[JV] The Missing : J.J. Macfield and the Island of Memories (2018, PS4)

J.J. parcourt l’île des souvenirs à la recherche de sa meilleure amie, Emily, qui a disparue alors qu’elles étaient en voyage. Elle va devoir mettre sa vie et son corps en danger pour sauver sa meilleure amie.


Avis de Rick :
Sorti plutôt discrètement le 11 Octobre 2018, The Missing : J.J. Macfield and the Island of Memories (que l’on va raccourcir à juste The Missing par la suite) est un jeu qui a su m’attirer immédiatement, avant de comprendre assez rapidement pourquoi. Après un très joli menu et le lancement de la partie, nous voilà déjà dans le bain, dans de magnifiques décors en 2D, à rechercher notre meilleure amie Emily qui a disparue. Les premiers pas, on se dit que l’on a là un plateformeur 2D tout ce qu’il y a de plus classique. On pense irrémédiablement à Limbo, Inside, ou encore Little Nightmares. Jusqu’à ce que le jeu nous ouvre enfin ses portes après 15 minutes de déambulations pour nous faire comprendre que non, malgré des thèmes adultes, un contenu parfois horrifique, et bien entendu oui, un côté de jeu de plateforme en 2D, The Missing n’a vraiment rien à voir avec les autres titres. En réalité, c’est lorsque le jeu nous offre sa plus grande mécanique de gameplay que l’on comprend totalement en quoi le jeu sera différent, autant en terme de gameplay, que finalement, d’histoire et dans sa manière de nous la raconter. Mais c’est également là que le doute n’est plus permis, et que l’on comprend qui est derrière le jeu. Oui, se faire électrocuter, mourir, avant de voir un homme avec une tête d’animal parler à l’endroit avec une voix déformée donnant l’impression d’être à l’envers avant de revenir à la vie, c’est space, mais ça donne surtout un indice quand à l’influence du jeu, et donc son créateur. Oui, je parle bien de Twin Peaks, la série de David Lynch, et donc du jeu vidéo Deadly Premonition créé par Suehiro Hidetaka (mieux connu sous le nom de Swery).

The Missing est en effet son nouveau bébé, et les indices ne manquent pas, entre une narration ambigu, une ambiance macabre, des moments d’humour absurde, des moments d’horreur parfois totalement WTF, des hommages à Twin Peaks qu’il semble adorer, et même une fascination pour la nourriture. Ici des donuts. La ville de Deadly Promonition est remplacée par un coin beaucoup plus rural, mais donnant une impression immédiatement de petite ville paumée, entre ses champs, son bowling, ses petites rues, et bien entendu, sa tour d’horloge (encore oui). Mais passé ses détails et quelques éléments, The Missing prend un autre chemin, sans doute beaucoup plus simple pour un joueur non averti, qui se retrouvera dans les faits devant un jeu de plateforme en 2D certes bien glauque et parfois tordu, mais tout ce qu’il y a de plus simple. Là où Limbo et Inside se contentaient de leur univers pour nous expliquer leur histoire et laisser le reste aux joueurs (d’où de nombreuses théories et manière d’interpréter la fin de ces jeux), The Missing prend un chemin totalement opposé, à savoir celui de séparer totalement le gameplay et la narration. Le gameplay permettra d’évoluer tout naturellement jusqu’à la fin du jeu, tandis que la narration se fera uniquement par le biais de quelques collectibles (les fameux donuts).

En récupérer une certaine quantité va débloquer alors dans le menu (représenté par notre téléphone) des messages que notre personnage a envoyé, à sa mère, à Emily, mais aussi à quelques amis et camarades de classes. Ce sont ses messages qui mettront la lumière sur les gros thèmes du jeu et sur le passé des différents protagonistes. Et récupérer tous ces donuts ne sera pas une mince affaire, loin de là, puisque si au début ils sont bien visibles et facilement récupérables, dans certains niveaux, il faudra se casser un peu plus les méninges. Une manière simple donc de récompenser le joueur en lui en apprenant plus sur le background, et surtout en rendant la collecte d’objets utile et non pas un simple gadget pour booster la durée de vie. Avec un peu de jugeote d’ailleurs, The Missing pourra se boucler entre 5 et 6h. Mais revenons donc à l’élément principal de n’importe quel jeu (selon moi), à savoir son gameplay. La progression se fait de manière simple, en évitant des obstacles, en résolvant quelques puzzles de physique ou d’environnement, et parfois en fuyant un ennemi lors de certaines séquences de fuite plutôt bien foutues et au départ bien stressantes. On s’accroupi pour passer sous des petits obstacles, on saute pour éviter des barbelés, on envoie des petits caillou percuter des caisses pour les pousser au bon endroit et franchir un obstacle. Dans les faits, c’est très classique. Sauf que…

Sauf que Swery n’a pas fait les choses à moitié, et à ajouté une particularité à son personnage et donc à son jeu, qui vient absolument tout changer. J.J. a en effet une capacité assez spéciale, celle de ne mourir que lorsque sa tête est endommagée. Et parfois, il va falloir accepter de « prendre cher » pour pouvoir avancer. Débloquer un passage en mettant 10 briques sur un élévateur alors que le niveau n’en contient que 9 ? Oui, mon cerveau, fonctionnant de manière logique, aura fait le tour de la zone deux fois avant de me dire « hey, mais pourquoi pas ça… » et de foncer vers une scie, m’amputant ainsi un bras. Le bras coupé en ma possession, me voilà à le poser sur l’élévateur, amenant le contenu à 10 et me permettant d’avancer. The Missing se fait donc glauque et tordu dans cet ajout de gameplay fondamental. Il faudra parfois accepter que pour avancer, il faudra perdre un bras, ou une jambe. Ou pire, se prendre un boulet en pleine face, ce qui nous brisera certes la nuque, mais mettra aussi la map à l’envers, ouvrant donc de nouvelles zones en marchant au plafond. Une fois l’action voulue effectuée, il suffira de maintenir Triangle pour voir le bras de J.J. se reformer, ou pour que la jeune femme se remette la tête dans la bonne position. Mais la mort peut arriver dans The Missing, puisque parfois, il faudra justement accepter de se faire intégralement démembrer pour avancer, et de n’être donc plus qu’une tête roulant au sol. Mais un seul coup, une seule erreur endommageant notre précieuse tête, et c’est le game over, retour au début de la zone. Et ce n’est pas tout, puisqu’il va aussi parfois falloir jouer avec le feu ou l’électricité pour avancer dans le jeu.

Une mécanique au final très sympathique, et offrant des puzzles rarement trop difficiles, mais jamais trop évidents non plus, rendant l’avancée dans le jeu clairement satisfaisante. En bref, on va parfois réfléchir, mais jamais se casser la tête une heure sur la même énigme. Même s’il est vrai que mi-parcours, certaines énigmes sont moins claires que d’autres (oui, j’aurais tourné en rond dans le bowling avant de comprendre l’énigme). C’est bien le seul moment où le jeu m’aura énervé, et face aux nombreuses zones et donc nombreux puzzles, ce n’est au final pas grand-chose. Mais c’est un petit point noir à souligner. On pourra aussi, du moins sur ma partie et je n’aurais jamais rien lu dessus ailleurs, la présence d’un bug dans les derniers instants du jeu, qui aura tout simplement bloqué mon personnage. Impossible d’effectuer la moindre action, ou de faire le moindre mouvement. Il faut avouer que lorsqu’il s’agît de la zone finale, c’est vraiment dommage. Mais je suis apparemment le seul ayant eu ce bug, dont la cause est inconnue, donc ce n’est sans doute pas bien grave également. Ces deux petits défauts n’empêchent absolument pas de savourer le nouveau jeu du papa de Deadly Premonition. Sans doute moins ambitieux, le jeu se montre du coup techniquement bien plus réussi (le style graphique est au top, les musiques d’ambiance très réussies, les baisses de framerate ultra rares). Il est certes également plus court, mais l’avancée se fait avec plaisir et sans accroche, et au final, on s’éclate devant The Missing, on a du mal à lâcher la manette.


GRAPHISMES
Visuellement, le jeu a de la gueule, affichant un style qui fait plaisir aux yeux, des décors variés et toujours animés.
JOUABILITÉ
La particularité du gameplay fonctionne bien et permet des puzzles parfois assez originaux et plaisants. Rien de bien compliqué, ça réponds bien, c’est instinctif une fois les mécaniques assimilées.
DURÉE DE VIE
Environ 6h pour boucler l’aventure en essayant de récupérer un max de donuts. On n’y reviendra sans doute pas immédiatement, mais les 6h sont assez intenses et satisfaisantes.
BANDE SON
Beaucoup de musiques d’ambiance qui fonctionnent très bien in game, et un thème plutôt joli. Le design sonore est également au top.
CONCLUSION
The Missing est le dernier jeu de Swery (Deadly Premonition, D4), et ça se ressent. Techniquement très agréable, avec des thèmes adultes et une progression juste, il peut plaire aux fans et aux nouveaux venus, puisqu’il se fait plus accessible, malgré quelques moments peu évidents mi-parcours.

note65



Titre : The Missing : J.J. Macfield and the Island of Memories
Année : 2018
Studio : White Owls Inc.
Editeur : Arc System Worls
Genre : Plateformeur glauque

Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One, PC
Support : dématérialisé


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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