ne trouver que dans le paysage cinématographique thaïlandais. Travestisme et mélange des genres étant la marque de fabrique de ce cinéma aussi déconcertant qu’imprévisible. C’est donc avec plaisir et étonnement que l’on découvre une petite comédie provocatrice et apaisante à la générosité communicative. Malgré le brassage de thématiques déjantés, Zsa Zsa Zaturnnah ze Moveeh distille un message d’amour et de tolérance pour le moins étonnant lorsque l’on connaît le poids de la tradition et de la religion dans un pays aussi complexe et hétérogène que les Philippines. La réalisation est techniquement limitée et formellement laborieuse mais ces défauts ne nuisent nullement au métrage … Au contraire, le kitch assumé offre au film un capital sympathie salutaire. Les nombreux SFX plus douteux les uns que les autres s’inspirent malheureusement plus des CGI du pauvre que d’un système D délirant. Dommage. En revanche, l’aspect comédie musicale est pour le moins réussi via des chansons entraînantes et des chorégraphies maîtrisées.

Comme bien souvent dans le cinéma philippin, le casting est composé de stars multifacettes. En effet, Esperanza Padilla, connu sous le charmant diminutif de Zsa Zsa, est avant tout une star de la chanson et du petit écran. De son côté, Rustom Cariño-Padilla, qui incarne Ada, est un acteur qui a eu deux carrières : l’une en tant qu’homme, l’autre en tant que transsexuel. On le connaît aussi sous le pseudonyme BB Gandanghari, (littéralement « Miss Beautifulking »). Incroyable destin !

Au final, malgré l’amateurisme de la mise en scène, Zsa Zsa Zaturnnah ze Moveeh est une comédie musicale bien timbrée qui véhicule un message respectueux des différences sain et utile.

Note : 5/10

 

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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