[Film] Street Fighter: L’ Ultime Combat, de Steven E. de Souza (1994)


Le colonel Guile monte une opération afin de mettre Bison hors d’état de nuire. Il doit préparer l’offensive alors que certaines personnes préfèreraient la négociation. De plus, Guile doit arrêter le clan Shadaloo mené par l’ancien champion de Muay thaï, Sagat. Ce dernier, devenu trafiquant, organise avec l’aide de son meilleur homme Vega des combats clandestins. Ils sont tous deux arrêtés, tout comme Ryu et Ken, deux jeunes karatéka tout juste sortis du dojo. Les deux jeunes hommes souhaitent cependant négocier leur libération avec le colonel Guile. Celui-ci accepte à la condition qu’ils l’aident à s’infiltrer dans la base secrète de Bison. Dans l’ombre, la journaliste Chun-Li Zhang tente elle aussi d’arrêter Bison ; celui-ci serait responsable de la mort de son père.


Avis de John Roch :
Street Fighter 2 est un titre qui a fait date, une révolution dans le monde du jeu vidéo. Pionnier du versus fighting (passons sous silence Street Fighter premier du nom), le soft de Capcom a converti des millions de joueurs, sur arcade d’abord puis sur consoles, aux joies de la castagne virtuelle, au point de devenir un phénomène mondial et de rester le jeu de baston le plus vendu au monde pendant plus de vingt-cinq ans. Il faut dire que de cumuler les ventes des nombreuses versions (jusqu’à la récente compilation sur ps4/Xbox one/switch) a de quoi donner le tournis en terme de chiffres. Un phénomène pareil ne reste pas sans produits dérivés et bien entendu sans adaptations cinématographiques plus ou moins officielles : citons le délirant Future Cops et la scène mythique de la salle d’ arcade de Nicky Larson pour Hong Kong, la sublime adaptation animée venant du Japon, puis un étron : Street Fighter the movie en direct des États-Unis, seconde adaptation Yankee d’un jeu vidéo, après un Mario Bros. de qualité déjà très haute en teneur fécale.

Pour rappel, le pitch de Street Fighter 2 tient sur un demi post-it : Le dictateur M. Bison organise un tournoi où s’affrontent, les huit meilleurs combattants du monde aux motivations diverses et variées. Simple, basique, facile à adapter, il n’y a qu’à ouvrir la notice du jeu et en reprendre l’histoire. Pourtant, Steven E. de Souza, scénariste phare des 80’s (les 48 heures, Die Hard, Jumpin’ Jack Flash, Commando) qui signe ici sa première réalisation (et pendant très longtemps la seule) va pondre un script qui reprend tellement peu d’éléments du jeu qu’on se demande s’il a ne serait-ce que posé ses yeux dessus. De Street Fighter 2, il ne reste donc plus grand chose : Guile est toujours en quête de mettre un terme aux agissement de Bison, et Chun-Li veut toujours venger la mort de son père et…. c’est tout. Le reste du roaster est bien présent à l’exception de Fei Long (le film intègre les personnages de la dernière, enfin la plus récente version de SF 2 de l’époque), mais pour un résultat calamiteux. Ainsi Honda et Balrog sont deux anciens sportifs déçus d’avoir perdu chacun un combat à Shadoloo, le pays sous l’emprise de Bison où se situe le film (on rappelle qu’à la base, Shadoloo est l’organisation criminelle de Bison, pas un pays, mais passons). Dee Jay et Zangief, au demeurant sidekick comique du métrage, sont deux employés du dictateur, Blanka est le meilleur ami de Guile qui est sujet aux expériences du docteur Dhalsim. Ryu et Ken sont deux arnaqueurs qui escroquent Sagat et Vega, des trafiquants d’armes. Cammy est le bras droit de Guile alors qu’à la base, elle fait partie de la garde personnelle de Bison, quant à T-Hawk, son rôle est inexistant, juste un acteur coiffé d’un bandeau histoire de dire qu’il est intégré au film. Tout le monde est là et c’est tout à l’ honneur de de Souza, mais à quel prix ?

L’essence même de Street Fighter, c’est des combats à un contre un, le premier qui met l’autre K.O gagne. Simple, basique, facile à adapter. Et si coté histoire, Street Fighter : l’ultime combat tient de la calamité, ne comptez pas sur les bastons pour rattraper le coup. Déjà le film est chiche en action, pour que ça décolle vraiment il faut attendre la dernière demi-heure qui est elle même chiche en combat, puisque la majorité de l’action se résume à des fusillades sans panache, ce qui la fout un peu mal quand on regarde l’adaptation d’un jeu de versus fighting. Il y a tout de même quelques combats, mais ceux-ci sont filmés avec les pieds, le montage n’arrangeant pas les choses, et la combinaison des deux donne des faux raccords (des inserts de coups dans un combat alors que le mouvement de base a lieu trois plans plus tard) et des défauts (les fausses jambes qui s’agitent à coté des acteurs) qui sautent même aux yeux des spectateurs les moins avertis.

Pire encore, le film est blindé d’humour lourdingue. Entre les bruitages dignes d’un cartoon, des références cinématographiques aberrantes (des Japonais regardent le combat entre Honda et Zangief détruisant une maquette avec des bruitages de Godzilla en fond sonore), de références vidéoludiques mal intégrées (on ne compte plus les « game over », « play again » et autres lignes de dialogues du genre) ou incompréhensibles (le tableau de bord de Bison est un stick arcade) et de personnages cons comme le lune (Zangief toujours), l’humour flingue encore plus un film déjà criblé de balles. Terminons rapidement par le casting, qui n’est pas exceptionnel si ce n’est que les personnages finissent tant bien que mal à ressembler à leurs homologues virtuels. On sauvera Jean Claude Van Damme, très à l’aise dans le registre comique, qui semble être le seul à croire à cette farce, et surnage aux coté d’acteurs y croyant moins (il n’ y a qu’à voir la tronche hallucinée que Kylie Minogue tire tout du long). Quant à Raul Julia, dans son dernier rôle, il cabotine à mort (sans mauvais jeu de mots) dans son rôle de dictateur dément. Il aurait clairement mérité une sortie de scène plus glorieuse que ce Street Fighter : l’ultime combat qui ne fait que salir sa mémoire.

LES PLUS LES MOINS
♥ Jean Claude Van Damme y croit… ⊗ … et c’est bien le seul
⊗ Mal filmé
⊗ Mal monté
⊗ Elles sont où les bastons ?
⊗ Une adaptation tout simplement catastrophique, tout est dit
Street Fighter : l’ ultime combat ne contentera ni les amateurs d’action, ni les amateurs du jeu dont il s’inspire. Pour ces deux catégories, autant se rabattre sur Street Fighter 2: the animated movie et laisser pourrir cette adaptation Américaine aux oubliettes.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Jean Claude Van Damme tournait à la cocaïne pendant le tournage. Montant de la facture: jusqu’à 10000 dollars par semaine.
• Jean Claude Van Damme et Kylie Minogue ont eu une liaison pendant le tournage.
• Van Damme toujours, l’acteur a décliné le rôle de Johnny Cage dans Mortal Kombat pour jouer Guile dans Street Fighter.


Titre : Street fighter: l’ ultime combat / Street fighter
Année : 1994
Durée : 1h42
Origine : U.S.A
Genre : Shit fighter
Réalisateur : Steven E. de Souza
Scénario : Steven E. de Souza

Acteurs : Jean Claude Van Damme, Raul Julia, Kylie Minogue, Ming-Na Wen, Damian Chapa, Byron Mann, Roshan Seth, Andrew Bryniaski, Grand L. Bush, Kenya Sawada S

 Street Fighter - L'ultime combat (1994) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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