[Film] La Mère, de Mikio Naruse (1952)


Après avoir perdu sa blanchisserie pendant la guerre, une famille se remet à la tâche pour la rouvrir le plus tôt possible. Ils devront faire face à toutes sortes d’évènements qui rendront leur objectif difficile à accomplir.


Avis de Best :
Okasan est un petit miracle. Concentrer autant de beauté et d’humanité en à peine plus d’1h37 relève en effet du génie et propulse sans peine ce film réalisé en 1952 par Mikio Naruse parmi les plus beaux que je connaisse.

Première réussite du film et loin d’être la plus inintéressante, les personnages concernés par ce quotidien si bien retranscrit portent en eux cette flamme née d’une étincelle d’humanité qui les rendent terriblement attachants. Je le dits sans détour, j’aime cette famille unie et ceux qui la composent tout comme je savoure la présence de ces amis si bien croqués qui participent activement à l’histoire. Dans un même élan, la vie des personnages extérieurs croisés au fil de l’histoire est évoquée par petites touches savamment intégrées au récit. Ils constituent tous un fragment de l’âme du film et brillent jusque dans ses moindres recoins, transformant chaque seconde comme autant de moments privilégiés. On ne saurait espérer mieux. Le scénario en l’apparence très simple mais d’une richesse intérieure infinie se déroule entièrement dans un charmant village et ses alentours, le plus souvent dans la maison même de notre sympathique famille. La beauté du cadre est d’ailleurs marquante à plus d’un titre, vu qu’elle succède à une longue période marquée par la guerre. Mais qu’importe, la nature à repris ses droits en même temps que la vie reprend son cours.

« La mère » se démarque aussi par l’intelligence qui habite chaque parcelle de son scénario. Baigné dans la réalité de la vie avec ses joies et ses peines et pourtant jamais déprimant, il est bien au contraire porteur d’espoir et d’un farouche optimisme, jusque dans son malheur lui aussi fortement présent. Ceux qui ont survécu à la guerre feront tout pour rendre prospère le futur de leurs enfants, qui représentent l’avenir de tout un peuple. Toujours d’actualité par de nombreux aspects bien qu’étant imprégné de la culture Japonaise de l’époque, Okasan est une oeuvre intemporel qui saura toucher toutes les générations sans exceptions. A ce titre, les femmes tiennent ici un rôle très important. Elles sont mises en avant avec une intelligence et une justesse d’esprit à laquelle on ne peut que rendre hommage tant celle-ci se fait rare chez beaucoup de cinéastes. Autre chose qui surprend agréablement dans cette subtile combinaison de sentiments ou l’amitié et l’amour maternel tiennent une place de choix, l’histoire propose des amours ni tragiques ni passionnels mais d’un naturel illustré par une sincérité de tous les instants. C’est ainsi que Mikio Naruse affine les sentiments de chacun dans le but de rendre leur relationnel le plus intéressant possible. Et comme je l’espérais secrètement, la tristesse ne prend jamais le pas sur le bonheur même si certains passages d’une tendresse à faire chavirer n’importe quel cœur portent l’émotion à un degré d’intensité m’ayant bouleversé à plusieurs reprises. Apaisant et touchant à plus d’un titre, Okasan est également très drôle grâce à son humour accrocheur qui agrémente le cours du récit, éloignant ainsi irrémédiablement toute forme d’ennui. Rien à redire non plus sur le plan technique. Outre sa réalisation superbe, chaque plan est animé de manière à le rendre vivant. Peu importe le procédé utilisé, Mikio Naruse transmet toujours une émotion et déclenche une réaction, qu’il s’agisse d’un sourire, d’un rire ou même d’une larme.

LES PLUS LES MOINS
♥ Plein d’humanité
♥ Les personnages
♥ Un scénario simple et riche
♥ Des cadrages magnifiques
⊗ …

Okasan se regarde l’œil brillant d’une lueur de bonheur, léger, le cœur attendri et porté par un enthousiasme communicatif. Une seule chose à faire donc, se poser tranquillement et laisser la magie opérer. Vous ne le regretterez pas !



Titre :La Mère / Okaasan / おかあさん
Année : 1952
Durée : 1h37
Origine : Japon
Genre : Drame
Réalisateur : Mikio Naruse
Scénario : Yôko Mizuki

Acteurs : Kinuyo Tanaka, Kyôko Kagawa, Keiko Enami, Masao Mishima, Akihiko Katayama, Chieko Nakakita, Daisuke Katô, Eiji Okata, Eiko Miyoshi

 La mère (1952) on IMDb


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Auteur : Best

Même après toutes ces années, les fights et autres cascades lui sont d’une réjouissance sans pareil. Les tranches de vie où les personnages sont au cœur des débats sont toujours un ravissement. Qu’il s’agisse d’un film bien con ou de toute autre chose, peu importe. Le bonheur cinématographique se trouve partout. Comme le veut la formule ; « Qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ai l’ivresse ».
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