[Film] The King’s Man : Première Mission, de Matthew Vaughn (2021)


Lorsque les pires tyrans et les plus grands génies criminels de l’Histoire se réunissent pour planifier l’élimination de millions d’innocents, un homme se lance dans une course contre la montre pour contrecarrer leurs plans.


Avis de Cherycok :
Avant de croire que je défonce du blockbuster juste par plaisir de défoncer du blockbuster, je tiens à préciser que j’avais beaucoup aimé les 2 premiers Kingsman. Le premier pour son humour pince sans rire assez british, ses personnages réussis et son action débridée. Le deuxième pour ses personnages toujours réussis, son humour british toujours présent, et son craquage complet final (qui, lui, laissera par contre de marbre beaucoup de monde). J’étais donc à la fois impatient de voir ce troisième volet, mais également très craintif après visionnage de la bande annonce dans laquelle je ne retrouvais absolument pas, si ce n’est le temps de quelques plans furtifs, tout ce qui m’avait plu dans les premiers films, à commencer par leur ambiance à la fois cool et sérieuse. Bon, j’avais bien fait de me méfier. Les 2h11 de ce King’s Man : Première Mission m’ont semblé longues, mais loooooongues… La déception est très grande au point que je me demande ce qu’il s’est passé dans la tête du réalisateur Matthew Vaughn.

Après le visionnage, j’étais quand même curieux de regarder ce que pensait un peu le public de ce 3ème opus de la saga Kingsman. 6.4/10 sur IMDB sur plus de 74000 votes, 80/100 sur Rotten Tomatoes pour le public, 3.5/5 sur Allocine, … Il n’y a guère que sur Metacritic que le film récolte un très moyen 5.1/10, que je trouve déjà cher payé. The King’s Man : Première Mission était initialement prévu pour fin 2019 mais fut repoussé à cause du rachat de la Fox par Disney. COVID oblige, sa date de sortie s’est vue repoussée à plusieurs reprises et ce n’est finalement que fin 2021 que le film arrive sur les écrans un peu partout dans le monde. L’idée de départ, à savoir de faire une préquelle qui reviendra sur la formation de l’agence d’espions Kingsman au début du 20ème siècle, était louable tant les 2 premiers films étaient arrivés très facilement à s’imposer comme des films solides présentant un univers des plus sympathiques. Le budget confortable de 100M$US avait de quoi nous rassurer et nous ôter l’idée qu’on aurait pu avoir le droit à une suite au rabais, tout comme le casting composé de valeurs sûres telles que Ralph Fiennes (Harry Potter, La Liste de Schindler), Gemma Arterton (Byzamtium, La Disparition d’Alice Creed), Djimon Hounsou (Blood Diamond, Amistad) ou encore le vétéran Charles Dance (Imitation Game, Last Action Hero) qui assuraient un jeu solide. Très rapidement on déchante, dès le premier acte du film, dans lequel un père qui, suite à un évènement tragique, a promis à sa femme de protéger leur fils, va se retrouver confronter à son fils justement, qui lui de son côté meurt d’envie de servir son pays et de s’engager dans l’armée. Cette première partie tourne très rapidement en rond, avec un côté naïf qui le dessert car il ne sert au final à rien et on devine aisément que les efforts du père seront vains. Certes, cela permet de développer certains personnages et de montrer l’importance d’autres, mais ils ne sont au final jamais réellement développés correctement et des acteurs comme Djimon Hounsou sont vraiment sous exploités. D’autres personnages vont apporter le côté décalé de la saga, comme par exemple celui de Raspoutine, à la fois complètement farfelu et extrêmement dangereux. Mais là où il aurait dû donner naissance à des scènes complètement barrées, il n’en résulte que des moments très gênants, voire malaisants au point qu’on se demande ce que ça vient faire là.

The King’s Man : Première Mission va enchainer des scènes plus ou moins (surtout moins) utiles, les clichés, et ne va jamais retrouver l’esprit des premiers films. Kingsman premier du nom avait su réinventer et/ou détourner avec brios les codes du film d’espionnage en y insufflant une bonne dose d’humour parfois burlesque lors des interactions entre les personnages et un montage nerveux, avec des effets de style très bien sentis, lors des scènes d’action. Ici, l’humour tombe à plat dans la plupart des cas et on a l’impression que le film se prend trop au sérieux. Colin Firth avait ce côté très pince sans rire typique du cinéma anglais. Ralph Fiennes, bien que bon acteur, est ici bien trop sérieux ou alors à côté de ses pompes lorsqu’il faut balancer une punchline qui se veut mémorable. En résultent des scènes de dialogues plates, générant des longueurs qui desservent clairement le film. En ce qui concerne l’action, certaines nous prouvent une fois de plus la dextérité de Matthew Vaughn caméra à la main, comme lors de l’attaque entre les deux tranchées ou quelques plans de la scène finale. Mais l’ensemble se fait malgré tout assez flemmard, pas aidé par des CGI et des incrustations de décors pas toujours au point. Difficile également de se rattraper d’un point de vue historique. Certes, on sourira dans la manière dont le réalisateur s’amuse avec l’Histoire, jouant avec les clichés de certaines personnalités historiques bien connues, bien que cela soit parfois un peu facile. Mais placer son histoire en pleine guerre 14/18 et ne pas voir l’ombre d’un seul soldat français, ça a de quoi paraitre étrange comme choix surtout que d’après de nombreuses sources, ce sont pas moins de 2 millions de français qui y ont péri, si on prend en compte les soldats et les civils. Lorsqu’on sort du film, on a l’impression qu’il ne sait pas réellement ce qu’il veut être. Il se veut plus sérieux mais rajoute des scènes si stupides qu’on n’est pas loin de se faire un face palm. Il tente de garder le côté espionnage mais ne sait au final pas réellement quoi en faire. Le scénario est mal écrit, il nous semble interminable et surtout l’ensemble est bouffi et grossier. Ce troisième opus de la saga Kingsman aura au moins eu un effet positif : me donner envie de revoir les deux premiers films. C’est maigre mais on se console comme on peut.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting
♥ Quelques fulgurances ci et là
⊗ Des moments gênants
⊗ Des dialogues sans saveur
⊗ Une première partie interminable
⊗ Le côté dramatique inefficace
Matthew Vaughn se rate complètement avec cette préquelle de Kingsman. L’intention de renouveler un peu la saga est louable, mais le résultat est très en deçà de ce qu’on était en droit d’espérer et il en résulte un film parfois ridicule, souvent longuet.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Les premiers plans panoramiques des tranchées, en particulier la partie représentant des montagnes de douilles d’obus, sont tirés de photographies réelles de la bataille de la Somme. Livrée entre juillet et novembre 1916, sans grand vainqueur, elle a coûté la vie à environ 700 000 soldats britanniques et français et 550 000 Allemands. Comme on peut le voir, des bataillons entiers ont été fauchés par le feu des mitrailleuses, et plus d’un million d’obus ont été tirés au cours de la seule première semaine.

• La phrase du général Kitchener « L’objectif de la guerre n’est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que l’ennemi meure pour le sien » est une version beaucoup plus raffinée d’une phrase réelle prononcée par le général George Patton lors d’un discours aux hommes de la troisième armée américaine le 31 mai 1944. La phrase réelle est la suivante : « Aucun salaud n’a jamais gagné une guerre en mourant pour son pays. Il l’a gagnée en faisant mourir l’autre pauvre bâtard stupide pour son pays. »

• Bien que le rôle de Stanley Tucci ne soit crédité que comme « ambassadeur des États-Unis », son apparence et son look sont inspirés de la vie réelle de Walter Page, qui a été ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni de 1913 à 1918.



Titre : The King’s Man : Première Mission / The King’s Man
Année : 2021
Durée : 2h11
Origine : Angleterre / U.S.A
Genre : Préquelle dispensable
Réalisateur : Matthew Vaughn
Scénario : Matthew Vaughn, Karl Gajdusek

Acteurs : Ralph Fiennes, Gemma Arterton, Rhys Ifans, Harris Dickinson, Djimon Hounsou, Matthew Goode, Charles Dance, Alexandra Maria Lara, Bevan Viljoen

 The King's Man: Première mission (2021) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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