[Film] Troll, de Roar Uthaug (2022)

Au fond de la montagne Dovre, quelque chose de gigantesque se réveille après mille ans de captivité. La créature détruit tout sur son passage et s’approche rapidement d’Oslo.


Avis de Rick :
Dernière production Netflix en date, enfin du moins dernière ayant un minimum fait parler d’elle, surtout en négatif en se faisant défoncer comme il se droit, Troll m’attirait pour la simple raison que Roar Uthaug réalise. Oui, son dernier film était en Amérique, le pas terrible Tomb Raider, mais le voir revenir en Norvège donc, c’était encourageant. Surtout quand la plus grande critique que l’on pouvait lire un peu partout sur Troll était l’utilisation pour son récit d’une formule très Américanisée. Un argument négatif qui, connaissant la carrière du réalisateur, m’a en réalité donné envie. Car même les œuvres appréciées du réalisateur, et bien, ne sont-elles pas très Américanisées de base ? Cold Prey était un slasher lorgnant niveau rythme et attente sur le Halloween de Carpenter, tandis que The Wave était un film catastrophe reprenant la formule Américaine, à un ou deux points près. Du coup, en réalité, rien de nouveau. Avec ce Troll, difficile de ne pas faire le lien avec la récente formule du premier Godzilla de Gareth Edwards, avec une créature géante au départ peu montrée, qui apparaît et se dirige alors vers une grande ville, et une équipe variée avec militaires et scientifiques, qui feront tout pour trouver un moyen de contrer la créature. Ajoutons à cela les éléments classiques du film de monstre à l’Américaine, avec affrontement final, l’armée qui veut tout détruire sans réfléchir, des notes d’humour, des gros clins d’œil à des films cultes (King Kong, Jurassic Park), un personnage fan des complots et qui a forcément raison. Oui, la formule est, il est vrai, pas franchement emballante sur le papier. A l’écran par contre, et ce même si la formule atteint très rapidement ses limites, ce n’est pas si mauvais que ça.

Non pas car Troll brille par ses personnages, non. On a droit à la scientifique qui comprend tout avant tout le monde, le sidekick peu utile et qui fait des petites blagounettes, le militaire au grand cœur qui aidera notre scientifique, et des politiciens qui ne savent rien gérer et ne jurent que par l’attaque et la destruction. Ni finalement par sa narration, archi classique dans le genre, avec découverte de la créature, cellule de crise, traque, premier affrontement, la créature rejoignant une zone plus peuplée… Tout est très classique dans les grandes lignes, dans ce que le film propose, et dans les personnages peuplant cette aventure. Alors Troll c’est nul ? Pas tant que ça au final, car l’ensemble se laisse suivre, et bénéficie, comme souvent en réalité avec le cinéma d’Europe de l’Est, de CGI d’un plutôt bon niveau pour un budget sans doute pourtant assez bas. Le fameux troll est donc plutôt bien fait, dés que l’on adhère à son design en fait. L’ajout dans l’intrigue de quelques éléments de la culture nordique est appréciable même si en arrière-plan la plupart du temps, et même si par extension, certains éléments semblent un peu balancés là-dedans au hasard. Oui, on est donc très loin de l’approche found footage, réaliste et dépaysante que pouvait l’être The Troll Hunter, lui aussi Norvégien, mais beaucoup plus ancré dans la culture de son pays quand il s’agissait de mettre ses créatures sur le devant de la scène. Roar Uthaug lui privilégie une approche plus sensationnelle, plus blockbuster, pas désagréable, mais moins marquante, moins originale aussi pour le coup. Sauf quand il s’agira de nous montrer des hélicoptères encerclant le fameux Troll et en le désorientant à l’aide de cloches géantes accrochées aux appareils.

L’approche du réalisateur rappelle donc grandement les récents films US Godzilla, en tout cas le tout premier. Et ce jusqu’à sa manière par moment de filmer le troll, souvent avec une caméra à hauteur d’homme pour le rendre sans aucun doute plus impressionnant. Mais comme je le disais, la formule du réalisateur, qui a pourtant fait ses preuves dans le slasher et le simple film catastrophe, allant jusqu’à créer des franchises (Cold Prey 2 et 3, The Quake et The Burning Sea). Sans doute car le tout est assez mal dosé, avec un humour assez envahissant qui débarque très souvent et donc empêche souvent la tension de s’installer (on aura même une blague sur Call of Duty de la part de notre sidekick), et un fond parfois assez maladroit, puisque nous disant clairement que finalement, les méchants sont les humains, et au lieu de nous offrir un retournement où, soyons fous, troll et humains peuvent coexister, non, la puissance militaire l’emporte, et à la fin, nos héros peuvent s’éloigner sous un magnifique lever de soleil., alors que pour le coup, ils n’ont rien de héros. Même chose pour les effets, que ce soit de destruction ou avec le troll lui-même. Le tout est bien fait, mais parfois, ça tarde vraiment et l’aspect impressionnant n’a donc pas le temps de fonctionner. Pas désagréable donc, mais une déception, et un film rapidement oubliable.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le troll en soit bien fait
♥ Un film plaisant
♥ Rythmé
⊗ Une formule mal dosée
⊗ Et surtout, une formule trop américanisée
⊗ Maladroit parfois dans son propos
note6
Troll est une production très classique, à la formule maladroite mais bien connue, trop connue en réalité. Il se laisse voir, mais ne laissera aucun souvenir aux spectateurs, voire pourra paraitre daté.


Titre : Troll
Année : 2022
Durée :
1h41
Origine :
Norvège
Genre :
Le bon gros géant
Réalisation :
Roar Uthaug
Scénario :
Espen Aukan
Avec :
Ine Marie Wilmann, Kim Falck, Mads Pettersen, Gard B. Eidsvold, Anneke von der Lippe, Fridjov Såheim, Dennis Storhøi et Karoline Iktoria Sletteng Garvang

 Troll (2022) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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