[Interview] Kenny Perez

Originaire des USA, Kenny Perez est un ami de Donnie Yen et pratiquant d’arts martiaux émérite. Bien que son art martial de référence soit le Wushu, Kenny a touché à nombre d’autres disciplines, citons en vrac : Le Judo, le Karaté, le Taekwondo, l’Aikido, le Wing Chun, etc. Dans les années 80 il partit en Chine afin d’améliorer sa formation et passa quelques années à s’entraîner en compagnie de l’équipe de Wu Shu de Beijing. En 85 il eut l’occasion de travailler pour le cinéma (on suppose par l’entremise de Donnie Yen) avec le délirant Mismatched Couples de Yuen Woo Ping. Dans son rôle de champion de break dance occidental, Kenny Perez a l’occasion de montrer, d’une façon détournée, ses impressionnantes capacités martiales et qu’il n’a pas non plus peur du ridicule ! Rentré aux USA il a fondé l’association Wu Shu 2000 à Phoenix en Arizona, association qu’il dirige toujours aujourd’hui (Source : HKcinemagic)


– Comment avez-vous débuté dans le milieu du cinéma HK ?

Ma carrière a commencée dans les années 80 lorsque je suis parti étudié en Chine. J’ai rencontré Donnie Yen, nous étions camarades de chambre et compagnons d’entraînement. Nous nous entendions bien et sommes devenus amis. Quand Donnie a commencé sa carrière à Hong Kong, il connaissait mes talents pour le Wushu, la danse et le tumbling, aussi il m’a demandé de jouer dans son prochain film : Mismatched Couples.


– Pouvez-vous nous décrire votre background martial et les styles que vous avez appris ?

A 9 ans, j’ai commencé le Judo Japonais. Ensuite j’ai commencé à étudier le Kenpo Karate Américain pendant 8 ans. J’ai également étudié le Shuri Ryu Karate d’Okinawa lorsque j’avais 15 ans. Je voulais apprendre le Kung Fu, mais dans ma ville il n’y avait pas de véritable  » Sifu  » jusqu’à ce que Sifu Augustine Fong vienne s’y installer. Je me suis alors initié au Wing Chun et au maniement des armes Chinoises. Un été, je suis allé à Los Angeles pour étudier avec Sifu Douglas Wong. Il m’a ouvert les yeux sur le monde du Kung Fu et il m’a appris beaucoup de techniques, c’est une personne formidable que je considère comme mon mentor. Il m’a présenté à Anthony Chan de San Francisco ainsi qu’à Roger Tung. Ils revenaient tous les deux de Chine où ils avaient appris une nouvelle interprétation du Wushu. On m’a demandé d’aller avec eux ainsi qu’un groupe d’autres Américains, l’un d’entre eux était Donnie Yen. Je me suis alors plongé dans le Wushu avec passion. J’ai également étudié la boxe, le Tae Kwon Do et le  » tumbling « .


– En 1985, vous avez tourné sous la direction de Yuen Woo Ping dans le film Mismatched Couples. Comment avez-vous eu le rôle ? Est-ce parce que vous étiez amis avec Donnie Yen ?

Oui, ils élaboraient un film de Wushu / Breakdance et Donnie savait que je pouvais danser et bien entendu comme nous étions amis…


– Qui a réalisé les chorégraphies des « combats de breakdance » dans le film et combien de temps avez-vous mis pour les tourner ?

Eh bien Yuen Wo Ping, Brandy Yuen et les autres du Clan Yuen en étaient chargés mais ils nous laissaient moi, Donnie et notre ami Mandy Chan apporter des idées. Ils étaient très ouverts, c’était vraiment facile de travailler avec eux. Je pense que nous avons mis environ 2 semaines à tourner uniquement les scènes de danses mais elles étaient réparties tout au long du tournage.


– Dans le film il y a ce match de Tennis incroyable et insensé où Donnie Yen se sert d’un vélo pour jouer. Etait-ce difficile à tourner ?

Bien sûr, comme vous avez pu le voir, c’était très difficile. Effectuer ces mouvements a demandé beaucoup de temps et de talent comme c’est toujours le cas dans les films de Yuen Woo Ping. Pour que la balle soit au bon endroit, au bon moment, et ensuite aille dans la bonne direction, cela a demandé beaucoup de temps mais le résultat est vraiment super.


– Comment était-ce de travailler avec des gens comme Donnie Yen et Yuen Woo Ping ?

Donnie Yen était mon ami et nous étions tous les deux très jeunes. Nous vivions ensemble dans un appartement et passions la majeure partie du temps ensemble, nous étions comme des frères. Je me sentais vraiment bien de travailler avec Donnie, on s’encourageait sans cesse l’un l’autre. On s’amusait comme pouvaient le faire deux amis dans notre position. Donnie est vraiment génial et c’est quelqu’un de très bien. Ses compétences en Wushu étaient vraiment très bonnes à l’époque et il était toujours si rapide. Il se maintenait en forme et en bonne santé ce qu’il fait jusqu’à ce jour religieusement. Je suis vraiment heureux de le connaître.

Quand j’ai travaillé pour Yuen Woo Ping, j’étais très honoré, je pouvais sentir son aura et j’ai pu voir qu’il était un très bon artiste créatif. Yuen Woo Ping était un perfectionniste. Il pouvait développer des idées qui étaient toujours novatrices et ensuite il allait plus loin, les arrangeant au maximum avant de filmer finalement quelque chose. Il a su s’entourer de personnes très créatives. Avec lui, je me sentais à l’aise quand j’essayais des mouvements. Il présentait bien mais il aimait beaucoup jurer. Nous pouvions passer beaucoup de temps à développer des idées sur le lieu de tournage aussi ses idées étaient toujours instantanées et excellentes.


– Pouvez-vous partager quelques anecdotes qui se sont passées durant le tournage ?

Eh bien une fois, nous étions en train de tourner dans une certaine partie de la ville et des membres d’un gang local voulaient de l’argent de notre compagnie pour pouvoir filmer sur leur « territoire », nous avons refusé de les payer et quelqu’un nous a informés qu’ils allaient tenter de venir et de fermer notre plateau. Bien entendu notre équipe n’allait pas se laisser faire, nous avons donc posté quelqu’un pour faire le guet dehors (c’était la nuit) et lorsque nous avons eu le signal, nous avons tous attrapé les armes que nous avions sous la main, perches, bâtons, couteaux et ensuite nous avons attendu. La voiture s’est garé tous feux éteints et nous avons lancé une attaque surprise, nous avons tous surgi de notre cachette et nous avons commencé notre assaut. Les bâtons volaient alors que nous frappions leur voiture, ils refusaient de sortir et pendant que nous les tirions hors de leur voiture, quelqu’un appelait la police et nous les avons renvoyés chez eux. (C’était très difficile d’avoir une arme à feu à Hong Kong à cette époque). Je me souviens avoir bien ri lorsque que je nous ai vu comme dans les vrais films de Kung Fu, avec notre général Yuen Woo Ping commandant la charge !


– Avez-vous souffert de discrimination de la part de la population locale à cause de vos origines étrangères ?

Je fus bien traité et je n’ai pas ressenti de discrimination à Hong Kong même si je sentais que je serais toujours catalogué comme un méchant.


– En 1988 vous êtes apparu dans le film Dragon Fight, pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle dans le film ? J’ai entendu dire que vous avez même doublé Jet Li, c’est vrai ?

Oui, je connaissais Jet Li grâce à mon entrainement à Pékin avec la Beijjing Wushu Team sous les ordres du coach Wu Bin. J’étais excité de voir mon frère venir en Amérique pour faire un film. Il m’a demandé de jouer un rôle, j’ai donc été choisi pour jouer un membre d’un gang qui venait pour le renvoyer chez lui.
Je le combats avec une lance. A un moment, le réalisateur a demandé à Jet de faire un double coup de pied volant et de tomber, il était un peu blessé, aussi il m’a demandé si je voulais le doubler et bien entendu je n’ai pas hésité. Si vous regardez bien ce plan, vous pouvez voir que mes cheveux sont plus clairs que ceux de Jet.


– Pourquoi ne pas avoir continué ensuite dans le cinéma HK comme John Salvitti ou Michael Woods ?

J’allais me marier, je suis donc revenu à la maison pour ma future femme. J’étais l’un des rares étrangers dans l’industrie du film de Hong Kong à cette époque. Certains de ceux qui sont venus après moi, ce sont fait un nom. Je suis fier de gens comme Brad Allan, Paul Ropavski et d’autres.


– Quels sont vos films et acteurs préférés ?

Par où je dois commencer ? Tous les films de Bruce Lee, Drunken Monkey, Drunken Master 2, Duel to the death et Hero from the East sont des classiques ; je ne peux pas oublier Shaolin Temple, 800 lohans et Drunken Tai Chi. Dans les films de la nouvelle génération que j’aime bien il y a House of the Flying Daggers, Seven Swords et également Hero. J’apprécie surtout les films de périodes.


– Que pensez-vous de Yuen Biao ?

Yuen Biao est génial, c’est l’un des « TROIS ».  » Prodigal Son  » est excellent comme le sont ses autres films. J’ai entendu dire qu’il allait revenir dans le nouveau film de Jackie Chan !


– Sur votre site internet, j’ai vu une photo sur laquelle vous ressemblez à Gordon Liu dans le film la 36e chambre de Shaolin, êtes-vous un fan de ce film et du cinéma de Lau Kar Leung ?

Cette image a été prise sur le tournage du « Turandot » de Puccini je jouais le rôle :  » The Executioner « . Je suis un grand fan des vieux films de Kung Fu étant donné que j’ai grandi avec eux et qu’ils m’ont beaucoup influencé espérant peut-être un jour aller à Hong Kong…


– Pouvez-vous nous en dire plus à propos de votre association DMA : Dynamic Martial Arts ?

DMA est le nom de mon programme et de mon école. Je continue à enseigner le meilleur du Wushu et d’autres arts. J’enseigne autant à des jeunes qu’à des vieux. Je donne des conférences, des performances et je développe une équipe de performers. J’essaie de développer le Wushu Olympique et de promouvoir la culture Chinoise.
Je travaille toujours également dans la production. J’ai travaillé avec Donnie Yen dans la série télé qui s’appelle Der Puma (Code Puma) tourné en Allemagne.
Je suis actuellement en train d’aider à développer un personnage dans un nouveau jeu vidéo mais je ne peux pas vous révéler de détails, revenez plus tard pour ça …


– Et pour finir, que voudriez-vous dire à nos lecteurs ?

Le cinéma de Kung Fu était et est un phénomène mondial. C’est devenu une tendance et les talents de ces grands interprètes sont à présent utilisés par d’autres pays. Le Kung Fu est à la Télé, dans les films étrangers ainsi que dans les jeux vidéo. Regardez Matrix, je suis si content pour Yuen Woo Ping. Quant à vos lecteurs, merci à tous de votre reconnaissance. Le Kung Fu de Hong Kong, c’est de l’or. Je sais que ce n’est qu’un chapitre d’une grande ère. Aussi prenez un peu plus de popcorn et accrochez vous à vos sièges, le meilleur est encore à venir.


Nous remercions Kenny Perez pour son amabilité et sa disponibilité.

Propos recueillis par Tavantzis Nicolas (Ryô Saeba), le 16 février 2006.

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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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