[Film] Destination Finale, de James Wong (2000)

Pour le petit groupe d’étudiants, le voyage à Paris s’annonçait bien. Mais peu avant le décollage de leur avion, Alex a soudain une vision fulgurante : l’appareil va exploser en vol. Parce qu’il va tenter d’alerter les passagers, il sera expulsé de l’avion avec cinq de ses camarades et son professeur. Lorsque, quelques minutes plus tard, l’appareil explose, ils seront les seuls survivants…


Avis de John Roch :
Les sagas Saw et Destination Finale, soit les franchises horrifiques les plus lucratives des années 2000, sont complètement différentes mais ont un point clé en commun : Un concept déclinable à l’infini, ce qui permet de bonnes choses si les scénaristes ont un minimum d’imagination, mais surtout de mauvaises si les mêmes ne se fatiguent pas à écrire un script et reprendre le dit concept Ad Nauseam. Dans tous les cas, tant que ça rapporte, la qualité les producteurs s’en foutent royalement quitte à décliner un concept en or jusqu’ à l’overdose. La saga Saw, c’est neuf films étalés sur une période de 17 ans, avec sept métrages entre 2004 et 2010. Bizarrement la saga Destination finale elle, n’a eu « que » cinq films entre 2000 et 2011, à raison d’un tous les trois ans (ceci dit deux ans séparent les opus quatre et cinq) en attendant un sixième opus confirmé mais sans date de sortie à ce jour. Alors saga qui a pris son temps pour être constante dans la qualité, ou machine plus lourde qui doit bénéficier d’un temps de développement plus long et de ce fait espacer ses sorties ? Réponse en plusieurs parties, mais pour le moment revenons au commencement. L’idée de Destination Finale, on la doit à Glenn Morgan et James Wong, duo qui a laissé une empreinte indélébile sur le petit écran puisqu’ils sont les scénaristes qui sont tout autant que Chris Carter à l’origine du succès de X-Files. Après l’échec des séries Space 2063 et surtout Millenium, le duo passe du petit au grand écran avec comme base le scénario d’un épisode de X-Files jamais tourné, mais pas que puisque dans les premiers jets du script, la mort avait une apparence physique pour ce qui aurait pu être un énième Slasher. Et c’est là le petit coup de génie car en faisant de la faucheuse une entité immatérielle, Destination Finale devient non seulement un genre de Slasher sans tueur, mais c’est de là que découle le concept même, à savoir des meurtres issus de petits incidents en apparence banals que la loi de Murphy va se charger de rendre mortels.

Destination Finale va poser naturellement les bases de la saga mais aussi la structure, à savoir une introduction spectaculaire, un final qui l’est tout autant, puis un développement qui se résume essentiellement à deviner l’ordre dans lequel les survivants d’un évènement dans lequel ils auraient dû périr va se faire occire, et bien entendu des meurtres inventifs ou la relation de cause à effet est de mise. Les lacunes aussi, puisque Destination Finale peine à être intéressant en dehors des points susmentionnés. Ça commence pourtant très bien, avec une écriture et une mise en scène où aucun détail qui mène au crash de l’avion n’est laissé au hasard. Crash dont réchappe une prof et six de ses élèves, sortis in extremis après que l’un d’eux ait eu une vision prémonitoire du tragique accident. Par la suite, ça se gâte légèrement, non pas que le concept ne soit pas exploité, c’est même le contraire et le film se permet le luxe de poser des règles inédites dans une production horrifique. Ici la mort vient personnellement récupérer des vies qui ont échappé à leur destin, et la seule solution pour s’en sortir est de déjouer une nouvelle fois le plan de la faucheuse, à savoir que d’une part ledit plan défini par avance l’ordre dans lequel elle va frapper, la mort attendant directement le prochain sur la liste en cas d’échec, et que d’autre part qu’une personne tierce doit intervenir pour sauver la personne visée. Non ce qui gêne dans Destination Finale, c’est la pauvreté du reste du scénario, qui tente pourtant d’exploiter le coté dramatique du don du héros, qui se transforme rapidement en malédiction lorsqu’il doit faire face aux conséquences de sa prémonition, mais ceci est vite expédié pour devenir une intrigue banale qui mélange enquête policière peu passionnante et teen movie sans intérêt.

Et pourtant malgré tout, Destination Finale fonctionne. Car passé une intrigue peu passionnante et un premier meurtre à la conclusion un peu étrange ou la mort maquille ce qui aurait pu être un accident en suicide (quel est l’intérêt ? Un peu conne la mort…), le film trouve son rythme de croisière et exploite parfaitement son concept en enchaînant les meurtres inventifs, parfois sadiques (celui de la prof est un petit bijou), par moment surprenants (le coup de la tôle sous le train) qui sont toutefois assez timide quand il s’agit de faire jaillir l’hémoglobine malgré quelques fulgurances surprenantes pour une époque encore assez aseptisée. Nanti d’un budget de 23 millions de dollars, James Wong a le moyen de ses ambitions et réalise un film techniquement carré, parfois spectaculaire (le crash de l’avion, malgré quelques CGI, tient encore très bien la route) et se dote d’un casting de jeunes premiers prometteurs qui ont fait carrière (Ali Larter, Seann William Scott) ou pas (Devon Sawa aurait mérité bien mieux par la suite), et Tony Todd qui vient faire un coucou sans savoir que ce rôle va devenir par la suite récurent dans la saga. Destination Finale fait partie de ces films qui ont redoré le blason du cinéma horrifique alors en pleine Scream mania, car à l’image de La Main Qui Tue, Wishmaster ou encore un Cri Dans l’Océan, le film ne compte pas révolutionner le genre mais y contribuer en ressuscitant l’esprit de la série B qui se regarde sans prise de tête. Le public ne s’y est pas trompé et avec presque 113 millions de dollars de recette mondiale pour un investissement de 23, Destination Finale est un succès qui ne peut pas rester sans suite, d’autant plus que les bases instaurées ici sont déclinables à l’infini…

LES PLUS LES MOINS
♥ Un concept bien exploité
♥ Techniquement solide
♥ Le casting
♥ Des mises à mort par moment excellentes
♥ Quelques fulgurances gores…
⊗ Passé le concept, ce n’est pas très bien écrit
⊗ Ça met tout de même du temps à trouver son rythme
⊗ … mais ça reste trop sage
Retour sur la saga Destination Finale avec ce premier opus loin d’être parfait, notamment dans son écriture. Il reste néanmoins solide et pose les bases inédites jusqu’alors de la franchise et reste une série B de luxe tout ce qu’il y a de recommandable.

LE SAVIEZ VOUS ?
• La musique contient un morceau récurent de John Denver, décédé dans un accident d’avion.
• Le film se nommait Flight 180, mais il a été changé à la demande de la production car le titre faisait trop film d’action.
• Le dvd avait un bonus qui prédisait la date de votre mort.



Titre : Destination finale / Final destination
Année : 2000
Durée : 1h38
Origine : U.S.A
Genre : On doit tous y passer
Réalisateur : James Wong
Scénario : James Wong, Glenn Morgan et Jeffrey Reddick

Acteurs : Devon Sawa, Ali Larter, Kerr Smith, Kristen Cloke, Seann William Scott, Tony Todd, Chad Donella, Amanda Detmer, Daniel Roebuck,

 Destination finale (2000) on IMDb


5 1 vote
Article Rating

Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
S’abonner
Notifier de
guest

4 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments