[Film] Il Était une Fois le Bronx, de Robert De Niro (1993)


L’histoire de la communauté italienne des années 60 dans le Bronx à travers les yeux de Calogero, neuf ans, qui hésite entre la vie de son père, honnête travailleur, et celle des affranchis, qui semble plus prometteuse.


Avis de Cherycok :
Je continue encore et toujours à, de temps en temps, rattraper mon retard sur les classiques du cinéma que je n’ai pas vus. Et croyez-moi, il y a du boulot tant mes goûts cinématographiques sont partis dans une direction différente. C’est ma femme qui s’occupe de ma rééducation et, après L.A. Confidential, Les Nerfs à Vif, Hudson Hawk ou encore Les Affranchis, elle m’a planté devant Il Était une Fois le Bronx de Robert De Niro. Un film certes moins culte que Il Était une Fois dans l’Ouest et Il Était une Fois en Amérique (pour citer des titres similaires), tous deux de Sergio Leone, mais néanmoins une bobine des années 90 qui vaut clairement qu’on s’y intéresse et qui, même si le box-office n’a pas suivi, a été encensée par la critique lors de sa sortie. Un film tantôt amusant, tantôt violent, tantôt touchant, qui raconte le passage à l’âge adulte d’un garçon italo-américain, Calogero, qui, après avoir rencontré un chef de la mafia locale, est déchiré entre les tentations du crime organisé et les valeurs de son père honnête et travailleur, ainsi que les tensions raciales dans sa communauté.

Le scénario du film est écrit par Chazz Palminteri qui adapte sa propre pièce autobiographique. Son vrai nom est Calogero Lorenzo Palminteri. Plusieurs studios l’ont approché pour acheter les droits du film, certains même lui offrant un million de dollars, mais Palminteri a refusé de leur vendre à moins qu’il puisse écrire le scénario lui-même et jouer le rôle de Sonny, un chef de mafia local. Aucun des studios n’a accepté car ils voulaient engager un autre acteur pour ce rôle. C’est alors que Robert De Niro lui propose un partenariat 50/50 : il lui donnerait le rôle qu’il souhaite, celui de Sonny donc, et De Niro interprèterait celui de Lorenzo, le père du jeune héros. Palminteri accepte, le contrat est scellé par une poignée de main, et Robert De Niro se lance ainsi dans sa première réalisation traitant d’un milieu qu’il apprécie particulièrement, celle de la communauté italienne aux États-Unis, et plus particulièrement la mafia. De Niro a voulu que Palminteri soit impliqué dans tous les aspects de la production. Il a ainsi participé au casting, aux repérages, au montage et au mixage du son. Ainsi est né Il Était une Fois le Bronx, un film sur les mafieux italiens dans les années 60 aux États-Unis. Mais là où le film se distingue de ses homologues, c’est qu’il décide de placer son histoire du point de vue d’un enfant, Calogero, à différentes époques de sa vie. Dans la première partie de Il Était une Fois le Bronx, notre jeune héros a neuf ans. Il est comme hypnotisé par cet homme, Sonny, qui semble tout puissant, à quelques pâtés de maisons, devant son bar, qu’il observe tous les soirs après l’école. Il est fasciné par sa manière de vivre, cette petite population qui lui tourne autour, des réguliers de ce bar où son père, un honnête conducteur de bus, lui interdit d’aller. Soit disant parce que c’est dangereux, mais il ne comprend pas pourquoi quand il s’y aventure en douce. Dans la deuxième partie, Calogero a bien grandi, il a maintenant 17 ans, et à force de trainer durant son enfance dans les lieux que fréquente Sonny, ce dernier a fini par le prendre sous son aile malgré les paroles de son père. Calogero fait maintenant partie des leurs. Il a grandi et comprend mieux l’envers du décor. Bien qu’hésitant entre deux figures paternelles, celle d’un honnête d’ouvrier et celle représentant la belle vie qu’il s’est tant rêvée, Calogero semble avoir fait son choix.

Il était une Fois le Bronx va opposer la vision naïve d’un enfant sur le milieu de la mafia, avec ces grands hommes charismatiques, à qui le quartier semble appartenir, qui semblent être libres, à celle des adultes, forcément moins rose, avec ses travers, ses moments plus sombres. Robert De Niro installe une ambiance plus légère que dans les films de mafieux habituels, et son film va arriver à de nombreuses reprises à nous faire sourire. Pourtant, il n’en oublie pas de traiter des dessous de ce milieu, ses règlements de comptes, ses trafics, ses jeux clandestins, ses dégâts collatéraux. Époque oblige, il aborde également avec subtilité le thème du racisme, en opposant ici la communauté noire à la communauté italienne, les guerres de territoires que cela engendre. Il va utiliser la même mécanique que pour sa vision de la mafia, avec d’un côté notre héros qui va s’éprendre d’une jolie afro américaine, donnant lieu à des jolis moments plein de naïveté (dans le bon sens du terme), et de l’autre des moments bien plus tragiques qui vont en découler et marquer à jamais la vie de Calogero. Robert De Niro évite toutes les maladresses dans lesquelles il aurait pu tomber avec de tels sujets (on est loin du manichéisme de certains films) et, alors qu’il s’agit de sa première réalisation, fait preuve d’une réelle maturité dans sa mise en scène. Cette dernière est excellente, appuyée par une bande son très réussie, et les critiques qu’il essaie de faire passer font mouche avec une réelle justesse. Le casting y est pour beaucoup et les acteurs(trices) sont tout bonnement excellents, avec une mention spéciale pour le tout jeune Francis Capra qui, du haut de ses neuf ans, arrive à retranscrire absolument toutes les émotions de son personnage. Ce récit d’apprentissage est fait avec beaucoup d’intelligence et de sincérité. La vie dans le Bronx de cette époque semble plus vraie que nature. En se mettant au plus près de la population (les trottoirs devant les immeubles, dans des pauvres appartements, …), De Niro nous amène avec lui au plus près de ses personnages. On sent clairement que De Niro s’inspire de Martin Scorsese sur bien des points, mais son film a malgré tout son identité bien à lui.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un casting magistral
♥ Une mise en scène réussie
♥ Des thématiques abordées avec justesse
♥ Une très jolie bande originale
⊗ Manque parfois un peu de rythme
Note :
Pour sa première réalisation, Robert De Niro livre avec Il Était une Fois le Bronx un film à la fois captivant et touchant. La trame est certes déjà vue, mais il en résulte malgré tout un bien beau film.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Lorsque Robert De Niro a eu du mal à trouver un acteur approprié pour incarner Eddie Mush, il a demandé à Chazz Palminteri s’ils pouvaient trouver le vrai Eddie Mush pour jouer son propre rôle. Ils ont trouvé Eddie Montanaro dans le même quartier, toujours en train de perdre des paris. Après l’avoir fait jouer, ils ont eu peur qu’Eddie Mush ne porte la poisse au film. Le premier jour de tournage de Montanaro, il s’est mis à pleuvoir.
• Les recruteurs ont cherché dans tout New York et Long Island un adolescent pour jouer le rôle de Calogero. Un recruteur a remarqué Lillo Brancato à Jones Beach. Pendant la majeure partie de son enfance, Brancato avait fait des imitations de Robert De Niro et on lui disait souvent qu’il ressemblait à De Niro. Quand il a fait une imitation pour la recruteuse, elle l’a immédiatement engagé.
• Bien qu’il s’agisse de “Il Était une Fois le Bronx”, la quasi-totalité du film a été tournée à Astoria et Jackson Heights, dans le Queens, à New York. Il était plus facile de retranscrire l’époque dans ces endroits où de nombreux bâtiments des années 1920 à 1950 étaient encore debout.
• À un moment donné, Lorenzo (Robert De Niro) dit à C (Lillo Brancato) qu’il désapprouve les relations interraciales. Robert De Niro a été marié deux fois, à des Afro-Américaines.


Titre : Il Etait une Fois le Bronx / A Bronx Tale
Année : 1993
Durée : 2h01
Origine : U.S.A.
Genre : C’est la famille !
Réalisateur : Robert De Niro
Scénario : Chazz Palminteri

Acteurs : Robert De Niro, Chazz Palminteri, Lillo Brancato, Francis Capra, Taral Hicks, Kathrine Narducci, Clem Caserta, Alfred Sauchelli Jr, Joe Pesci

 Il était une fois le Bronx (1993) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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