[Avis] 13B, de Vikram K. Kumar

Titre : 13B
Année : 2009
Durée : 2h17
Origine : Inde
Genre : Thriller / Fantastique

Réalisateur : Vikram K. Kumar

Acteurs : Madhavan, Neetu Chandra, Poonam Dhillon, Sachin Khedekar, Dhritiman Chatterjee, Deepak Dobriyal, Murli Sharma

Synopsis : Manohar emménage avec toute sa famille dans une nouvelle résidence. Le quotidien de ce jeune cadre dynamique est petit à petit perturbé par des événements inexpliqués : son visage est déformé lorsqu’on le prend en photos, l’ascenseur ne marche jamais lorsqu’il est à l’intérieur, il est impossible de clouer quoi que ce soit au mur de l’appartement … C’est alors que Manohar découvre que son quotidien est identique à celui que vit une famille dans le feuilleton télévisé de 13h Sab Khairiyat (« Tout va Bien ») …

Avis de Laurent : Bien que le thriller ne soit pas le genre le plus populaire au pays du masala, force est de constater que l’Inde nous réserve parfois de belles petites surprises. Le décalage culturel permet alors de proposer des productions pour le moins originales à défaut d’être toujours réussies. 13B, fait parti de cette catégorie de films avec, en sus, une petite touche de fantastique qui colle parfaitement à l’intrigue. Son réalisateur Vikram K. Kumar est pour le moins motivé sur ce projet car en parallèle à ce fameux 13B en langue hindi, il a tourné simultanément Yavarum Nalam qui n’est autre que sa version tamoule reprenant le casting à l’identique.

13B focalise donc son récit sur Manohar (Madhavan), jeune cadre dynamique, qui emménage avec sa mère, sa femme, sa sœur et la famille de son frère dans un appartement d’une imposante résidence. Alors que le bonheur semble s’installer dans ce ménage élargi, voilà que surviennent des événements pour le moins inexplicables. L’ascenseur semble toujours se bloquer lorsque Manohar entre à l’intérieur (13 étages à pied au quotidien ça use un homme), lorsque son neveu le prend en photo son image est systématiquement déformées, lorsqu’il veut accrocher une photo au mur … celui-ci devient impossible à perforer … Tous ces événements, jusqu’alors anodins, vont petit à petit interpeler Manohar qui va découvrir avec stupeur que les personnages du feuilleton télévisé de 13h Sab Khairiyat (« Tout va Bien ») vivent exactement la même chose que lui. De plus en plus obsédé par l’enchaînement de ces micro-événements, Manohar va mener sa propre enquête jusqu’à la découverte stupéfiante de l’historique de ces lieux.

Vikram K. Kumar signe avec 13B un film qui ne ressemble à aucun autre. Très indien dans son contexte avec cette famille épanouie dans un bonheur avant tout matériel, le récit va petit à petit glisser dans une atmosphère surréaliste très lynchienne lorsqu’il s’agira de décrire l’étrangeté de certaines situations. La transposition de la vie de Manohar dans ce feuilleton populaire va engendrer des situations toutes plus angoissantes les unes que les autres. Dans un premier temps, Manohar va réussir à tirer profit de la situation pour se laisser, ensuite, être totalement débordé par tous ces excès d’événements douteux. Jusqu’alors idyllique, sa situation et sa relation avec les autres membres de sa famille vont devenir cauchemardesques. 13B va alors se transformer petit à petit en un thriller fantastique agrémenté de retournements de situations qui vont détourner le film pour le meilleur et parfois le pire.

Ceux qui connaissent le cinéma de genre indien ne seront pas étonnés par autant d’audace cinématographique dans un pays capitalisant l’essentiel de ses succès sur le cinéma masala. Certaines séquences peuvent manquer d’originalité pour des spectateurs sevrés aux productions hollywodiennes, mais Vikram K. Kumar apporte régulièrement la preuve qu’en Inde on ne fait pas du cinéma comme partout ailleurs. La preuve la plus marquante en est la capacité à découper un récit tendu par des séquences musicales. Parfois cela est fait avec une subtilité salutaire (par l’intermédiaire du feuilleton Sab Khairiyat qui est un soap très indien dans la forme). Parfois cela est incorporé au film brutalement et sans intelligence de mise en scène ou alors en étant totalement hors sujet (le générique de fin pique vraiment les yeux à ce titre) … mais c’est aussi ça la magie du cinéma indien.

Si 13B tient parfaitement la route face aux productions occidentales bien rôdées, on ne pourra malheureusement pas être totalement conquis par ce projet courageux dans ses intensions et ambitieux dans sa mise en scène soignée. En effet, certains aspects du film auraient mérités un meilleur traitement. Tout d’abord, certains personnages au potentiel intéressant sont étonnamment sous-exploités. Ensuite, 13B s’essouffle dans sa durée avec une succession de séquences souvent répétitives. Enfin, et c’est bien là que réside le véritable gâchis, le final barre totalement en sucette et plonge clairement dans le bis qui tâche mal assumé.

Avec 13B, Vikram K. Kumar propose une œuvre intéressante qui aurait méritée une meilleure conclusion. À vouloir à tout prix surprendre le spectateur par un twist sorti de nulle part, Vikram K. Kumar le surprends surtout à saborder son film qui tenait pourtant bien la route. Dommage car en plus de divertir, 13B propose aussi une réflexion intéressante sur l’occupation de temps de cerveau de la télévision sur la population indienne ainsi qu’une défense assez naïve du handicap. Espérons que ces erreurs de jeunesses seront gommées sur son prochain film Ishq (2012 ?) qui devrait être une love story peu conventionnelle tournée en telugu.

Note : 6/10

Le trailer :

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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