[Film] Baby Cart 5 : Le Territoire des Démons, de Misumi Kenji (1973)

Plusieurs combattants du clan Kuroda se mesurent à Ogami. À la suite de ces épreuves, ce dernier découvre qu’il doit dérober une lettre rédigée par le maître de ses assaillants, destinée à son pire ennemi, Yagyu. Il n’a plus d’autres choix que de partir à la recherche de la fameuse missive, sinon le clan Kuroda prendra le pouvoir…


Avis de Rick :
Ogami est encore une fois de retour, toujours accompagné de son fils Daigoro, toujours à trancher quiconque lui cherche des noises. Après quatre opus sortis entre le 15 Janvier 1972 et le 30 Décembre 1972 (oui, quatre films, sur une seule année, ça s’appelle être productif), ce cinquième et avant dernier opus débarque finalement sur les écrans Japonais le 11 Août 1973, soit une pause de huit mois, avant l’opus final, qui ne débarquera qu’en Avril 1974, soit une pause tout aussi longue. Pourquoi les deux opus sont autant espacés dans le temps contrairement aux quatre premiers films, on l’ignore, mais il est possible que le changement de réalisateur sur les trois derniers films y fut pour quelque chose. Misumi Kenji avait en effet réalisé les trois premiers épisodes, avant de laisser sa place sur le quatrième film à Saitô Buichi. Le temps pour lui de réaliser Hanzo the Rator, premier opus d’une trilogie qui sort en 1972. Et je l’admet, généralement, surtout sur des sagas aussi visuellement marquées, un changement de réalisateur n’augure jamais rien de bons, et c’est pour cela, alors que je connais très bien les trois premiers Baby Cart, qu’il m’aura fallut des années avant de continuer la saga. Le temps m’aura donné tort, puisque j’avais beaucoup aimé le quatrième opus réalisé par Saitô Buichi donc. Certes sans doute moins marqué techniquement parlant, mais toujours riche thématiquement, avec un personnage féminin intéressant apportant un peu de fraicheur, et des combats toujours tranchants, c’est le cas de le dire. Le retour de Misumi Kenji à la mise en scène pour le cinquième film ne pouvait qu’annoncer du bon, et une fois ce Territoire des Démons lancé, il faut bien l’avouer, on retrouve en quelques plans la patte du réalisateur.

Composition du cadre à toute épreuve, plans originaux et assez inhabituels, violence souvent crue. Dés la rapide rencontre entre Ogami Ittô et les combattants du clan Kuroda qui le mette à l’épreuve, souvent fatale pour eux, on retrouve la patte du réalisateur, qui se refait plaisir, faisant avancer son intrigue à coup de sabres. Les combattants qu’Ogami rencontrent sont tous voués à mourir pour leur mission, et c’est en testant Ogami (affrontant serait un mot plus adéquat) qu’ils lui confient sa mission, lui racontent l’intrigue du métrage, avant de rendre leurs derniers souffles de vie. Plus de lien possiblement émotionnel entre Ittô et un autre personnage comme dans l’opus précédent, il redevient ce sabreur sans émotions, peu bavard, qui accepte sa mission en laissant une trainée de cadavres derrière lui. Le réalisateur expérimente déjà dés cette longue ouverture (il y a aura quatre ou cinq combattants), en variant les lieux et la physique du combat, mention spéciale à celui se déroulant dans l’eau. Ironiquement, le passage le plus marquant de ce cinquième film arrivera juste après, une fois la mission acceptée, la civilisation rejointe, lorsque Daigoro croisera une voleuse en ville, et se fera capturer et fouetté en public, mais ne cédera pas. C’est d’ailleurs sans doute la première fois dans la saga que Daigoro a droit a un tel traitement, à une telle mise en avant sur une partie finalement aussi longue d’un métrage, passage qui semble s’étirer, volontairement bien évidemment. C’est bien là ce qui fait la force de cet épisode, et par conséquent, de la saga de manière générale. Toujours travailler avec la même base, mettre des bâtons dans les roues de notre personnage principal mais au final raconter une histoire presque identique à chaque fois, avec les mêmes codes narratifs de film en film (la structure est souvent la même), mais apporter assez de nouveautés pour maintenir l’intérêt, tout en soignant l’emballage.

Ça se remarque ici dés le début donc, puisque les premiers combats arrivent très vite, mais n’ont pas pour but de mettre un terme à la vie de notre sabreur, mais juste de le tester. Daigoro a droit à sa grande scène et montre ici une détermination à toute épreuve. Misumi Kenji ne recule toujours pas devant les expérimentations, et soigne comme il se doit son métrage, en terme de cadrages, mais aussi de photographie, puisque comme souvent dans Baby Cart, c’est visuellement sublime. On aura même droit à une scène entièrement sous l’eau, certes peu réaliste, mais qui montre les nouvelles ruses d’Ogami. Un métrage pensé sans doute sous le signe de la diversité, dans ses situations, nombreuses puisque le rythme est comme très souvent endiablé (seul le troisième opus me paraît avoir un rythme bien plus posé, ce qui m’avait surpris à l’époque). Et bien entendu, que serait un nouvel opus de la saga sans un génial et épique combat final, certes sans doute un poil plus brouillon que les combats à un contre un, ou tout simplement dans des espaces plus ouverts, mais qui démontre malgré tout le talent de son réalisateur, en se montrant comme souvent toujours aussi brut et expéditif, et ne reculant jamais devant quelques effusions sacrément gore qui peuvent aisément paraître un peu too much, comme souvent, mais sans doute assez représentatifs d’un vrai combat avec une lame faite pour tuer. Du coup, malgré un autre changement de réalisateur, j’ai hâte de me plonger dans l’ultime opus.

LES PLUS LES MOINS
♥ Misumi Kenji revient à la mise en scène
♥ Un rythme assez fou
♥ Daigoro nous montre sa détermination
♥ Les combats
♥ Visuellement très inventif
⊗ Les non fans n’y verront peut-être qu’une redite ?
note8
Cinq opus, cinq grands films, rien ne semble arrêter la saga Baby Cart. Misumi Kenji revient en plus à la mise en scène, avec son œil aiguisé pour les beaux plans inhabituels, et des combats toujours aussi sauvages qu’expéditifs. Excellent.


Titre : Baby Cart 5 : Le Territoire des Démons – 子連れ狼 冥府魔道 – Kozure Ōkami: Meifumando

Année : 1973
Durée :
1h29
Origine :
Japon
Genre :
Chanbara
Réalisation : 
Misumi Kenji
Scénario : 
Koike Kazuo et Nakamura Tsutomu
Avec :
Wakayama Tomisaburo, Tomikawa Akihiro, Yamauchi Akira, Otaki Hideji, Naitô Taketoshi, Suga Fujio, Toura Rokko et Yamashiro Shingo

 Baby Cart: Le territoire des démons (1973) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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