[Film] The Cured, de David Freyne (2017)


Des années après que l’Europe ait été ravagée par le virus Maze qui transforme les humains en monstres cannibales, un antidote est enfin trouvé. Senan, soigné du virus, est hanté par ce qu’il a fait. Alors qu’il revient vivre chez sa belle-sœur devenue veuve, la peur et la suspicion risquent de plonger de nouveau le monde dans le chaos.


Avis de Cherycok :
Encore et toujours des films de zombies ou d’infectés diront certains. Quelque part, ils ont raison. La mode a du mal à s’estomper mais ils seront contents car c’est peut-être en train d’arriver (il n’y a qu’à voir les audiences de plus en plus basses de la série The Walking Dead). Mais en tant que grand amateur du genre, quand un film propose autre chose que du défouraillage de zombies et des hectolitres de sang, une autre vision des choses en quelque sorte, ça titille toujours ma curiosité. Me voilà donc embarqué dans The Cured, bobine irlandaise avec Ellen Page (Juno, Super, Inception) qui va s’attarder sur la réintégration dans la société d’infectés qui ont été traités mais qui gardent en mémoire toutes les choses horribles qu’ils ont pu faire avant d’être soignés. Un drame horrifique qui va jouer à fond la carte de la psychologie et qui, du coup, ne plaira à tout le monde.

Le thème du retour dans la société d’anciens infectés / zombies n’a que rarement été abordé. Les films de zombies se contentent en général d’un schéma classique qu’on connait tous, à l’exception de quelques-uns tels que les récents The Battery (2012) ou The Girl With All The Gifts (2016). La série anglaise In The Flesh (2013-2014) parlait déjà de ce sujet et c’est sans doute en la regardant que David Freyne eu l’idée d’écrire le scénario et de réaliser The Cured, son premier long métrage après quelques courts et documentaires. Ellen Page est intéressée par le projet et s’embarque avec lui dans cette aventure, armés d’un budget pas bien épais avec pour optique de créer un film, causant certes d’infectés, mais néanmoins le plus réaliste possible.
The Cured est donc un drame s’attardant énormément sur la psychologie de ses personnages tout en abordant de nombreux sujets complètement d’actualité. Le rejet de la différence, la radicalisation, le terrorisme, le retour à la vie normale après un grand traumatisme, les choix sociétaux immoraux de dirigeants en dehors de la réalité, … 75% des traités semblent guéris et retournent donc à la réalité, au milieu du reste de la population mais se souvenant de tout ce qu’ils ont fait à cette dernière pendant leur maladie. Mais que faire des 25% qui résistent au traitement ? Faut-il les garder encore enfermés le temps de trouver un remède plus efficace ? Ou faut-il les euthanasier pour éviter un accident menant à une autre épidémie ? Le film pose plein de questions et d’énormes cas de conscience.

The Cured propose une vision plus terre à terre, plus intimiste du genre zombie. Une vision très intéressante mais qui a du mal à rentrer dans les différentes possibilités narratives que cela lui ouvre. Il effleure plein de sujets, peut-être trop, mais n’en développe vraiment aucun. C’est dommage car, malgré une fin plus conventionnelle, il fourmille de bonnes idées et le casting est impeccable. Bon, Ellen Page fait du Ellen Page, mais le jeune acteur irlandais Sam Keeley (A vif, Operation Anthropoid) est assez bluffant dans son rôle de « traité » un peu perdu après son retour à la civilisation. Il n’est d’ailleurs pas le seul et on est bluffé par la subtilité émotionnelle dont ils font preuve et arrivent immédiatement à nous faire ressentir le profond traumatisme qu’ont subi les personnages.
En termes de réalisation, David Freyne s’en sort avec les honneurs. Même si l’ensemble est plutôt sobre, sans effet de style, il arrive immédiatement à instaurer une ambiance assez lourde et pesante à son film. Couleurs fades, ternes, décors délabrés, sales, le tout appuyé par une musique tantôt inquiétante, tantôt mélancolique, The Cured a parfois un côté un peu étouffant qui colle bien aux sujets qu’il traite. Le rythme lent en rebutera possiblement certains, le film ne prenant une dimension un peu plus dynamique que sur son final. Mais cette relative lenteur est justement nécessaire pour coller à l’ambiance que le réalisateur essaie de mettre en place de la première à la dernière minute.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène sobre
♥ Le casting très juste
♥ Ambiance pesante
⊗ Un coté fauché parfois visible
⊗ Rythme lent
Pour son premier film, pari plutôt réussi pour David Freyne qui tente de proposer une autre vision du film de zombies/infectés en lorgnant plus du côté du drame psychologique. Même si le rythme lent risque d’en faire fuir plus d’un, The Cured vaut le coup d’œil.



Titre : The Cured
Année : 2017
Durée : 1h38
Origine : Irlande
Genre : Drame horrifique
Réalisateur : David Freyne
Scénario : David Freyne

Acteurs : Ellen Page, Sam Keeley, Tom Vaughan-Lawlor, Stuart Graham, Paula Malcomson, Natalia Kostrzewa, Hilda Fay, Sarah Kinlen, Judy Donovan, Peter Campion

 The Cured (2017) on IMDb













0 0 votes
Article Rating

Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
S’abonner
Notifier de
guest

7 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments