[Avis] Island of Fire, de Chu Yen-Ping

Wei Wang revient de mission, accueillit par son chef, père de sa future femme. Mais celui ci est assassiné sous ses yeux, et en prenant la fuite, la voiture du meurtrier explose. Seul indice, une empreinte, menant à un prisonnier exécuté quelques mois plus tôt. Wei Wang décide alors de se faire incarcérer pour enquêter au sein même de la prison. Là bas, il fera la connaissance de quelques autres prisonniers : l’un est en prison pour meurtre accidentel, l’autre pour se venger, un autre tente toujours de s’évader afin de retrouver son fils…

Avis de Rick :

Quand on connaît un peu la réputation du métrage, quelques anecdotes sur la participation de certains (tous ?) acteurs, et que l’on sait le nombre de version traînant par ci par là dans des montages différents, se lancer dans sa vision n’est pas une chose aisée. Mais bon, il vaut mieux s’attendre au pire et espérer le meilleur afin de ne pas trop être déçu, et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Petite production de 1990 tournée à Taiwan et aux Philippines, Island of Fire est un petit film classique inspiré (pompant) d’autres métrages du même genre et se déroulant en prison, avec un grand nombre d’acteurs connus au casting, et surtout, survendu dans de nombreux pays (tous ?) comme étant un film AVEC Jackie Chan, l’acteur étant alors en avant sur les pochettes VHS et DVD. Quand on se penche sur le pourquoi du comment du film, c’est une autre histoire, et surtout un vrai bordel. Il faut même remonter en 1976 pour tout comprendre. Jackie Chan rencontre Jimmy Wang-Yu sur le tournage de Killer Meteors. Jackie tourne alors pour Lo Wei, et la star commencera à monter deux ans plus tard avec les succès de Snake in the Eagle’s Shadow (Le Chinois se Déchaïne) et Drunken Master (Le Maître Chinois). Jackie est relié par contrat avec Lo Wei, qui ne veut pas lâcher la star montante, alors que celui ci s’apprête à signer un contrat avec la Golden Harvest en 1980, et c’est Jimmy Wang-Yu qui calmera la situation et permettra à Jackie Chan d’avoir la carrière qu’on lui connaît dans les années 80.

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En échange, Jackie accepte de faire deux films pour lui. Le premier, ce sera La Mission Fantastique en 1982, délire n’importe nawak produit par Jimmy Wang, et réalisé par Chu Yen-Ping. Et le second, toujours réalisé par Chu Yen-Ping, ce sera ce Island of Fire, débarquant assez tardivement, en 1990. Film se déroulant dans l’univers carcéral, film sombre et violent copiant un peu partout, Jackie Chan, n’ayant pas la tête d’affiche contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, fera tout pour que le film, ne respectant pas l’image que l’acteur aime avoir, n’ai qu’une sortie limitée en rachetant les droits. C’est ainsi que l’on se retrouve avec différents montages. En France, deux DVD (oui, deux), à la durée de 92 minutes, au choix, en français, ou dans un doublage anglais. Le montage le plus court, puisqu’en Amérique, le film dure 96 minutes (dans un doublage anglais bien entendu). Pour pouvoir voir le montage intégral, durant tout de même 2h05, mais permettant de garder toute la cohérence du scénario et le développement des personnages, il faut se tourner vers la version Taïwanaise, doublée en Mandarin, et sous titrée en Cantonais et en Anglais. Et bien entendu, c’est cette version là que j’ai regardé.

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Island of Fire donc, contre toute attente, nous propose avant tout de suivre le chemin de Tony Leung Ka-Fai dans le rôle de Wei Wang, un policier revenant d’une mission, retrouvant ainsi sa fiancée, fille du chef de la police. La fête ne sera que de courte durée, puisque quelques heures après son retour, son chef, et donc futur beau père, est assassiné. Les pistes mènent à un détenu, qui aurait été exécuté quelques mois plus tôt. Quelque chose ne tourne pas rond dans la prison, et Wei Wang accepte de rejoindre l’univers carcéral pour poursuivre son enquête. Une fois à l’intérieur par contre… l’enquête semble totalement laissée de côté, et ce jusqu’au final, pour se focaliser sur l’enfer du pénitencier, comme pour le rôle qu’il tenait déjà trois ans plus tôt dans Prison On Fire de Ringo Lam. Le film va alors se découper en quatre parties, pour faire place à quatre personnages principaux différents. D’un côté donc, Tony Leung Ka-Fai pour enquêter, plus ou moins. Dès son arrivée en prison, il sympathisera avec son compagnon de cellule, puis le film déviera sur un nouveau personnage. Le métrage va sans arrêt nous présenter de nouveaux personnages, qui vont se rencontrer, parfois sympathiser, puis se séparer. Après son entrée en prison, le film va se focaliser pendant quelques temps sur Sammo Hung, personnage le plus réussi du métrage, incarcéré, pro en cuisine, et en évasions réussies, afin de retrouver son fils. Si tous les acteurs jouent le jeu et s’en sortent bien, c’est bel et bien le personnage de Hung qui tire son épingle du jeu en étant le plus intéressant et le mieux développé, étant à la fois drôle et pathétique. Puis Jackie Chan rejoindra à son tour la prison, pour un second rôle d’homme qui n’a plus rien à perdre, enfermé après un meurtre involontaire alors qu’il tentait de collecter de l’argent pour sauver la vie de sa petite amie.

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Comme souvent, Jackie Chan est l’élément martial du métrage, puisqu’il nous livrera les quelques séquences d’action, avant son enfermement, puis même une fois dans la prison. Sammo Hung lui ne se battra jamais. Il est d’ailleurs étonnant de noter que Jimmy Wang tient un rôle de gros caïd dans la prison, qui protégera d’ailleurs Jackie Chan. Puis c’est au tour de Andy Lau, se faisant interner pour pouvoir se venger, qui rejoint à son tour le casting. Il affrontera Jackie Chan dans un combat au couteau. Les personnages de Jackie Chan et Andy Lau sont d’ailleurs les moins développés et exploités du métrage. Néanmoins, l’ensemble passe comme une lettre à la poste, le réalisateur pique par ci par là de grandes idées déjà vues dans des métrages du genre (Prison on Fire par exemple de Ringo Lam), et ne change rien, mais reste sérieux tout le long (l’opposé de La Mission Fantastique), et mine de rien, on finit tout de même par s’intéresser à ces personnages. On les suit, tous séparément, bien que parfois, ils se croisent, et on se demande bien l’histoire de base, ben, elle est devenue quoi dans tout ça. Car la vie en prison, l’amitié entre détenus, les coups bas, le méchant chef de prison, c’est bien beau, c’est vu et revu, même si c’est pas trop mal, mais pour l’intrigue de base, ça ne fait rien avancer. Tous ces personnages se rejoignent alors enfin pour les 15 dernières minutes du film, donnant enfin un sens à tout ça et permettant aussi enfin de conclure l’histoire, dans une longue scène où nos quatre personnages principaux vont se la jouer John Woo, sautant dans les airs et flinguant à tout va. Ça manque parfois un peu d’ampleur, d’idées nouvelles et innovantes, mais comme le reste du métrage, cela reste généreux et plutôt plaisant. Piquant à tous les râteliers, ne faisant jamais preuve d’originalité, mais bénéficiant d’un casting de luxe et restant tout de même sérieux et plaisant tout le long, Island of Fire est une curiosité dans la filmographie de ses acteurs.

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Un casting de luxe pour un divertissement néanmoins convaincant bien que piquant un peu partout et ne sachant pas toujours ou aller.

note6

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IslandofireaffTitre : 
Island of Fire – Foh Siu Do – 火燒島
Année : 1990
Durée : 1h32 (dvd FR), 1h33 (version HK), 1h36 (version US), 2h04 (version Taïwanaise)
Origine : Hong Kong / Taiwan
Genre : Policier

Réalisateur : Chu Yen-Ping

Acteurs : Tony Leung Ka-Fai, Sammo Hung, Andy Lau, Jackie Chan, Jimmy Wang, Tao Chung Hwa, O Chung Hung et Teddy Yip


Galerie d’images : 

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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