[Avis] Ghost of Valentine, de Yuthlert Sippapak

Titre : Krasue Valentine / Ghost of Valentine / กระสือวาเลนไทน
Année : 2006
Durée : 1h34
Origine : Thaïlande
Genre : Horreur
Réalisateur : Yuthlert Sippapak

Acteurs : Ploy Jindachote, Pitisak Yaowananon, Kowit Wattanakul, Viyada Umarin

Synopsis : Alors qu’elle est fraîchement embauchée en tant qu’infirmière dans un hôpital décrépit, Sao (Ploy Jindachote) reçoit une rose le jour même de la Saint Valentin. C’est alors que son expéditeur Num (Pitisak Yaowananon) est victime d’un accident qui le plonge dans le coma. Suite à cette tragédie, de mystérieux événements vont se déclarer dans l’établissement.

Avis de Laurent : Sans être formellement à la hauteur des grands cinéastes thaïlandais tels que Wisit Sasanatieng ou encore Pen-ek Ratanaruang, Yuthlert Sippapak n’en est pas moins l’un des plus intéressants du pays. En effet, ce génial touche à tout maitrise le mélange des genres avec une adresse déconcertante. Après un premier film d’action qui a su trouver son public (Killer Tattoo – 2001), une romance saluée par la critique (February – 2003) et une série de comédies horrifiques inclassables revisitant le classique Mae Nak des familles (la saga Buppha Ratree) … il enchaîne avec une autre célèbre franchise du cinéma d’épouvante du Sud-est asiatique : la Krasue. Immortalisée entre autre dans Mystics in Bali (1981, H. Tjut Djalil), Demonic Beauty (2002, Bin Bunluerit) ou encore Gong Tau (2007, Herman Yau), ce mystérieux fantôme est constitué d’une tête de femme volante ayant les organes qui pendent.

Connaissant le réalisateur, on se doutait bien qu’il n’allait pas se contenter avec Ghost of Valentine d’un énième film de fantôme sans y apporter sa petite touche personnelle. Tout d’abord, il impose sa traditionnelle galerie de personnages tous plus burlesques les uns que les autres : un docteur psychopathe qui assume mal sa calvitie, un brancardier handicapé et boiteux, un agent de sécurité au look très glamour et autres freaks habituels. Seule la plastique et la retenue de la belle Ploy Jindachote semblent être en décalage avec l’univers déjanté de Yuthlert Sippapak. L’humour foutraque est toujours aussi omniprésent même s’il peine parfois à faire mouche auprès d’un public non initié … les amateurs de films thaïlandais comprendront ! La romance, quant à elle, est toujours aussi improbable et sirupeuse. Cependant, la mayonnaise peine à convaincre pleinement et les errances que l’on pardonnait jusque là volontiers au réalisateur plombent quelque peu le délire général. En effet, Ghost of Valentine se veut finalement trop consensuel à vouloir trop s’appuyer sur une histoire d’amour prévisible au possible … Rappelons que consensuel et prévisible étaient jusque là des qualificatifs incompatibles avec le nom du cinéaste. Un humour débile et malvenu peut toujours se faire pardonner dans un de ses films. Des séquences qui se succèdent mollement sans surprendre le spectateur habitué aux gesticulations outrancières de Yuthlert Sippapak par contre ne passent pas. C’est triste mais c’est comme ça.

La déception liée à une impression générale mitigée passée, Ghost of Valentine s’apprécie tout de même à condition de ne pas être allergique aux personnages surnaturels qui hantent le folklore thaïlandais. La Krasue est une institution dans un pays où l’on croit encore beaucoup à la philosophie bouddhiste, au Karma et à la réincarnation. Si la Krasue ère à la recherche de chair fraîche, c’est qu’elle n’est pas tout à fait apaisée de ses actes passés. Sous une bouffonnerie apparente, se cache donc tout un pan de la culture du Sud-est asiatique avec ses histoires, ses personnages mystiques et ses traditions ancestrales. Par ailleurs, il est important de préciser que Ghost of Valentine reste un divertissement relativement appréciable en comparaison des autres films du genre que peut produire chaque année par wagons entiers le pays. Seulement, Yuthlert Sippapak n’est plus considéré comme un sympathique outsider mais comme un cinéaste majeur et accompli.

Ghost of Valentine n’est donc pas la pépite annoncée, mais son univers et sa thématique sont suffisamment dépaysant pour faire accrocher le spectateur quelque peu curieux et ouvert à des codes cinématographiques différents. Les autres, accessoirement fans de Nakata Hideo, comprendront leur douleur.

Note : 5/10


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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