[Film] Rad, de Hal Needham (1986)

L’histoire d’un jeune homme, Cru Jones, partagé entre l’envie de passer les concours d’entrée à l’université et le désir de concourir pour la célèbre course de BMX, la Helltrack, afin de gagner gloire et célébrité.


Avis de John Roch :
Les sports extrêmes et moi, on est pas copains. Déjà ceux qui demandent de prendre de la hauteur alors que limite je rampe pour traverser un pont, j’oublie. Dans le genre plus accessible, et qui ne demande pas à être à plus de 20 centimètres du sol, il y a bien le skate mais ma seule tentative de tenter un trick m’a laissé une cicatrice sur le coude gauche. Reste le BMX, mais là encore il y a deux problèmes. Le premier, c’est que j’habite dans la ville ou il y a le plus de cyclistes en France, dont l’irrespect pour ce qui les entoure m’a fait développer une certaine forme de haine envers eux. La seconde, c’est que tenter des descentes de pentes ou d’escaliers, ou des Wheeling, en vélo c’est dans mes cordes, mais pas sans que ça finisse en cascades plus ou moins spectaculaires. Je préfère donc être spectateur et non pas acteur de ce genre de choses. Enfin spectateur, pour ce que j’en connais du BMX, à savoir Matt Hoffman (merci Jackass et les jeux vidéo), autant dire que j’y connais que dalle. Mais puisque je suis très branché 80’s, et que je suis toujours à la recherche de films obscures ou oubliés de cette décennie, je me suis laissé tenter par Rad, que je ne connaissais jusqu’alors que par sa BO. Et question film oublié, Rad se pose là. Après une sortie sur les écrans US pendant laquelle il n’a rapporté que 2 millions de dollars puis une sortie en VHS, plus rien, même pas un DVD (du moins officiellement) et il faudra attendre 34 ans avant que le métrage, qui a gagné un petit statut de film culte depuis, ne sorte en Blu-ray et même en Blu-ray 4K.

Rad n’est pas le premier film mettant en scène des jeunes sur des BMX, on pourrait citer l’Australien Le Gang Des BMX de 1983 avec une toute jeune Nicole Kidman. Il est en revanche sortie au bon moment car il a été produit en plein boum des ventes ce genre de vélo. Derrière la caméra, on ne retrouve pas que des inconnus. Devant déjà puisqu’on y voit Talia Shire, les trognes de Jack Weston et Ray Walston que vous avez vus au moins une fois à la télévision ou au cinéma, ou encore la toute mimi Lori Loughlin. Revenons derrière la caméra: à la réalisation, c’est Hal Needham qui s’y colle. Si le bonhomme son truc, c’est les cascades et leurs coordinations, il a aussi réalisé des films notables tels que L’Équipée Du Canonball et sa suite mais aussi le méga ringard et nanar Megaforce, avant de finir sa carrière de cinéaste à la télévision. Le producteur de la chose, c’est Robert L. Levy qui a mis des billes dans un tas de films qui vont de Warlock 2 à Point Break, en passant par des films pour ados comme Elle Est Trop Bien ou la saga Van Wilder. Les ados, voila le public cible de ce Rad, qui compile à peu près tout les clichés de ce genre de film: un thème à la mode, une amourette bien cul-cul, une rivalité entre un outsider et une star en devenir, des méchants qui font tout pour faire capoter les plans du héros… On reste dans de l’archi classique et de l’archi déjà vu donc. L’histoire de Rad est vaguement inspirée de la vie de Eddie Fiola, légende du BMX fondateur de l’American Freestyle Association. Vaguement est un grand mot, puisque en dehors du fait que Fiola (qui fait office de doublure pour les besoins du film) s’est fait repéré un peu par hasard dans un skatepark, rien ne renvoi à cette figure majeure de la discipline. Non, le héro de Rad, Cru, semble tout droit sorti du jeu Paperboy, auquel on pense d’ailleurs fortement dans les premières minutes. Cru donc, le paperboy du village voit sa vie basculer lorsque l’helltrack, course de BMX qui réunit les plus grands annonce sa prochaine édition dans sa ville natale. Doté d’un BMX et d’un talent inné pour la pratique du deux roues, il va tenter sa chance, au grand dam de sa maman qui souhaite que son fils rentre à l’université, et d’un sponsor véreux qui va lui mettre des bâtons dans les roues pour que son poulain puisse remporter la compétition. Le genre de film déjà vu donc, dans lequel un outsider va monter les échelons vers la gloire.

Il ne faut cependant pas s’attendre à un Rocky ou à un Karaté Kid version BMX, l’écriture de Rad n’est pas vraiment son fort et compile ce que l’on a déjà vu ailleurs. On retrouve donc les jeunes de la ville qui se prennent pour des rois dans le patelins, les nanas qui se foutent de la gueule des tenues vestimentaires des demoiselles locales (comprenez par la: elles ne se fringuent pas comme Cindy Lauper), l’héroïne qui aime l’endroit ou elle se trouve et qui va se retrouver très vite dans les bras du héro parce que c’est trop un type bien différent des autres… enfin bref tout y est. Le scénar est également plutôt débile par moments, avec cette danse sur BMX aussi rigolote que gênante, ou les sponsors véreux qui changent les règles du tournoi sans cesse pour que le héro ne participe pas à la compétition, sans que personne ne se disent «mais attend, ils nous prendraient pas pour des cons là?». Mais comme ils tiennent le règlement comme Moise tenait les tablettes des dix commandements, personne n’ose visiblement le consulter. Mais comme c’est un film plein de bon sentiment, le héro peut compter sur sa communauté pour l’épauler, même son rival se range finalement à ses cotés dans un happy end plus happy que ça, tu meurs.

Mais bon, le scénar tout aussi neuneu, niais et parfois débile soit-il, on est là pour voir des BMX en action, avec des tricks et des courses. Mais là aussi, ça se plante pas mal. Dès le générique de début on sent les problèmes à venir: l’absence d’une mise en scène convenable et de cadrages corrects, et c’est le cas. Alors évidement, il ne fallait pas s’attendre à des courses de vélos filmées comme des courses poursuites de William Friedkin, mais la réalisation est d’une paresse trop visible à l’écran pour être vraie. Les deux gros morceaux de Rad, les qualifications et la course finale, à l’exception de deux ou trois plans alternatifs, sont filmés de la même manière: des caméras sont posées ici et là, sans au préalable avoir vérifié que le cadrage soit de la partie, les riders font leurs tours et hop c’est emballé. On se retrouve donc avec une succession de courses qui se ressemblent donc absolument toute, sans aucune énergie malgré quelques tricks et cascades sympas. Rad, c’est un peu la définition du film qui se veut branché en surfant sur une mode sans savoir quoi en faire, à laquelle on greffe une histoire déjà vue et puis… et bien on verra les résultats au box office. Reste qu’il contentera peut être les fans de BMX qui reconnaîtrons certaines gloires d’antan, et à coup sur les fans de BO des années 80 avec une musique qui donne la pêche («break the ice», yeah! «thunder in your heart» fuck yeah!). Pour les autres, même les amateurs de films des années 80, vous pouvez passer votre tour.

LES PLUS LES MOINS
♥ La BO
♥ Des tricks et des cascades sympas
♥ La scène de la danse sur BMX, elle est rigolote
♥ Lori Loughlin, elle est mimi comme tout
⊗ La mise en scène paresseuse
⊗ Des courses en BMX qui se ressemblent toutes
⊗ Un scénario déjà vu
⊗ Un film neuneu, niais et parfois débile
⊗ Globalement, un métrage sans aucun intérêt

Si le BMX a un film de référence, ce n’est certainement pas Rad. A moins que vous ne rêviez de voir des gens danser sur des BMX, difficile d’y trouver un intérêt. Reste une bonne BO, c’est peu mais c’est déjà ça.



Titre : Rad
Année : 1986
Durée : 1h31
Origine : U.S.A
Genre : Riders Republic
Réalisateur : Hal Needham
Scénario : Sam Bernard et Geoffrey Edwards

Acteurs : Bill Allen, Lori Loughlin, Talia Shire, Jack Weston, Ray Walston, Alfie Wise, Bart Conner, H.B. Haggerty, Marta Kober, Laura Jacoby
Rad (1986) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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