[Film] Bad CGI Gator, de Danny Draven (2023)

Six diplômés d’université louent une cabane dans les marais de Géorgie pendant les vacances de printemps. Là, dans un acte de défi juvénile, ils décident de jeter leurs ordinateurs portables de classe dans un lac situé dans la cour arrière


Avis de John Roch :
Bad CGI Gator, c’est un double effet kiss kool. Déjà, espérer voir une production Full Moon un minimum descente n’est pas cause perdue. C’est chaud, très chaud même, mais pas perdu. Ensuite, de voir un film avec un titre pareil se révéler être digeste et pas si mal a de quoi faire tomber de son siège. Parce que oui, je n’ai pas déraillé, enfin je crois pas, Bad CGI Gator sous ses airs d’énième série Z destinée avant tout au câble, est pas si mal. Contrairement à la majorité de ces bandes qui se prennent bien trop au sérieux pour ce qu’elles sont, Bad CGI Gator lui joue la carte du second degré et ça fonctionne, du moins sur un partie du métrage. C’est l’histoire d’un bébé alligator qu’envoie chier un pécheur, il faut dire que bien que le titre soit du genre alerte sur la qualité des CGI, il reste tout de même sacrément laid. Il part alors nager un peu plus loin et tombe sur une bande de jeunes cons comme des manches à balai qui pour faire un tik tok viral balancent leurs pc à l’eau. Bébé Gator, un peu curieux, touche de son museau le pc, et se mange une décharge. Ce qui va le faire grandir plus que de raison, mais il est encore plus laid car à sa taille maximale, les CGI sont aléatoires dans l’incrustation et la qualité, mais le titre nous avait tout de même prévenu.

Non seulement il grandit, mais en plus il a des pouvoirs. Bébé Gator peut voler, se déplace très vite, n’est pas trop con, du moins nettement moins con que les personnages, et il est même poli car voyez vous, il toque aux portes et y sonne même pour berner ses victimes. Des victimes d’une débilité folle, sorte de stéréotypes de la « Gen Z », génération qui est passée au lance flamme par le scénariste de la chose : Zalman Band, qui n’est autre que le fils de Charles Band. Et le fiston, il arrive sans peine à rattraper tous les scripts moisis que son père a financé ces dernières années. Non pas qu’il ait un don inné pour l’écriture qui fait de lui une révélation, mais son scénario tente de contourner le coté fauché de la chose en jouant sur une forme de second degré, le titre est là pour en attester, et sur ce point c’est plutôt réussi, le film étant une véritable comédie horrifique. Passons sur Bébé Gator, il est moche, c’était prévu, c’est sympa de le voir léviter mais en l’état, ce n’est pas plus fou ou plus con que ce que les Sy-Fy, Asylum et cie nous balancent à longueur d’années. Passons aussi sur ses attaques, il y a du faux sang, quelques membres sectionnés ici et là, mais encore une fois rien de fou, le film est par ailleurs chiche en scènes chocs. Non, ce qui fait que Bad CGI Gator est une comédie horrifique, c’est ces personnages.

Chacun est assez bien développé pour une production du genre et a sa personnalité qui renvoie aussi bien aux clichés des films d’horreur que de la génération évoquée plus haut. Entre le sportif complètement teubé, son pote pas plus malin porté sur le cul, leurs compagnes qui sont respectivement une wanna be influenceuse qui s’invente une vie et des combats pour devenir virale et une potiche qui ne sert à rien si ce n’est montrer ses boobs (et vu que c’est la mieux lotie du lot, c’est très bien comme ça). Reste les vrais héros de l’histoire, un genre de Georges MacFly et une demoiselle qui, vu la connerie ambiante, se demande ce qu’elle fout là. Le tout est joué par des jeunes acteurs de seconde zone qui jouent mal, mais leur surjeu en rajoute dans le délire, d’autant plus qu’ils ont des tronches impayables pour certains. En parlant de délire, Bad CGI Gator fait mouche avec des dialogues parfois à mourir de rire, et certaines scènes enchaînent des moments hilarants, tel la brève évocation d’un gode-ceinture complètement inattendue ou l’un des débiles qui veut jouer au héros mais part émotionnellement en vrille dès le nez pointé à l’extérieur. Le coté comédie est bien présent, certains moments sont franchement drôles, il est dommage qu’ils soient noyés dans un bayou de scènes sans aucun intérêt. Avec son histoire d’amour en toile de fond et ses scènes qui s’étirent pour rien, Bad CGI Gator se révèle être un film devant lequel on on s’emmerde rapidement face à des passages qui cassent le rythme et malgré sa courte durée (58 minutes), une bonne partie du métrage aurait pu facilement être laissée de coté sur la table de montage. C’est dommage car il y a une volonté apparente de vouloir faire les choses bien, mais bien que Bad CGI Gator conserve de réelles qualités, le film est tout de même tombé dans le piège de la très grande majorité de ce genre de films : fun sur le papier, chiant comme un jour de pluie à l’écran.

LES PLUS LES MOINS
♥ Bébé Gator, il est sympa…
♥ Des moments vraiment drôles
♥ Des personnages bien écrits pour un film du genre
♥ C’est court
⊗ … mais rien de fou non plus
⊗ La plupart du temps un film sans intérêt
⊗ On se fait vite chier
⊗ C’était prévu, mais les CGI sont quand même très dégueulasses

Une production Full Moon un minimum descente de nos jours, c’est pas impossible. Ce que vient confirmer Bad CGI Gator qui n’est pas si mal loti que ça grâce à un coté comédie étonnamment réussi. Dommage que l’on se fasse chier très vite et très souvent, même si ça dure moins d’une heure.



Titre : Bad CGI Gator
Année : 2023
Durée : 0h58
Origine : USA
Genre : (not so) Bad CGI Gator
Réalisateur : Danny Draven
Scénario : Zalman Band

Acteurs : Michael Bonini, Maddie Lane, Ben VanderMey, Rebecca Stoughton, Cooper Drippe, Sarah Buchanan

Bad CGI Gator (2023) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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