[Film] Sous la Seine, de Xavier Gens (2024)


Été 2024, Paris accueille pour la première fois les championnats du monde de triathlon sur la Seine. Sophia, brillante scientifique, est alertée par Mika, une jeune activiste dévouée à l’écologie, de la présence d’un grand requin dans les profondeurs du fleuve. Elles n’ont d’autre choix que de faire équipe avec Adil, commandant de la police fluviale pour éviter un bain de sang au cœur de la ville.


Avis de Cherycok :
Puisque tous ceux qui font des critiques négatives de nouveau film de Xavier Gens « Sous la Seine », dont nous allons parler aujourd’hui, sont accusés de faire du french bashing couplé à du Netflix bashing, je tiens, avant de parler du film en lui-même, à mettre certaines choses à plat. Je n’ai rien contre le cinéma français, d’autant plus lorsque c’est du cinéma de genre, bien au contraire, c’est entre-autres pour ça que j’ai chroniqué récemment Vermines et que viendra prochainement celle de Gueule Noire. Je n’ai rien contre Netflix car, pour quelqu’un comme moi qui crie haut et fort à qui veut l’entendre qu’il faut s’intéresser aux cinémas de tous les pays, la firme au N rouge propose dans son catalogue tout un tas de bobines espagnoles, italiennes, allemandes, brésiliennes, mexicaines, coréennes, … Je n’avais d’ailleurs aucun apriori non plus sur Xavier Gens, réalisateur de la chose, puisqu’après un coup d’œil à sa filmographie, je me suis rendu compte que je n’avais pas vu un seul de ses films. Donc non, je n’avais pas enterré Sous la Seine avant de l’avoir vu comme le crient ceux qui ont aimé le film, d’autant plus que quelques jours avant son visionnage, j’ignorais l’existence de ce film. Du coup, je n’avais aucune attente particulière, eh bien j’ai quand même été déçu.

Des films de requins, j’en ai vu un sacré paquet et de toutes sortes. Ceux qui nous suivent savent que je suis friand de squales, allant même jusqu’à m’enquiller tout ce que le duo The Asylum / SyFy a fait en la matière. J’ai vu du requin toxique, du requin zombie, du requin à moult têtes, du requin des sables, du super requin et tant d’autres. J’ai aussi vu du film de requins fait avec bien plus de sérieux bien entendu, des Dents de la Mer à Peur Bleue en passant par les récents The Requin, Shark Bait ou encore Deep Fear. Et dans le tas, il y avait de sacrés bouses ! Bref, tout ça pour dire que, sans être un expert en la matière, j’ai de quoi faire un minimum de comparaison et j’ai donc une échelle en tête dans laquelle je peux positionner tout nouveau film de requin que je vais m’enquiller. Bon ben Sous la Seine n’est clairement pas bien haut dans cette échelle. Déjà, le scénario semble avoir été écrit par une IA pas très performante avec bon nombre d’idées et d’évènements semblant défier tout logique. Un des problèmes principaux de Sous la Seine est de ne pas assumer la connerie de son concept de départ. Un film comme Piranha 3D de l’ami Alexandre Aja assume sa connerie à fond et c’est ce qui en fait un très bon divertissement crétinoïde. Et c’est sans doute comme ça qu’aurait dû être imaginé Sous la Seine. En l’état, le film se prend beaucoup trop au sérieux et les quelques rares moments annonçant le début de la déconnade ou du pétage de plomb sont immédiatement abrégés et remis sur les rails. Même lorsque Sous la Seine part vraiment en cacahuète lors de son final, il semble se saborder lui-même en ne sachant pas réellement quoi faire de la connerie qu’il nous balance à la gueule, avec le moment qui a le moins de sens d’un film qui n’en a déjà pas beaucoup. Parce que bordel, elle sort d’où toute cette flotte ? Paris était constitué uniquement de château d’eau qui ont tous pétés en même temps ? Paris était entouré de barrages qui ont tous pétés en même temps ? Il s’est mis soudainement à tomber une pluie diluvienne mais elle ne nous a pas été montrée à l’écran ? Ce film n’a aucun putain de sens.

Les personnages, clichés du début à la fin, prennent des décisions toutes plus débiles les unes que les autres, que ça soit dans la panique où ils semblent tous avoir un talent particulier pour trébucher et tomber dans l’eau, que lorsqu’il faut élaborer un plan pour faire sortir ce requin de la Seine puisqu’il semble s’acclimater super bien à l’eau douce et crade de la Seine. C’est sans parler des écologistes amateurs de squales, qui ont une base secrète ultra perfectionnée à Paris (parce que c’est logique), dont certaines décisions / actes défient toutes les lois de l’intelligence humaine. Parce que Sous la Seine nous propose un message écologique, c’est tout à son honneur, encore plus de nos jours où l’humain scie la branche sur laquelle il est assis. Mais c’est fait ici sans aucune finesse, comme si on partait du principe que le spectateur était un gros débile et qu’il fallait lui faire rentrer ça dans le crâne avec une masse dans la gueule. La mise en scène ne vient même pas rehausser l’ensemble. Sous la Seine a beau avoir bénéficié d’un budget de 20 millions, on a souvent l’impression d’être devant un téléfilm lambda. A l’exception d’une ou deux fulgurances nous faisant regretter que tout le film ne soit pas comme ça, c’est d’une platitude la plus totale avec entre autres une photographie terne, passe-partout. Les CGI sont du même acabit et bien qu’on a vu bien pire si comme moi on se balade du côté des films de requins de chez The Asylum, c’est souvent indigne d’une production aussi couteuse de 2024, surtout ce final où la flotte ressemble à une cinématique de jeu vidéo d’il y a 20 ans. Et puis, à l’instar du requin, l’ennui rôde à chaque coin de scène. Sous la Seine est souvent bavard pour pas grand-chose, avec par exemple des scènes de commissariat qui auraient pu sortir d’un épisode de Julie Lescaut, où de longues discussions sur le comment arrêter la bestiole. Alors oui, le requin attaque, mais les attaques qui vont au-delà d’un pauvre sans abri qui se fait manger en hors champ, ne sont au final qu’au nombre de deux. On aurait pu tailler dans le gras sans que cela n’impacte quoi que ce soit et arriver à une durée de 1h25 bien plus digeste par rapport à ce que Sous la Seine nous raconte. Parce qu’en l’état, la première heure est chiante à mourir. Si ça prenait le temps d’un minimum développer ses personnages mais même pas. Ce sont des personnages fonction uniquement là pour (péniblement) faire avancer une intrigue fine comme du papier à cigarette. On sauvera le plan final, Paris sous 10 mètres de flotte, mais on ne peut que regretter que cette idée n’ait pas été le point de départ du film et que ce dernier n’ait pas été imaginé dans son entièreté dans cet environnement-là.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques idées sympathiques
♥ Un plan final rigolo
⊗ La mise en scène plate
⊗ Des personnages vides
⊗ Très long à démarrer
⊗ Un jeu d’acteur très moyen
⊗ Des scènes qui n’ont aucun sens

Après L’Année du Requin (2022) à la réputation peu flatteuse, ce nouveau film de requin made in France ne va pas redorer le blason du cinéma de genre français. Sur le papier, Sous la Seine semblait sympathique, mais le produit fini est assez catastrophique.



Titre : Sous la Seine
Année : 2024
Durée : 1h41
Origine : France
Genre : Les chicots de la mer
Réalisateur : Xavier Gens
Scénario : Yannick Dahan, Maud Heywand, Xavier Gens

Acteurs : Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Lea Léviant, Sandra Parfait, Aksel Ustun, Aurelia Petit, Marvin Dubart, Ibrahima Ba, Daouda Keita, Anne Marivin

Under Paris (2024) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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