[Film] Street Fighter: La Légende De Chun-Li, de Andrzej Bartkowiak (2009)


Chun-Li est une enfant issu d’une famille riche. Protégée par l’amour de ses parents, ces derniers aspirent à ce qu’elle devienne une grande pianiste. Initiée aux arts martiaux grâce à son père, Chun-Li vit une vie édénique. Jusqu’au jour où M. Bison enleva et contraignit son père à l’aider à construire son empire. Les années s’écoulèrent, Chun-Li devenue une grande pianiste sera rattrapée par son destin en recevant un parchemin qui l’emmènera à Bangkok à la rencontre de Gen, elle comprendra que sa destinée est de mettre fin aux ambitions démesurées de M. Bison et de son organisation Shadaloo.


Avis de John Roch :
A sa sortie, Street Fighter 3 est un four pour Capcom, qui a failli stopper net la saga. Il faut dire que malgré les qualités du jeu, le studio l’a cherché. Avec un roster composé de nouveaux personnages qui ne parlent pas aux fans, de toute façon lassés par les multiples déclinaisons du second opus, et sorti dans une ère où le jeu de baston 3D était roi, Street Fighter 3 est sorti trop tard, et les autres déclinaisons qui corrigeront le tir n’y feront rien. Il faudra attendre 2008 et Street Fighter 4 pour que la licence redevienne un phénomène. Pour Capcom, la poule aux œufs d’or recommence à pondre, il y a du pognon à se faire, et puisque visiblement quinze ans auparavant, Street Fighter: l’ultime combat n’a pas servi de leçon au studio Japonais, voila que se pointe une nouvelle adaptation Américaine : Street Fighter : The Legend of Chun-Li. Et comme j’aime donner envie, je donne juste comme ça le nom du réalisateur : Andrzej Bartkowiak. Là, une partie des lecteurs s’est déjà barrée. Pour ceux pour qui ce nom ne dit rien, il est le responsable de Roméo doit mourir, En Sursis, Hors Limite et de l’adaptation cinématographique de Doom. Il y a encore quelqu’un ?

À l’image d’un Street Fighter Alpha, Street Fighter: the legend of Chun-Li prend donc la forme d’une préquelle à la saga vidéoludique, en centrant le récit sur un seul personnage : Chun-Li, qui part à Bangkok pour retrouver le vilain M. Bison qui a kidnappé son père. Elle est aidé par Gen, ancien assassin et ancien frère d’arme de Bison. Pendant que Charlie Nash et Maya Sunee enquêtent sur les agissements de Shadoloo. Jusqu’ici tout va bien, ça parait plus ou moins fidèle au background du premier personnage féminin dans un jeu de combat, mais comme il faut bien parler aux fans et intégrer des personnages pour construire une intrigue, le scénariste Justin Marks va piocher dans les jeux. Bonne nouvelle, l’intégralité du roster n’est cette fois pas présent, le problème, c’est qu’en sélectionnant ses personnages, Marks a mis son curseur sur random, le directeur de casting aussi. Ainsi Chun-li est joué par Kristin Kreuk, qui est métisse certes mais pas assez typée pour jouer une chinoise pure souche, d’autant plus qu’elle n’est pas crédible une minute en guerrière avide de vengeance. Le scénariste a cependant eu l’idée de génie de faire du personnage une métisse également pour justifier ce choix. Viens ensuite Gen, joué par Robin Chou qui ressemble a Gordon Liu, personnage dont le background est fidèle au jeu (ancien assassin et maître de Chun-Li), mais peu important dans l’intrigue au final puisque son rôle se résume à apprendre à son élève à faire une boule de feu.

Restons du coté des gentils avec Charlie Nash, et c’est la que ça commence à merder. Interprété par Chris Klein, qui tente de se donner du charisme sans y parvenir, Nash est dans le jeu le moteur de la motivation de Guile à participer au tournoi Street Fighter, car son meilleur ami, Nash donc, se fait assassiner par Bison. Ici, c’est un simple flic qui peine à mener son enquête sans avoir un train de retard. Il est secondé par Maya Sunee, qui n’est pas un personnage issu du jeu et est totalement inutile à part pour capter l’attention du public masculin, et comme elle est joué par Moon Bloodgood, on peut dire que c’est un succès. Passons aux méchants. Bison a deux sbires : Balrog qui est joué par Michaël Clark Duncan, qui donne de belles patates de temps à autres, et Vega, qui a un temps de présence à l’écran de deux minutes 30 maximum, de plus il est joué par Taboo (vous le sentez maintenant le casting en mode aléatoire ?), le mec qui ne sert à rien des Black Eyed Pees (laissez la faute, c’est fait exprès), et qui ne sert à rien non plus dans ce film. Reste le cas Rose : dans le jeu, elle partage une partie de l’âme de Bison, qu’elle cherche à détruire, cet élément est repris ici, mais Rose devient la fille de Bison, et tout comme Nash, son personnage fait fi de tout combat. Ça souffle le chaud et (surtout) le froid, donc, et il reste à évoquer Bison. Et bien si l’on est loin du personnage du jeu et qu’il semble être sorti d’un autre film, il faut reconnaître que c’est celui qui a bénéficié du plus de soin. Tout juste entaché par un élément fantastique à coté de la plaque, Bison est un méchant sans concession, qui boxe des demoiselles à mort, sacrifie une femme enceinte, campé par un Neal McDonough qui s’ en donne à cœur joie dans son rôle, il est la seule chose qui sauve le film du désastre.

Car au-delà du choix des personnages, de ce qui en a été fait, et par qui ils sont joués, Street Fighter: the legend of Chun-Li est un film raté. Hormis la photographie qui sublime la ville de Bangkok, le reste est à jeter. Le scénario est écrit avec les pieds et vire à la bouffonnerie. Le script invente une sorte de voyage initiatique aux confins de la connerie où Chun-Li doit se clochardiser en arrivant en Thaïlande pour trouver son maître. Pour résumer, Il viendra à sa rencontre une fois qu’elle sent mauvais et crève la dalle, alors qu’il la suit depuis le début. De plus, Bartkowiak a certainement cru se retrouver devant un script de David Lynch, tellement compliqué qu’il nous sert des flashbacks de choses qui se sont passées vingt secondes auparavant. Il ne faudra pas compter sur la relation maître-élève, vite expédiée, pas plus que sur l’enquête policière qui traîne en longueur. Quant aux scènes avec Bison, malgré la sympathie que j’ai pour le personnage, ses interventions se résument pour la plupart à des dialogues qui tournent toujours autour de sa prise de pouvoir. Et ce ne seront pas les combats qui sauveront le film. Ceux ci sont irregardables. Shaky cam mal maîtrisée, montage ultra cut qui cache mal les cascadeurs, coups spéciaux présents mais frôlant le ridicule avec des CGI made in after effect version 1.0, et des ralentis à deux images par secondes (le spinning bird kick , une honte), et surtout d’une durée maximale qui tient de l’exploit, puisqu’elles ne dépassent pas une minute trente pour la plus longue. Alors certes, si on joue à Street Fighter, un match peut durer moins que ça, suivant le niveau des joueurs, mais si c’est une forme d’hommage au jeu, c’est raté, il aurait fallu commencer par engager quelqu’un qui sache les filmer.

LES PLUS LES MOINS
♥ Bison
♥ La photographie
⊗ Un scénario bateau
⊗ Des bastons honteuses
⊗ Les CGI amateurs
⊗ Un casting loin d’ être convaincant
Ce n’est pas avec Street Fighter: la légende de Chun-Li que les États-Unis vont se réconcilier avec les fans de la saga vidéoludique. Pour les autres, ça reste un beau ratage, certes loin d’être pire que le précédent film, mais aussi loin d’être meilleur.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Jean Claude Van Damme a refusé de reprendre le rôle de Guile.
• Taboo et Michael Clarke Duncan sont des fans des jeux vidéo (à mon avis c’est faux, tu es fan, tu joues pas dans un truc comme ça).
• Une suite centrée sur Ryu et Ken devait voir le jour, le box office en a décidé autrement.


Titre : Street fighter: la légende de Chun-Li / Street fighter: the legend of Chun-Li
Année : 2009
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : Shit fighter: legendary edition
Réalisateur : Andrzej Bartkowiak
Scénario : Justin Marks

Acteurs : Kristin Kreuk, Neal McDonough, Michael Clarke Duncan, Chris Klein, Robin Shou, Moon Bloogood, Josie Ho, Taboo, Cheng Pei-Pei

 Street Fighter - La légende de Chun-Li (2009) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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