[Film] Sgt. Kabukiman, NYPD, de Lloyd Kaufman et Michael Herz (1990)

De manière fortuite, un vieux maître mourant lègue les pouvoirs du Kabukiman au sergent Harry Griswold. A lui ensuite de maîtriser les pouvoirs ancestraux et surtout de déjouer une prophétie maléfique!


Avis de John Roch :
Moins connu que le Toxic Avenger, Sgt. Kabukiman NYPD est l’autre super héros du New Jersey imaginé par Loyd Kaufman. Ce dernier a l’idée pendant le tournage de la seconde aventure du vengeur toxique dans lequel Toxie affronte des méchant hauts en couleurs dont un qui renvoie au théâtre Kabuki, personnage que le réalisateur verrait bien dans un spin off. Idée qui plaît à Gaga Communication. C’est ainsi que Tetsu Fujimura (qui a mis des billets dans Ghost In the Shell, Blade of the Immortal et la série Cowboy Bebop à venir) et Masaya Nakamura (producteur chez Namco sur les sagas Tales Of, Ace Combat ou encore Soul Calibur) refont confiance à Loyd Kaufman et lâchent 1.5 millions de billets verts à la Troma, pour un tournage dans le New Jersey. Tournage qui sera source de brouilles entre Michael Hertz et Loyd Kaufman, le premier y voit l’occasion de faire un film plus grand public que d’accoutumé, tandis que l’autre veut verser dans le cul et le gore comme il l’a toujours fait. Et au final Sgt. Kabukiman met la pédale douce sur les effets sanglants, bien que quelques passages contiennent des sfx bien baveux, et est assez avare en plan nichon (tout juste trois), ce qui en fait ce que le réalisateur a accouché de plus soft dans sa filmographie, sans pour autant oublier de gentiment taper sur la société Américaine (ce sont les Yuppies et la corruption politique qui sont ici visés). Ce qui n’est au final pas forcement un mal, le métrage est même une bonne porte d’entrée pour qui voudrait découvrir la Troma en douceur, puisque l’ADN de la boite est bien présent..

L’action ne prend pas place à Tromaville, déjà bien protégée par Toxie, mais à New York, où l’homme d’affaire véreux Reginald Stuart est sur le point de devenir l’incarnation du mal à l’état pur en réalisant une prophétie. En effet, dès que le dragon dansera à travers l’anneau de Jupiter, que le tigre dévorera une femme offerte en sacrifice, et que le singe chevauchera un jaguar, Stuart incarnera le Malin en personne. Seul l’esprit de Kabukiman qui se transmet de génération en génération peut arrêter la prophétie, seulement Stuart a tout prévu et décime toute la descendance de la famille qui produit des spectacles de théâtre Kabuki. C’est ici qu’entre en jeu Harry Griswold, flic de la NYPD gaffeur qui va accidentellement hériter des pouvoirs archi-mortel de l’esprit de Kabukiman. Aidé par Lotus, seul descendante de la famille qui se transmet le pouvoir, mais qui ne l’a pas car les lois de l’univers ne veulent pas d’une femme en tant que super héroïne, Griswold va apprendre a maîtriser ses pouvoirs pour devenir le premier super héro américain accidentel et oriental qui lutte contre le crime : le sergent Kabukiman, de la NYPD ! Tout comme The Toxic Avenger, Sgt. Kabukiman, NYPD est une origin story sur un super héros, et de ce coté, tout y est, peut-être même plus que celle de Melvin : récit initiatique, découverte des pouvoirs, affrontements avec des hommes de mains puis le grand méchant, sorte de mort symbolique du héros qui n’en reviendra que plus fort … dans sa structure, le métrage à tout du comic book movie, un vrai film de super héros comme il y en aura plus tard à la pelle. Mais tout ça à la méthode Troma, avec ce que ça apporte comme délires.

Ainsi Sgt. Kabukiman, NYPD joue avec les clichés pour donner des pouvoirs au super héros. Ainsi Griswold commence à manger du poisson et des oursins crus, subit des changements physiques qui se résument à porter une moitié de kimono sous l’œil hilare de ses collègue, et reprend l’opéra Madame Butterfly lorsqu’il accomplit enfin sa transformation. En Kabukiman, il se sert de son éventail pour arrêter les balles et repousser ses ennemies, lance des baguettes pour en éliminer un autres, en enveloppe dans des feuilles d’algues séchées, ou use de makis pour faire taire les plus bavards. De l’humour typique de la Troma, qui fonctionne la plupart du temps, mais n’évite pas des moments parfois profondément débiles et hystériques, voir la scène où Griswold qui ne maîtrise pas encore ses pouvoirs se transforme en clown. Une longue scène drôle, débile mais aussi crispante de par son hystérie, que ce soit à la mise en scène à la vitesse accélérée ou au niveau sonore (ça braille de partout au point d’en devenir insupportable). Et que dire de ces bruitages cartoonesques, si ce n’est qu’ils sont utilisés à outrance et gavent sur la longueur. Malgré tout, le film est au final assez amusant, la plupart des dialogues font mouches, les figurants font n’importe quoi et gesticulent dans tout les sens en arrière plan, mais c’est aussi le casting qui s’amuse qui en rajoute une couche : Rick Gianasi n’est pas le meilleur acteur au monde, mais est très à l’aise dans son rôle de flic gaffeur et maladroit qu’est Harry Griswold, la charmante Susan Byun campe une Lotus à l’origine d’une relation maître/élève explosive avec sa manière bien à elle de capter l’intention de Griswold. Mais celui qui met le plus de cœur à l’ouvrage, c’est sans aucun doute Bill Weeden. Réputé de par ses prestations en cabaret, acteur à ses heures perdues dans le Z ou des productions plus respectables (l’Impasse de De Palma), il s’amuse comme un petit fou, cabotine comme un malade, sans oublier d’être un méchant drôlement bien organisé pour accomplir sa prophétie dans un final très drôle. À noter la présence pour la première fois à l’écran de Brick Bronsky, ancien culturiste et lutteur professionnel reconverti en acteur de Z (on le verra également dans Class of Nuk’em High 2 et 3, où il joue quatre rôles), décédé fin Août dernier. Un casting qui fait beaucoup dans la réussite de Sgt. Kabukiman, NYPD, qui malgré son coté plus soft que d’habitude, reste un Troma pur jus, pour le meilleur pour les uns, pour le pire pour les autres.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un vrai film de super héros
♥ Un film drôle et amusant…
♥ La chanson titre
♥ On ne s’ennuie pas
♥ Le casting qui s’en donne à cœur joie
♥ Une bonne porte d’entrée pour découvrir la Troma
⊗ …mais c’est parfois sacrément débile
⊗ Des bruitages qui gavent sur la longueur
Bien que plus soft que ce à quoi la Troma nous a habitué, Sgt. Kabukiman, NYPD n’en demeure pas moins un pur produit de la boite de Michael Hertz et Loyd Kaufman. En ce sens, il peut faire office d’introduction en douceur à leur univers déjanté.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le Kanji sur l’insigne de Kabukiman veut dire Ckikara, que l’on peut traduire par pouvoir.

• Harry Griswold est le nom du concierge du lycée où a étudié Andrew Osborn, l’un des scénaristes du film

• Le fameux crash automobile que l’on voit dans plusieurs films de la Troma tels que Tromeo and Juliet, Terror Firmer ou The Toxic Avenger 4 vient de Sgt. Kabukiman, NYPD.



Titre : Sgt. Kabukiman, NYPD / Sergent Kabukiman, NYPD
Année : 1990
Durée : 1h45
Origine : U.S.A
Genre : Kabuki Cop
Réalisateur : Michael Hertz et Lloyd Kaufman
Scénario : Loyd Kaufman, Andrew Osborne et Jeffrey W. Sass

Acteurs : Rick Gianasi, Susan Byun, Bill Weeden, Thomas Crnkovich, Larry Robinson, Noble Lee Lester, Brick Bronsky, Pamela Alster

 Sergent Kabukiman N.Y.P.D (1990) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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