[Film] Follow The Star, de John Woo (1978)


Ah Sing, un simple mécanicien, est témoin de l’enlèvement de Gayle une jeune orpheline également chanteuse et idole des jeunes. Ah Sing sauve la jeune fille mais ne sait pas encore dans quel pétrin il s’est fourré car le père de Gayle n’était autre qu’un grand voleur ayant caché son trésor que ses anciens partenaires tout juste sortis de prison sont bien décidés à récupérer.


Avis de Ryô Saeba :
Follow the star est la 2ème comédie réalisée par John Woo après Money Crazy. Au niveau du casting, on retrouve Roy Chiao dans le rôle principal qui joue un ivrogne qui va se prendre d’affection pour une jeune fille de 15 ans agressée par des bandits. Aux côtés de Roy Chiao, on retrouve Rowena Cortes qui est connue pour ses chansons et thèmes de séries TV cantonaises dans la fin des années 70 / début des années 80. Ce film était censé être une rampe de lancement pour sa carrière cinématographique, comme ça se fait souvent à Hong Kong avec les miss ou chanteuses, mais sans grand succès puisque par la suite elle ne fera qu’un seul autre film : « Teenage Dreamer », une comédie romantique produite par la Shaw Brothers dans laquelle elle joue le rôle principal aux côtés d’un jeune Leslie Cheung encore au début de sa carrière d’acteur..

Une relation père / fille va donc s’instituer entre Roy Chiao et Rowena Cortes dont le père décédé (joué par Woo que l’on aperçoit en photo et le temps d’un flashback) faisait partie d’un ancien gang dont les membres se sont tous retrouvés en prison pour 20 ans pour avoir effectué un casse juteux. Tous ? Non, car le père de la chanteuse a réussi à s’échapper avec le butin et aujourd’hui alors qu’ils viennent de sortir de prison, ils vont tout faire pour kidnapper sa fille afin qu’elle leur révèle l’endroit où est caché l’argent. Pour incarner ses bandits justement, on retrouve les seconds rôles habitués des films de Woo comme Lee Hoi-San, Chin Yuet-sang ou encore Fung Hak-On. Les méchants, tous plus bêtes les uns que les autres, sont tout droit sortis d’un manga car pour Woo, pour faire rire le public, il faut avant tout que ses personnages se démarquent que ce soit par la singularité de l’apparence physique des interprètes ou encore par leurs costumes et le maquillage. Le personnage de Lee Hoi-San par exemple est récurrent dans l’univers comique de Woo qui se sert du fait qu’il soit chauve pour faire de son crâne une arme de 1er choix. Chacun de ces tueurs va avoir une particularité : Fung Hak-On, des cartes en acier qu’il manipule à sa guise, Lee Hoi-San, son crâne d’acier, Ku Feng une main d’acier extensible…

L’humour n’est pas sans rappeler les comédies françaises des années 70 avec Pierre Richard et Louis de Funes par leurs gags ou leurs situations comiques. Mais il y a également, cinéma de Hong Kong oblige, un mélange des genres. Ainsi le temps d’un flash-back, dans lequel Woo lui-même interprète le rôle du père de la jeune chanteuse, l’humour typique des films de Charlie Chaplin et du cinéma muet va être utilisé. Cinéma que Woo affectionne particulièrement et auquel il consacrera un film entier en hommage par la suite avec « Laughing Times » où Dean Shek interprète un clone de Charlie Chaplin. On retrouve également une forte influence de la « slapstick comedy » des dessins animés US des années 40 comme ceux de la Tex Avery. Cet humour qui sera très présent également dans les futures Kung fu comédies et dans l’humour cantonais en général (de Karl Maka à Michael Hui) fait que les personnages se prenant d’énormes coups de barres d’acier sur la tête vont avoir une grosse bosse qui va se mettre à pousser ou de même lorsque Roy Chiao crache du feu sur la tête de son patron, ce dernier va se retrouver avec la tête toute noire et les cheveux en l’air. Pour le reste du mélange, hormis l’action et la comédie, on retrouve également de la ghost comedy à l’occasion d’un passage se déroulant dans un cimetière et un peu de kung fu pour les combats, notamment le final. Combat de fin qui se déroule dans une église en construction qui ressemble assez à celle de The Killer, qui était d’ailleurs également en travaux (souvenez-vous des plans où les gangsters, après s’être fait tiré dessus, tombent et fracassent les bambous), autocitation ou simple coïncidence, seul lui a la réponse mais lorsqu’on sait que la trame de The Killer était déjà présente dans son film Fist to Fist réalisé 15 ans avant, la question mérite d’être posée.

LES PLUS LES MOINS
♥ Pas mal de gags font mouche
♥ Le mélange des genres réussi
♥ Bien rythmé
⊗ Certains gags pas très heureux
⊗ Rien de mémorable
Au final, on se retrouve devant une comédie qui ne fait pas mouche à tous les coups mais qui bénéficie de pas mal de bonnes idées et qui sur l’ensemble est un divertissement plutôt agréable.


Titre : Follow The Star / 大煞星與小妹頭
Année : 1978
Durée : 1h34
Origine : Hong Kong
Genre : Comédie
Réalisateur : John Woo
Scénario : John Woo, Lau Tin-Chi

Acteurs : Roy Chiao, Lau Wan-Na, Rowena Cortes, Fung Hak-On, Chin Yuet-Sang, Wong Ching, Lee Hoi-Sang, David Wu, Cheng Siu-Ping, Chui Gai-Heung

 Da sha xing yu xiao mei tou (1978) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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