Cinq personnes qui ne se connaissent pas se rencontrent pour combattre Stankmouth, un monstre unique en son genre. Tueur fou, il se met en quête de victimes, laissant dans son sillage une traînée de carnage indicible et puante.
Avis de John Roch :
Je suis loin de vouloir en faire la promo, mais dans la jungle des services de SVOD, ma préférence va à Prime Vidéo. Ce n’est ni une question de tarif, ni de qualité du service, ni d’exclusivités, c’est le coté fourre tout qui m’ attire. Et du B et du Z, la plate-forme en est remplie, de toute époques, et de tous genres, des métrages parfois connus, par moments complètement obscurs. Et à force de sélectionner un film, de voir les suggestions proposées, puis de sélectionner un autre film puis de voir encore plus de suggestions, on en arrive dénicher des choses improbables, comme ce Hellitosis: la Légende de la Bouche puante. Tourné pour 10000 Dollars, ce qui en dit long sur la qualité technique et sur le jeu des acteurs, par un certain Rob Mulligan, un artiste-musicien-créateur de comic-books et donc réalisateur dont c’est le premier film, à quoi pouvais-je m’attendre ? Un Z comme je les affectionne tant, ou déteste tant c’est selon ? Un film de merde ? Encore mieux, la merde est au centre du récit, jusqu’au titre qui est un jeu de mot sur l’halitose, qui peut causer des maladies respiratoires et des infections, mais aussi occasionner une haleine fétide.
Savez-vous ce qu’est le syndrome de polarité Torsonique ? Si vous n’avez pas suivi South Park, vous ignorez probablement l’existence de ce syndrome inventé à l’occasion de l’épisode « comment manger avec son cul », une maladie génétique rare qui intervertit l’emplacement de l’anus et de la bouche. Sans savoir si cette idée avait déjà été inventée par le passé (l’œuf, la poule, tout ça) , ce syndrome imaginaire a fait son petit bonhomme de chemin, dans l’Espagnol Pieles produit par Alex De La Iglesia, film assez glauque mais aussi belle métaphore sur la laideur au sein de notre société et sur l’acceptation de soi, où l’un des protagonistes est une femme avec un anus à la place de la bouche, et donc dans Hellitosis, métaphore de rien du tout qui se base sur le concept de la rondelle à la place des lèvres pour verser dans le trash, et trash, le film l’est assurément. L’action de Hellitosis se déroule dans une maison que visitent des agents immobiliers et leurs clients, baraque remplie de traces d’excréments dans toutes les pièces, elles-mêmes regorgeant de bouteilles de bain de bouche et de bonbons à la menthe. Ce petit monde se retrouve coincé dans la battisse à cause d’une tempête qui fait rage à l’extérieur et vont faire la connaissance de Stankmouth, locataire des lieux qui est né avec le défaut de naissance sus-mentionné. D’une durée très courte, 1h15 générique de 15 minutes compris, Hellitosis va à l’essentiel : le caca. De ce coté les auteurs du script, visiblement sous l’effet de la weed si l’on prend en compte les placements de produits qui ont tous un rapport avec le cannabis, se sont fait plaisir car la merde est partout, non sans humour, que ce soit cette demoiselle qui laisse apparaître un étron lorsqu’elle se lève du trône, ou les dialogues écrits pour un personnage qui use et abuse des métaphores pour parler de l’odeur de la maison, morceaux choisis: 《ça pue comme le vagin d’une pute qui a vomi un sandwich au thon, 《ça sent comme un pet qui a vomi, et que ce vomi a chié》,《on dirait que la maison a été construite sur des excréments humains》… la poésie fécale, tout un art.
Cette humour pipi caca trash est la force de Hellitosis, mais c’est aussi son plus grand défaut, car si c’est marrant les premières minutes, sur la longueur ça devient gonflant car le film n’a au final que ça à offrir, et le semblant d’histoire stagne très rapidement puisqu’il se passe pour ainsi dire tout le temps la même chose. Ce constat est également valable pour Stankmouth, c’est marrant de le voir chier sur ses victimes en leur arrachant le gros intestin, dont il en extirpe les excréments pour s’en servir d’eau de Cologne. C’est trash, c’est gore, mais il semble que le seul accessoire que le gars responsable des sfx n’ait obtenu soit ce faux intestin. On retrouve donc la même scène gore à chaque meurtre, aussi lassant que les dialogues, exception faite d’un viol à la brosse à chiotte de mauvais goût. Hellitosis tente tout de même de se renouveler dans sa dernière partie, qui justifie un minimum une histoire en apparence bateau, mais là encore c’est raté, cette partie est trop longue et sert plus à faire passer le film de moyen à long métrage qu’à expliquer quelque chose qui est compris en deux coups de flashback, mais que le réalisateur s’est senti obligé d’étaler sur un tiers de son œuvre, qui se conclut sur un générique de fin très long, ponctué de citations de grands penseurs transformées en blagues vaseuses. On retiendra le caméo de Lloyd Kaufman, qui a surement apprécié l’idée du métrage qui aurait bien pu faire partie de son catalogue, d’ailleurs le long métrage suivant de Robert Mulligan III de son nom complet sera produit par la Troma. Comme quoi le caca, ça ouvre des portes.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Stankmouth, marrant deux minutes ♥ Quelques vannes qui fonctionnent ♥ Trash et de mauvais goût |
⊗ Un humour qui trouve vite ses limites ⊗ Un scenario qui fait du sur place ⊗ C’est répétitif ⊗ Trop long malgré la courte durée ⊗ La même scène gore 5 fois |
Hellitosis partait bien pour être une œuvre trash et de mauvais goût. A l’arrivée c’est un film long, répétitif, sans aucun intérêt, et pas si drôle, même pour les fans de blagues pipi-caca les plus extrêmes. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Mike Viglione, qui joue Jay, est plus connu sous le nom de ubiquitous du groupe de Hip-hop Ces Cru.
• Stankmouth s’exprime en pétant. Des « dialogues » enregistrés par le réalisateur lui-même.
Titre : Hellitosis: la légende de la bouche puante / Hellitosis: the legend of stankmouth
Année : 2017
Durée : 1h14
Origine : U.S.A
Genre : parle à mon cul
Réalisateur : Robert J. Mulligan III
Scénario : Robert J. Mulligan III
Acteurs : Valerie Mulligan, Mike Viglione, Michael Boris, Sarah Bell, Ed P. Rico, may Marcinek, Lloyd Kaufman