[Film] Raging Fire, de Benny Chan (2021)


L’inspecteur Shan est confronté à un gang ultra dangereux, composés d’anciens collègues policiers avides de vengeance.


Avis de NasserJones :
J’aimais ce film avant même de l’avoir vu. Dès l’annonce d’un projet de film d’action avec Donnie Yen au casting et Benny Chan à la réalisation, j’aimais déjà ce film. Je l’ai aimé encore plus dès les premières bandes-annonces et maintenant que je l’ai vu et bien je l’aime encore plus. Car avec Raging Fire, il n’y a aucune tromperie sur la marchandise, le film est d’une honnêteté irréprochable. En effet, on retrouve ici tout ce qu’on aime et tout ce que l’on n’aime pas avec Benny Chan. Pareil pour Donnie Yen, le film nous propose tout ce qu’on aime le plus chez l’acteur et aussi ce qu’on aime le moins chez lui. En gros, Benny Chan fait du Benny Chan et Donnie Yen fait du Donnie Yen. Donc, inutile d’attendre autre chose des deux hommes que ce qu’ils ont fait jusqu’à présent.

Benny Chan est un réalisateur ouvertement commercial qui a toujours cherché à plaire au maximum de monde, tant aux hommes, aux femmes, aux jeunes qu’aux moins jeunes. Cette volonté de plaire au maximum l’a souvent amené à faire des films où il alterne violence, humour, séquences « émotion » grotesques dignes de drama pour ado et le tout avec, souvent, des castings branchés pour plaire aux jeunes (il a fait tourner 7 fois Nicholas Tse). Raging Fire ne déroge pas à cette règle. On a droit au milieu du film à une scène d’interrogatoire avec Donnie Yen qui passe en commission devant Simon Yam, d’un ridicule embarrassant. Toute l’équipe de Donnie Yen débarque dans la salle en criant en chœur : « ne le punissez pas, c’est un bon chef, si vous le punissez, punissez-nous aussi », et le tout avec la musique mélancolique en fond qui va avec. Une scène qui a elle toute seule plombe presque le film. Et puis Benny Chan aime le cinéma américain et il a toujours voulu faire des films qui rivalisent avec les blockbusters hollywoodiens, alors il film un énorme gunfight au milieu de la rue comme dans Heat et c’est très bien, mais il filme aussi une poursuite en moto tout en numérique façon Gemini Man et ça c’est moins bien. Exactement ce que je n’avais pas envie de voir dans un film Hongkongais. Quant à Donnie Yen lui, il est en roue libre, en mode mannequin, genre : « regardez comme je suis beau gosse, j’ai 58 ans mais on dirait que j’en ai 20 de moins ». Et puis il cultive son image de héros parfais, super lisse, courageux, incorruptible, jusqu’à devenir ridicule dans sa rigidité. Il envoie ses potes en prison, mais pas de problème de conscience parce que la justice c’est la justice et lui c’est le gars le plus juste et le plus droit de tout HK.

Mais Benny Chan, c’est aussi beaucoup de générosité. Une générosité qui transpire dans chaque image de making of de ses films où on le voit toujours sourire et toujours gentil avec tout le monde. Une image qui d’après les dires de tous ceux qui l’ont rencontré est parfaitement vrai. Au passage, je conseille à tout le monde de jeter un coup d’œil à l’interview du compositeur français attitré de Benny Chan, Nicolas Errera sur la chaîne Youtube, La maison du cinéma asiatique de Arnaud Lanuque qui nous livre un témoignage touchant de sa relation avec Benny. Cette générosité se traduit à l’écran par un festival d’action ultra spectaculaire. Benny Chan nous livre ici un film d’action dans la lignée de ses New Police Story ou Invisible target avec explosions, gunfights, froissage de tôle, le tout toujours très bien filmé de manière très lisible. Et comme souvent, il filme aussi avec brio la ville de Hong Kong, avec multitudes de plans aériens très beaux. On a droit à toute une partie du film filtré en orange. Les hongkongais ont toujours été les champions des images filtrés en rouge, bleu, violet, orange et là c’est un super retour aux sources. Donnie Yen de son côté fait aussi ce qu’il sait faire de mieux, il nous pond un combat final mémorable. Si Jackie Chan est le champion indiscutable du combat à un contre plusieurs, Donnie est celui du un contre un et il nous gratifie ici d’un final contre Nicholas Tse bien intense. Avant ça, on aura eu le droit à un combat contre Ben Lam bien sauvage en apéro. Et puis il faut l’avouer, même s’il en fait des tonnes, il a la classe quand même Donnie et c’est vrai, il a l’air d’avoir 20 ans de moins. C’est simple, Raging Fire c’est un peu comme un gros tacos bien gras, bien calorique, remplis de fromage et de mayonnaise. On a beau te dire que c’est de la mal bouffe, que ce n’est pas bon pour la santé, t’as juste envie de répondre : « va te faire f… c’est bon, j’aime ça et puis c’est tout, on verra un autre jour pour le repas gastronomique ».

LES PLUS LES MOINS
♥ Des gunfights
♥ Des explosions
♥ Du froissage de tôle
♥ Un combat final qui casse des dents
⊗ La scène de l’interrogatoire ridicule
⊗ La poursuite en moto tout en cgi
⊗ Des personnages très lisses
Raging Fire est une oasis au milieu du désert, qui certes flirte souvent avec le grotesque, mais que la générosité et le savoir faire de ses deux concepteurs rendent irrésistible.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film devait initialement être tourné au Mexique et, dans le premier scénario, Donnie Yen devait affronter un cartel de la drogue mexicain. Pour des raisons logistiques et peut-être à cause de la santé fragile de Benny Chan atteint d’un cancer au moment du tournage et décédé après le film, le scénario a complètement été modifié.



Titre : Raging Fire / Crossfire / 怒火
Année : 2021
Durée : 2h06
Origine : Hong Kong / Chine
Genre : Action
Réalisateur : Benny Chan
Scénario : Benny Chan, Ling Wai-Chun, Tong Yiu-Leung

Acteurs : Donnie Yen, Nicholas Tse, Ray Liu, Yu kang, Ben Lam, Ken Lo, Patrick Tam, Kenny Wong, Deep Ng, Jeana Ho, Angus Yeung, Bruce Tong, Henry Prince Mak

 Nou fo (2021) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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