[Interview] Aurélien Zimmermann, Chargé de projet ShadowZ

Les offres françaises SVOD commencent à se multiplier, c’est un fait. Histoire de changer un peu des chroniques, bien que cela reste notre fond de commerce, nous avons décidé de lancer un cycle « Interviews des plateformes de SVOD françaises ». Après Freaks On, c’est au tour de SHADOWZ de répondre à nos questions et c’est Aurélien Zimmermann, chargé de projet ShadowZ, qui va nous consacrer de son temps afin d’éclairer et d’apporter des informations aux curieux qui n’ont pas franchi le pas de l’abonnement.

Bonne lecture à tous.



Pourriez-vous présenter ShadowZ à nos visiteurs ?

A.Z : Shadowz est la première offre française de SVOD spécialisée dans le cinéma de genre. Le lancement a eu lieu vendredi 13 mars 2020 à la suite d’une campagne de financement participatif qui a rencontré un vif succès. Shadowz est géré par des passionnés, pour des passionnés. Il vient combler une frustration liée à la sous-représentation du genre sur les plateformes généralistes. Horreur, thriller, fantastique, SF… Ici, vous verrez des films inédits, originaux, provocateurs, effrayants… Tous les styles, époques et nationalités. En HD et sur tous vos écrans !


Vous avez été les premiers à créer une plateforme de SVOD en France dédiée au cinéma horrifique (au sens large du terme), un peu à la manière de Shudder aux États-Unis, avec en plus l’envie de faire découvrir des films inédits. Comment vous est venue l’idée de créer ShadowZ ?

A.Z : Nous avons créé la plateforme que nous, en tant que fans d’horreur, rêvions d’avoir. Il existe une grosse communauté pour ce cinéma, et elle se retrouve régulièrement frustrée sur les autres plateformes ou dans les salles, qui, passé les classiques ou les gros films de studio, sont bien souvent frileuses face au genre, à ce cinéma moins « noble » ou « grand public ». L’idée est de rendre hommage au cinéma bis, déviant, horrifique, étrange, et de le partager, le promouvoir. Shadowz est pensé comme un repère, un antre des horreurs où l’on ne dira jamais non à un film parce qu’il est trop bizarre, extrême ou gore.



Pourquoi avoir choisi de passer par du financement participatif, à savoir Ulule ? Est-ce une obligation aujourd’hui en France pour ce genre d’initiatives ? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

A.Z : L’idée était vraiment de prendre la température, et on n’a pas été déçus ! Quand nous avons constaté le succès de la campagne (plus de 300% de l’objectif initial collecté), nous avons eu la confirmation que la demande était forte et que le public allait répondre présent. C’est aussi à partir de là que l’on a commencé à vraiment échanger avec les gens, à écouter leurs conseils pour la plateforme. Il est primordial pour nous de faire participer les utilisateurs à l’amélioration du service et du catalogue car sans eux, Shadowz n’existerait pas.

Je pense que la difficulté première, au début, était de parvenir à lancer Shadowz avec un catalogue conséquent et attractif, afin de montrer que nous étions, nous aussi, des vrais fans, des connaisseurs et que nous n’allions pas décevoir.


Comment faites-vous le choix des films qui arrivent sur votre plateforme ? Avez-vous des critères particuliers ou faites-vous en fonction des opportunités qui s’offrent à vous ?

A.Z : Cela dépend de beaucoup de facteurs. Il y a bien sûr un aspect pratique et financier : certains films sont tout simplement impossibles à atteindre de par leur prix d’acquisition. Au-delà de ça, on se contente de choper ce qui nous plaît, tout en faisant attention à se diversifier et à écouter les demandes des utilisateurs. Ce que l’on adore particulièrement, c’est faire découvrir des films oubliés ou méconnus, cela va des pépites bien sales des 80s aux dernières trouvailles de festivals.



Comment se passe l’exploitation des films de votre catalogue ? Est-ce qu’ils y restent définitivement une fois qu’ils y rentrent ? Ou alors est-ce qu’ils ne sont là que pour une durée limitée ?

A.Z : Nous payons des droits de diffusion pour les films. La durée des droits est très variable mais il est rare que cela soit moins d’un an. Quelquefois on casse la tirelire pour des gros titres indispensables mais ce qui est bien avec l’horreur, c’est qu’il y a des centaines de pépites qui ne sont pas très chères, il faut juste se lever tôt pour les dénicher et trouver l’ayant droit.


Votre catalogue est donc surtout axé sur le cinéma d’horreur, fantastique, les thrillers, … N’avez-vous pas peur de vous priver d’un certain public moins adepte de ce genre de cinéma ?

A.Z : Non car le but est vraiment de parler aux amateurs du genre, la plateforme a été pensée en ce sens. Vous y trouverez tout un lexique de classification qui va parler aux aficionados : slasher, survival, giallo, torture porn… Nous souhaitons bien sûr également attirer le spectateur occasionnel, qui aime se faire peur une fois de temps en temps. Après 2 ans d’existence, j’aime me dire que l’on peut aujourd’hui autant satisfaire le fan hardcore que sa maman qui aime bien se faire un petit thriller de temps en temps.



Votre catalogue s’appuie sur les recommandations de youtubeurs spécialisés dans le cinéma, tels que InThePanda ou Le Fossoyeur de Films. Pourquoi être parti sur cette idée ? Comment cela s’est-il fait ? Est-ce pour toucher le public très actif dans le « Youtube Critique Cinema » ?

A.Z : On a eu la chance d’avoir très vite le soutien de journalistes et vidéastes que l’on admire. Le projet a attiré beaucoup de monde et on est ravis qu’ils nous aient soutenus dans l’aventure dès le début, leurs voix ont été primordiales pour notre reconnaissance et continuent de l’être, que ce soit le format papier avec Mad Movies ou la vidéo avec François Theurel, par exemple.


N’est-il pas trop difficile de se faire une place face aux mastodontes que sont Netflix et Disney+, bien que vous proposiez un catalogue complémentaire qu’on ne verra sans doute jamais chez eux ?

A.Z : Je pense que la réponse est dans la question. Notre approche éditoriale et notre catalogue sont très différents, et l’offre est complémentaire. On n’a pas du tout la prétention de concurrencer ces géants, cela n’est, quoi qu’il en soit, pas le but avec une offre de niche. Et on a tout de suite su qu’on voulait un prix très bas (4.99€ / mois) pour se placer en offre de complément. De plus, nous sommes une toute petite équipe, mais on met le paquet sur le côté éditorial, on est des passionnés et on adore parler des films que l’on sort, ou laisser la parole aux réalisateurs et réalisatrices et autres personnes de l’équipe en faisant des interviews. On pense que c’est aussi ça qui plait et fait la différence.



Si vous deviez conseiller quelques films de votre catalogue à nos visiteurs pour leur donner envie de s’abonner, quels seraient-ils et pourquoi ?

A.Z : Cela dépend du spectateur ! S’il s’agit d’un néophyte curieux, nous avons bon nombre de classiques incontournables par lesquels commencer (du Carpenter, Argento, Stuart Gordon…). Sinon, nous sortons aussi au moins 2 exclusivités inédites chaque mois, des films récents dégotés en festivals ou en fouillant les catalogues des distributeurs. Dernièrement, mon énorme coup de cœur fut Violation, un rape and revenge de 2021 absolument passionnant. Je suis très heureux qu’on ait pu le sortir pour la première fois en France. Il s’agit d’un film radical et violent, porté par une véritable finesse d’écriture et de mise en scène qui lui offre une portée symbolique et émotionnelle folle.


Le mot de la fin ?

A.Z : Merci pour cette interview DarkSideReview et merci de parler de nous régulièrement ! Et merci à tous ceux qui nous suivent, tous nos abonnés. On va continuer à vous gâter !


Nous remercions énormément Aurélien Zimmermann pour le temps qu’il nous a accordé et nous espérons que ShadowZ continuera d’exister pour proposer des films différents comme on les aime chez DarkSideReviews.

Interview réalisée et mise en page par Cherycok – Janvier 2022
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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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