[Film] Electric Dragon 80.000V, de Sogo Ishii (2001)


Dragon Eye Morrison a été électrocuté lorsqu’il était enfant. Depuis, il communique avec les reptiles et libère toute l’énergie électrique concentrée en lui en s’épuisant sur sa guitare. Thunderbolt Buddha, un justicier foudroyé à l’adolescence, le provoque en duel. Pendant leur combat, Dragon et Thunderbolt se rechargent aux sources les plus diverses et iront même jusqu’ à utiliser une centrale électrique.


Avis de Ryô Saeba :
Voici donc le 2e film de cette soirée inoubliable passée en compagnie de Sogo Ishii et Hiroyuki Onogawa. Après la diffusion d’une version spéciale de Burst City accompagnée d’un mix musical des 2 hommes en hors d’œuvre, tout le monde était fin prêt pour accueillir le clou du spectacle : Electric Dragon 80,000 V dont le compositeur musical n’est autre que le même Hiroyuki Onogawa. Et là le bonheur, la joie, une claque gigantesque pris en pleine tête, un coup de fouet fantastique, une décharge électrique de 80,000 Volt prise dans tout le corps, il n’y a pas de superlatif assez fort pour exprimer l’émotion ressentie durant la séance.

Car si le film était déjà très bon sur le modeste support vcd sorti à l’époque, il prend une toute autre dimension sur grand écran et notamment grâce à une puissance sonore sans égal. On a vraiment l’impression de se faire littéralement foudroyer par chacune des décharges électriques envoyés par Tadanobu Asano. C’est vraiment un trip sensoriel impressionnant, la caméra frénétique parcourant la ville de Tokyo et ses toits à la vitesse de la lumière, associé à un son mélange de Hard Rock et de bruit donne une ambiance complètement survoltée.

« He conducts electricity ! He talks to reptiles ! He’s the man ! ‘Dragon Eye’ ! ‘Dragon Eye’ Morrison !!! »

Le film contient très peu de dialogue, quelques phrases en plus des présentations du narrateur qui tient ici un rôle de speaker. La narration justement se présente comme un match de boxe avec la présentation des 2 combattants en commençant par Tadanobu Asano qui interprète le rôle de Dragon Eye Morrison, référence évidente à Jim Morrison surnommé le  » Roi Lezard « , animal auquel Dragon Eye a la possibilité de parler et qui en a même fait son boulot consistant à retrouver les lézards perdus.

 » What saved him from ruin was… …THE ELECTRIC GUITAR !!! « 

Depuis que Dragon Eye Morrison a été électrocuté lorsqu’il était enfant, c’est une boule de nerf qui possède une très forte énergie à l’intérieur, qu’il décharge en se battant toute sa jeunesse allant jusqu’à devenir boxeur. Il comprend alors le danger qu’il représente pour les autres et trouve le moyen de se défouler à volonté : la guitare ! Ainsi, lorsque Dragon Eye est sur les nerfs car il n’arrive pas à retrouver un Lezard dans la rue, il appelle sa fameuse guitare :  » I can’t take it anymore ! GUITAR !!!!  » et commence à s’acharner frénétiquement dessus dans les rues de Tokyo devant des passants médusés. Cette guitare devient une véritable drogue dont il est totalement dépendant.

 » Enter the CHALLENGER !!! He’s the electricity man ! All its wavelengths are his ! The mystery man… Thunderbolt ! Thunderbolt Buddha !!! »

Et de l’autre côté du ring, le challenger : Thunderbolt Buddha qui a lui aussi été foudroyé à l’adolescence et qui est devenu le justicier des grands-mères en parallèle à son travail de technicien de maintenance sur les installations électriques de Tokyo. Alors que Dragon Eye Morrison possède 80,000 volts à l’intérieur de son corps, Thunderbolt Buddha lui en possède 2 millions mais ce personnage interprété par Masatoshi Nagase est un schizophrène et son corps est divisé en 2 parties égales aussi bien au niveau physique que mental. Deux parties qui sont constamment en opposition, la première moitié cherche à le tuer pendant que l’autre cherche à vivre à tout prix. Tout ça va donc donner un film complètement fou, au rythme endiablé et survolté dont le summum arrive à la fin. Après les présentations de chacun des personnages et leur combat psychologique à distance fait de provocations (toujours suivant le schéma d’un match de boxe), vient l’affrontement final et direct avec des personnages utilisant tout ce qu’ils trouvent sous la main pour recharger leur énergie. Il est d’ailleurs amusant de voir que Tadanobu Asano reproduit les mêmes gestes que Bruce Lee (surnommé le petit dragon de par son nom cantonais : Siu Lung) dans le final de Fist of fury, encore un bel hommage collant parfaitement au personnage.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le trip sensoriel
♥ L’ambiance survoltée du film
♥ Des personnages fous
⊗ …
Comment peut-on dire, comme j’ai pu le lire, que ce film prouve que Sogo Ishii est l’héritier du cinéma de Shinya Tsukamoto, qu’il copie sans vergogne alors que l’essence même du cinéma de Tsukamoto est tiré de l’univers de Ishii qui a ouvert la voie de cette vaine cyber-punk dans les années 80 et dont Electric Dragon marque naturellement un retour aux sources de son réalisateur. Au final Electric Dragon 80,000 Volt est un plaisir pour les yeux, un film excitant, complètement fou, une énorme baffe en pleine face, un chef d’œuvre d’expérimentation cinématographique tout simplement.


ELECTRIC DRAGON 80.000V est sorti chez Spectrum Films en combo Blu-ray avec le film Crazy Thunder Road au prix de 30€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr

En plus des films, on y trouve : Masters approuvés par Sogo Ishii, Nouvelle interview de Sogo Ishii, Commentaire audio de Tom Mes, Essai Vidéo de Jasper Sharp sur le Jishu Eiga, Sogo Ishii par Yves Montmayeur, Conférence de presse, Interview du producteur Takenori Sento, Séquences commentées, Dossier de presse original de 1980 et Bande-annonces



Titre : Electric Dragon 80.000V
Année : 2001
Durée : 0h55
Origine : Japon
Genre : Punk fantastique
Réalisateur : Sogo Ishii
Scénario : Sogo Ishii

Acteurs : Tadanobu Asano, Masatoshi Nagase, Masakatsu Funaki

 Electric Dragon 80.000 V (2001) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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