[Film] Rétroaction, de Louis Morneau (1997)

Karen Warren est témoin d’un meurtre. Elle se réfugie alors dans un bunker en ignorant que cet endroit est un lieu expérimental où un scientifique est en train de mettre à point une machine à remonter le temps…


Avis de John Roch :
À défaut d’être un grand réalisateur, Louis Morneau est un bon faiseur, tout du moins dans ses bons jours. Issu de l’écurie Roger Corman, le réalisateur est capable du meilleur (le sympathique Bats: la Nuit des Chauves-Souris) comme du pire (Watchers 2, Carnosaur 2), quand il ne s’embarque pas dans des suites que personne n’attendait (une Virée en Enfer 2, alors que le premier n’était qu’un vague souvenir), voire instantanément rejeté bien avant le premier tour de manivelle (Hitcher 2, suite que personne ne voulait). Une filmographie qui donne parfois dans le Z, le plus souvent du B, où se cache une petite perle d’action sous fond de voyage dans le temps qui pourtant n’a fait aucun bruit : Rétroaction.

Karen, ex négociatrice dont la dernière mission s’est soldée par un massacre, se plante en voiture en plein désert du Texas, elle est prise en stop par Frank et sa femme, Rayanne. Sur la route, un flic met une contravention à Franck, un Mexicain regarde un peu trop sa voiture et les passagers avant de crever un pneu, une famille cherche un camping où s’installer. La situation dégénère quand Sam, le proprio d’une station-service, apprend à Franck que sa femme le trompe. Cette révélation va révéler sa vraie nature : un psychopathe malade de la gâchette, qui assassine Rayanne sous les yeux de Karen. Celle-ci lui échappe et trouve refuge dans le laboratoire de Brian, un agent de gouvernement qui travaille sur une machine à remonter le temps. La machine est opérationnelle et Karen est renvoyée par accident 20 minutes dans le passé, quelques minutes après avoir été prise en stop. Elle va alors tenter de changer le cours du temps, mais toute action a une conséquence, et la situation ne va qu’empirer. Le schéma scénaristique de Rétroaction peut paraitre répétitif : Karen retourne dans le temps, tente de stopper Franck mais ne fait que d’aggraver de plus en plus les évènements à chaque bon dans le temps, puis retourne dans le passé pour réessayer. C’est sans compter sur un scénario en béton qui joue sur la notion d’effet papillon et l’effet boule de neige, Rétroaction se renouvelle à chaque voyage temporel, où l’unité de temps est très bien gérée tout en restant cohérent du début à la fin, grâce à peu de personnages impliqués dans l’histoire, et les lieux où se déroule l’action qui se résume à deux décors et une route.

De ce fait, le scénario ne se perd jamais dans des sous-intrigues ou des personnages superflus. La première demie-heure sert à introduire les personnages, quelques petits détails qui auront leurs parts d’importance lorsque les vingt minutes précédant le voyage dans le temps recommenceront encore et encore. Chaque recommencement est surprenant, puisque toute tentative de Karen influe sur le cours de l’histoire, ce qui amène les personnages à avoir un destin différent parmi les cinq timelines décrites, qui sont autant de dénouements catastrophiques. Car si Karen sait ce qui va se produire, c’est sans compter sur Franck qui est un manipulateur capable de tourner la situation à son avantage le temps de se sortir d’un mauvais pas et amener toujours plus de destruction. Si l’élément SF est bien exploité et réserve quelques surprises, Rétroaction est avant tout un film d’action et c’est là aussi un succès. Le métrage enchaine les gunfights, les explosions, les poursuites et les cascades automobiles à un rythme parfaitement géré. La mise en scène n’est pas en reste et à quelques ralentis foireux près, elle est assez nerveuse et Morneau cadre parfaitement le tout. Coté casting, si on retrouve des têtes connues du petit et du grand écran (Shannon Whirry, Frank Whaley, et cette bonne vieille trogne de M. Emmet Walsh), c’est le duo James Belushi/Kylie Travis qui bouffe l’écran. Lui s’en donne à cœur joie dans son rôle de cinglé, et se lâche toujours plus au fur et à mesure que le temps défile, elle est parfaite dans son rôle de femme forte et athlétique, en plus d’être fort charmante. Encore une qualité à un métrage qui n’en manque pas, auquel on pourrait tout juste reprocher le décor du laboratoire un rien cheap, tout autant que l’effet employé lors du retour dans le passé, qui trahissent le budget qui ne devait pas être mirobolant, mais c’est un détail qui ne gêne en rien à la vision de cette petite pépite au scénario simple mais pas simpliste, très bien écrit, et aux scènes d’actions m surprenantes pour un produit de ce calibre.

LES PLUS LES MOINS
♥ Cohérent de bout en bout
♥ L’unité de temps bien géré
♥ James Belushi et Kylie Travis
♥ Rythmé, bourré d’action
♥ Un film qui se renouvelle sans cesse dans ses situations
♥ La mise en scène plus que correcte
⊗ Le petit budget qui se ressent par moments
Rétroaction est une petite perle. Parfaitement rythmé, bourré d’action, scénario simple qui se renouvelle sans cesse, duo d’acteur au top… un excellent divertissement qui mérite une (re)découverte.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Les scènes en extérieur ont été tournées sur une période de semaines en Californie .
• Kylie Travis a tappé dans l’œil des producteurs alors auditionnée pour un autre film de ces derniers .
• L’équipe a du affronter des températures avoisinant les 40 degrés et de fortes rafales de vent pendant le tournage.


Titre : Rétroaction / Retroactive
Année : 1997
Durée : 1h31
Origine : U.S.A
Genre : Let’s do the timewarp again
Réalisateur : Louis Morneau
Scénario : Michael Hamilton-Wright, Robert Strauss et Phillip Badger

Acteurs : James Belushi, Kylie Travis, Shannon Whirry, Franck Whaley, Jesse Borrego, M. Eeemet Walsh, Sherman Howard, Guy Boyd

 Retroactive (1997) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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