[Film] Carnage, de Tony Maylam (1981)

Un ancien gardien de camp d’été, gravement brûlé par une mauvaise blague qui a mal tourné, se cache dans les bois près d’un camp d’été de New York afin de se venger des jeunes adolescents responsables de sa défiguration.


Avis de John Roch :
Budget : 550000 dollars, recette aux États-Unis : 39.7 millions de biftons verts, Vendredi 13 fait des envieux, dont les frères Harvey et Bob Weinstein. Désespérés de percer dans le métier, Harvey décide de s’inspirer du succès du film de Sean S. Cuningham pour lancer sa boite Miramax. Aidé par sa mère, il mise 1,5 millions de Dollars sur The Burning, qui ne rencontra pas le même succès que Vendredi 13. Déjà noyé dans l’océan de slashers sortis en 1981, c’est surtout le second épisode de la franchise qui introduit Jason qui aura fait l’effet d’un raz de marée qui a tout emporté sur son passage, et au bout d’un an et de quelques ressorties, Carnage de son titre français n’a même pas atteint le million de Dollars de recettes, sauvé par les ventes et le succès à l’international, notamment au Japon où il cartonne, puis par la vidéo, nouvel el dorado des productions indépendantes. Depuis, le métrage de Tony Maylam a gagné un statut d’œuvre culte auprès de fans de Slashers, au point d’être considéré comme l’un des meilleurs représentants du genre. La réputation est méritée, car Carnage est rempli de qualité, et se démarque suffisamment de Vendredi 13 pour être plus qu’un ersatz opportuniste, bien que le script aurait été écrit avant celui de ce dernier, mais rien n’est sûr.

Carnage s’inspire d’une légende urbaine de Cropsey, connu des habitants de Staten Island à New York, un psychopathe qui vit dans les bois et qui éventre les enfants qui s’aventurent de trop près sur son territoire après avoir été défiguré, légende qui trouve son inspiration dans l’histoire, véridique celle-ci, de Andre Rand, kidnappeur et tueur d’enfant. Dans Carnage, Cropsey est le concierge d’un camp de vacances, alcoolique et teigneux avec les gamins. Un soir, une bande d’ados décide de lui rendre la monnaie de sa pièce et de lui foutre la trouille de sa vie, seulement la blague dégénère et Cropsey brûle vif. Cinq ans plus tard, grand brûlé et rongé par la haine, il sort de l’hôpital et s’en va terroriser un camp de vacance voisin. Carnage en apparence a tout d’un Vendredi 13 bis, et à raison avec son camp de vacances maudit, la vue subjective du tueur qui observe et assassine ses proies, des meurtres graphiques et le minimum de boobs syndical, bref le cahier des charges de tout bon slasher qui se respecte. Pourtant le film se démarque de son modèle, déjà le boogeyman est identifié dès le départ ainsi que son trauma de longue date qui le pousse au crime. Ensuite l’ambiance est intéressante, car comparé à Vendredi 13, ce n’est pas un camp de vacance à l’abandon qui doit être retapé mais un camp ouvert, avec des ados très portés sur le cul, avec les dialogues qui vont avec, même si on est loin du cru d’un Massacre au Camp d’été, autre décalque de Vendredi 13 qui apportait du sang neuf au genre. En résulte une première partie très agréable à suivre, entre dialogues savoureux et scènes de suspense assez bien menées. Car la mise en scène de Carnage, bien qu’elle manque de punch, est tout à fait honorable, certains moments tel que le meurtre de la prostitué qui semble sortir d’un Giallo, sont très soignés, accompagné d’une excellente musique qui met l’ambiance. En parlant de mise en scène, impossible de ne pas évoquer la désormais mythique scène du radeau, un morceau anthologie qui ne brille pas que par sa réalisation, mais surtout par son montage. Au poste Jack Sholder, pas encore metteur en scène de Alone in the Dark ou de Hidden, qui réussit à non seulement iconiser Cropsey en un plan qui marque la rétine, mais arrive à faire grimper la tension avant que le carnage, qui a dû donner l’idée du titre au distributeur Français le titre du film chez nous, n’arrive.

Une scène anthologique qui a peut-être un peu perdu en impact, ce qui n’est pas le cas des effets spéciaux orchestrés par Tom Savini, qui donne comme à son habitude des scènes gores incroyables, dont certaines sont saisissantes de réalisme lorsque les chairs sont transpercées par la paire de cisaille de Cropse , bien que le résultat déjà très bon soit inférieur au boulot qu’il a fait sur Rosemary’s Killer sorti la même année, qui reste à ce jour le slasher 80’s le plus méchant au niveau des SFX, avec des meurtres non seulement crades mais aussi crus, et même flippants. Carnage se démarque aussi des slashers de l’époque en répondant au cahier des charges du genre, tout en s’en éloignant en proposant finalement pas de sexe, les victimes féminines repoussant les avances de leurs compagnons à une exception prêt, et le final délaisse l’habituelle héroïne qui est remplacée par un ado mal dans sa peau et un brin pervers. De quoi faire oublier un rythme aux fraises, le film met un sacré moment à démarrer et si la première partie se suit sans déplaisir avec notamment les gamins qui se vannent, la seconde partie en forêt est en revanche ennuyeuse et répétitive dans les situations. Bref, entre deux scènes gores et quelques moments qui font légèrement grimper le trouillomètre parfois avec succès, il n’y a au final pas grand chose à se mettre sous la dent, mais ce serait dommage de passer à coté des effets spéciaux de Savini et de quelques subtilités qui éloigne Carnage du classicisme d’un genre qui a rapidement stoppé de chercher à innover.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les effets spéciaux de Tom Savini
♥ La scène du radeau, bien foutue
♥ Quelques petite variantes qui démarquent le film des autres slashers
♥ Une mise en scène correcte…
♥ La musique
⊗ Un rythme aux fraises
⊗ Ça met du temps à démarrer
⊗ …mais qui manque tout de même de panache
Avec ses meurtres réussis, ses petits détails qui suffisent à le démarquer de Vendredi 13 dont il est plus qu’une copie, et sa réalisation soignée, Carnage fait partie du haut du panier des slasher movies du début des années 80.

LE SAVIEZ VOUS ?
• La musique a été composé par Rick Wakeman, compositeur et claviériste qui a collaboré avec les groupes Strawb et Yes.
• Carnage fait partie des premier films à avoir été catégorisé video nastie en Angleterre.
• Le final du film devait à l’ origine se dérouler dans une grotte, mais l’ équipe s’ est rétracté car cette dernière était remplie de chauves-souris. Une autre grotte a été envisagée, mais celle-ci s’ est écroulé après sa découverte.



Titre : Carnage / The burning
Année : 1981
Durée : 1h31
Origine : U.S.A
Genre : Slaher
Réalisateur : Tony Maylam
Scénario : Tony Maylam, Harvey Weinstein, Bob Weinstein, et Brad Grey

Acteurs : Brian Matthiew, Leah Ayres, Brian Baker, Larry Joshua, Jason Alexander, Nes Eisenberg, Holly Hunter

 Carnage (1981) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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