[Film] Halloween : 20 Ans Après, de Steve Miner (1998)

Vingt ans après les terribles événements d’Haddonfield qui ont vu le massacre de jeunes lycéens et de personnels hospitaliers par Michael Myers, sa sœur Laurie Strode vit sous une fausse identité, sous le nom de Keri Tate. Elle enseigne dans un lycée privé sous le soleil californien. Avec son fils, John, elle ne cesse d’être obsédée par sa sécurité et se réfugie dans l’alcool. Devenant un jeune homme, son fils décide de s’émanciper, et d’organiser la fête d’Halloween malgré les avertissements de sa mère. Cette dernière, cependant, a bien raison de s’inquiéter : Michael Myers a retrouvé sa trace…


Avis de Rick :
Après l’acquisition des droits de la franchise par Dimension Films, on aurait pu espérer un plus pour la saga Halloween, surtout qu’en 1989, Halloween 5, lancé dans l’urgence, avait fait un peu tout et n’importe quoi. C’était mal connaître Dimension Films et les frères Weinstein, car si Halloween 6 a eu un temps de gestation bien plus grand, le résultat fut tout aussi catastrophique. De quoi plomber et mettre un terme la saga ? Dans le fond, ça aurait sans doute pu être le cas, sauf qu’entre temps, un certain film sort, un film nommé Scream. Le succès est immense, autant critique que public, et voilà que la slasher revient, ou plutôt se transforme. Une transformation vers un genre moins violent, visant un public un peu plus adolescent, et qui semble avoir conscience de sa propre existence. Ce côté méta on dira. Du coup, à l’approche des 20 ans de la franchise, Halloween a droit à son retour, avec le retour également de Jamie Lee Curtis, et presque le retour de John Carpenter, qui finalement préférera rester éloigné encore de sa saga pour partir tourner Le Village des Damnées en 1995 et Los Angeles 2013 en 1996. Et comme c’est souvent la mode dans le genre, comme en atteste les sagas Massacre à la Tronçonneuse (dont la chronologie est un bordel monstre) ou Vendredi 13 (le 6 qui efface le 5 un peu à part), Halloween 20 Ans oublie les trois opus précédents pour se placer en suite aux deux premiers films. Un choix apparaissant comme un aveu d’échec, mais permettant donc le retour de la star des deux premiers films. Surtout que finalement, Dimension Films a vu les choses en grand pour cette suite. Kevin Williamson a bossé sur le scénario sans être crédité et est producteur, Josh Hartnett tient là son premier rôle, Janet Leigh, véritable mère de Jamie Lee, vient faire coucou le temps de quelques scènes, la mise en scène tombe entre les mains de Steve Miner, honnête artisan du genre (on lui doit les opus 2 et 3 de Vendredi 13, mais aussi House), et le choix du ton du film est plutôt bienvenu.

À savoir revenir à une ambiance proche du premier film. Pas de tueur surhumain, de meurtres ultra sanglants comme dans le précédent, mais un retour à une ambiance qui prend son temps pour se poser, à un tueur qui n’est qu’une ombre, pourchassant ses proies de loin. Et bon choix également malgré la mode tout juste lancée, Halloween 20 Ans Après est un film sérieux, sans note d’humour, sans côté méta. Ce côté là, il viendra dans la suite, totalement ratée, mais nous n’y sommes pas encore. Donc, 20 ans après les événements d’Halloween 2, Laurie Strode s’est fait passer pour morte, a changé d’identité, est maintenant prof, a un enfant qui fête ses 17 ans, et forcément, la maman est traumatisée et stresse comme pas possible chaque année à l’approche d’Halloween. Et comme la surprenante scène d’ouverture (surprenante car nous y voyons un tout jeune Joseph Gordon-Levitt, et qu’on y apprend la mort du docteur Loomis) nous le dit, Michael Myers is back et cette fois-ci, il va en finir avec la famille ! Les intentions sont louables, le métrage fait avec sérieux, on peut saluer d’ailleurs la mise en scène de Steve Miner, qui aura d’ailleurs quelques idées purement techniques bien sympathiques, et on saluera également le retour du sérieux dans la saga, mais aussi du côté terre à terre bien plus proche des deux premiers films que des suivants. Réaliste, et également plus simpliste donc. L’ironie étant que 20 ans après ce 20 ans Après (vous suivez ?), Halloween sera de nouveau rebooté avec Halloween (vous suivez toujours ?), se déroulant donc 40 ans après le premier, annulant encore toutes les suites, et surtout, se permettant de reprendre quelques idées à ce film (l’héroïne traumatisée, qui va prendre son destin en main, qui en fait baver à sa descendance, tout ça tout ça). Et si le reboot de 2018 n’était pas parfait, autant dire que finalement, il se hisse sans mal au dessus de cette version 1998. Pour des raisons parfois évidentes, et d’autres beaucoup plus subtiles.

Déjà car finalement, 20 Ans Après, passé son gap de 20 ans donc, et le portrait de son héroïne, n’a pas grand-chose de neuf à raconter. Ensuite car si la mise en scène de Steve Miner n’est pas honteuse, loin de là, la première heure cherche un peu trop à émuler le premier Halloween de Carpenter, avec son rythme lent, cette silhouette que l’on aperçoit, et que du coup, pendant 1h (sur 1h26), et bien il ne se passe pas grand-chose de vraiment palpitant, sauf si une silhouette en arrière plan et LL Cool J en gardien écrivant des bouquins risibles, c’est votre truc. Ça, c’est dans les faits, et très facilement visible par le commun des mortels. Mais dans les petits détails, c’est là que 20 Ans Après déçoit le plus. Dans sa représentation de Michael Myers. Il est à la fois très facile et très difficile de mettre en scène un tueur masqué crédible, lorsque celui-ci ne dit pas un mot. La gestuelle joue pour beaucoup, son masque aussi, et puisque dans le cas du film du jour, c’est visible, son regard est important également. Et à ce niveau là, 20 Ans Après se plante. Niveau gestuelle, présence, regard, le Michael Myers de ce film n’est pas impressionnant, n’instaure pas une menace assez grande, il laisse de marbre. Et son masque, parlons en, tant il est raté, et que quelques retouches digitales (nous sommes en 1998 je le rappelle) sont tout simplement dégueulasses. Ça a beau être furtif, c’est hyper voyant, si bien que l’on se saisira naturellement de notre télécommande pour rembobiner et comprendre pourquoi notre œil a été choqué par un plan, faire pause, et comprendre tout ça. Oui, le masque est raté, Michael n’est pas très réussi. Pourtant, et même si je ne suis pas du tout fan du métrage, il faut avouer qu’il se hisse sans mal au dessus du niveau des deux précédents opus (pas dur), que l’affrontement final entre Laurie et Michael est énergétique et bénéficie d’un soin particulier, et encore une fois, que la mise en scène en elle-même de Miner est assez élégante. Ça n’en fait ni un film marquant, ni un des meilleurs de la saga, mais un opus apprécié des fans, qui se regarde, et qui relança la machine… le temps d’un film catastrophique en 2002 seulement, avant un premier remake.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène de Steve Miner
♥ Un retour au côté réaliste et simpliste de l’original
♥ L’affrontement entre Laurie et Michael
⊗ Une première heure lente et pas forcément palpitante
⊗ Michael Myers, raté, dans sa gestuelle, sa présence, et son masque
⊗ Une suite qui rehausse le niveau, mais pas exceptionnelle
note5
Très apprécié des fans, Halloween 20 Ans Après souffre pourtant d’un rythme un peu trop mou et d’un tueur assez raté à quasi tout point de vu. Reste le plaisir de retourner à une ambiance plus proche du premier que des suites, de revoir Jamie Lee Curtis dans son rôle, de découvrir quelques nouveaux acteurs de l’époque (Josh Hartnett, Joseph Gordon-Levitt), dans un film pas exceptionnel, mais potable et loin des carnages des précédents métrages.


Titre : Halloween : 20 Ans Après – Halloween H20: 20 Years Later
Année : 1998
Durée :
1h26
Origine :
Etats Unis
Genre :
Slasher
Réalisation :
Steve Miner
Scénario :
Robert Zappia et Matt Greensberg
Avec :
Jamie Lee Curtis, Adam Arkin, Michelle Williams, Josh Hartnett, Jodi Lyn O’Keefe, Adam Hann-Byrd, LL. Cool J, Janet Leigh et Joseph Gordon-Levitt

 Halloween H20: 20 Years Later (1998) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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