1986. La navette spatiale « Churchill » a rendez-vous avec la comète de Halley. Surprise : l’équipage repère dans le sillage de l’astre un objet gigantesque. C’est un astronef d’origine inconnu. Le commandant de la mission Tom Carlsen et quelques hommes explorent le vaisseau extraterrestre et découvrent des centaines de corps momifiés de créatures ressemblant à des chauves-souris… Plus loin dans le vaisseau, ce sont trois corps à l’apparence humaine, nus, qu’ils trouvent, et ramènent à bord.
Avis de Rick :
J’ai toujours eu une relation étrange avec le cinéma de Tobe Hooper. Oui, j’ai toujours adoré Massacre à la Tronçonneuse et Le Crocodile de la Mort. Mais le reste de sa filmographie, cela va du rejet total avec Massacre à la Tronçonneuse 2 ou Night Terrors, aux découvertes très tardives avec L’Invasion va de Mars, au rire nerveux avec The Mangler. Le reste ? Soit de l’indifférence, soit des souvenirs lointains et pas toujours fameux. Poltergeist, Lifeforce ou encore Massacre dans le Train Fantôme, ce n’étaient que de lointains souvenirs, et des souvenirs peu fameux. Mais avec les années, j’ai pu réhabiliter Poltergeist, qui s’il a toujours le cul entre deux chaises (entre le cinéma de Hooper et le cinéma de Spielberg), est un excellent film d’horreur « familial ». Il était donc temps de réhabiliter Lifeforce, que je n’avais vu à l’époque qu’en VHS et en Français, avec l’achat du Blu-Ray, disponible en France, avec une magnifique copie et une VO. Alors, le verdict, plus de 10 ans après la précédente vision ? Et bien c’était bancal, mais bien meilleur que dans mes souvenirs.
Et il est toujours intéressant de voir avec tant de recul les trois métrages que Tobe Hooper a pu faire avec la Cannon, et une liberté totale, à une époque où la Cannon, après avoir livré moult séries B (Z ?) avec Chuck Norris et Charles Bronson, voulait se faire bien voir et devenir un studio important à Hollywood. Ce qui les amena à leur perte, à la fois avec les trois métrages réalisés par Hooper (Lifeforce n’a pas fonctionné, et a coûté 25 millions de dollars), que d’autres essais par la suite (Superman IV, Les Maitres de l’Univers). Lifeforce en tout cas est un film qui a eu toutes les peines du monde à se faire. Adaptant le roman Les Vampires de l’Espace paru en 1976, la Cannon propose au départ le métrage à Michael Winner, qui avait réalisé par eux Un Justicier dans la Ville 2 en 1982, et quelques autres métrages. Mais lorsque le tournage doit s’effectuer en 1984, Michael Winner préfère se pencher sur Death Wish 3, à savoir Le Justicier de New York donc. Le projet arrive donc entre les mains de Tobe Hooper, qui signe un contrat de trois films. Il va chercher pour adapter le roman Dan O’Bannon (Alien) ainsi que Don Jakoby, mais d’autres scénaristes ainsi que Hooper lui-même viendront aider pour avoir le scénario définitif, qui ne sera achevé qu’une fois le tournage déjà débuté.
Un tournage compliqué, qui dépassé les délais (5 semaines de retard). Mais on le sait, Lifeforce fut un gigantesque échec au box office, fut critiqué par la presse, mais également par les scénaristes et par Colin Wilson, auteur du livre. Pourtant, ce n’est pas si mauvais, loin de là. Très ambitieux, trop ambitieux même sans doute pour un film qui, au final, ne reste qu’une petite série B, mais une série B généreuse. Cela s’en ressent jusque dans son côté fourre tout. Ici donc, l’intrigue nous amène dans l’espace, où le vaisseau Churchill (dans un futur proche à présent passé) part explorer un vaisseau qui semble être caché dans la tête d’une comète. Les cosmonautes se rendent donc dans le vaisseau, explorent, tombent sur des créatures qui semblent mortes depuis longtemps, et finalement, vont trouver trois corps qui semblent endormis, des organismes venant d’ailleurs mais à apparence humaine, deux hommes et une femme. Ah Mathilda May, que l’on aime ou déteste Lifeforce, il faut avouer que l’on se souvient majoritairement du film pour la jeune femme, qui bien que peu présente, le parcourt nue dans 90% de ses scènes. Ça et le thème musical signé Henry Mancini, qui donne un côté fantaisiste au métrage, l’éloignant de la science fiction horrifique. Pourtant, l’horreur arrivera, et Lifeforce, passé cette ouverture d’une dizaine de minutes fort sympathique, se disperse et part rapidement dans tous les sens. La suite se déroule sur Terre, et immédiatement, le ton semble changer. De film d’ambiance se déroulant dans l’espace, privilégiant les plans larges, les éclairages vifs, le mystère, Lifeforce effectue un sérieux virage qui en fait un film hybride, se changeant alors, comme le titre du roman l’indique, en film d’horreur mettant en scène des vampires de l’espace, asséchant les corps de leurs victimes, qui reviennent à la vie deux heures après, ressemblant à des momies, et ayant à leur tour besoin de se nourrir d’énergie vitale pour espérer retrouver une forme humaine normale. Et au départ, ça fonctionne bien, Hooper sachant ce qu’il fait, et sa mise en scène restant classe.
Après la science fiction, le film de vampires, très doucement, le film change de nouveau, en parlant d’esprit passant d’un corps à l’autre, avant de se terminer en apothéose totalement généreuse avec le chaos dans la ville de Londres, amenant alors le métrage vers le film catastrophe, et surtout, le film de zombies. Ah ça, pour un mélange étrange, c’est un mélange étrange. Ce qui lui donne cet aspect généreux, et donc, divertissant, mais à la fois un côté foutraque et pas toujours bien dosé. On le ressent notamment mi-parcours, alors que le métrage tenter de faire durer le suspense, en introduisant de nouveaux personnages (dont un joué par Patrick Stewart, avant Star Trek, mais un an après Dune). Le film se traîne alors en longueur, et se prend alors les pieds dans son propre scénario. Quelques retournements de situations et quelques tensions sexuelles s’invitent au récit, mais l’ensemble semble souvent un peu forcé et l’attention du spectateur descend. Ça a toujours été mon souci avec le film, son milieu, son développement assez hasardeux, et ça, ça ne change pas avec les années. Pour autant, Lifeforce n’est pas un mauvais film. Il a suffisamment de scènes réussies et de moments épiques pour intéresser le spectateur, et on sent que Hooper s’est totalement appliqué dans la mise en scène, livrant une ambiance et des images réussies, et sublimant la donc peu vêtue Mathilda May à l’écran. Même dans les plans serrés, sur ses yeux, l’actrice dégage quelque chose d’envoutant, et correspond parfaitement au rôle. Hooper s’est entouré d’une solide équipe, que ce soit pour le casting ou son équipe technique, et cela s’en ressent, Lifeforce passant plutôt bien le cap des années, à quelques effets près. Il a cette ambiance assez unique. Il est juste trop long, et par moment, tente d’en faire trop.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La scène d’ouverture ♥ De très belles images ♥ Des vampires, des zombies, des aliens ♥ Mathilda May, envoutante |
⊗ Trop long ⊗ Moins convaincant mi-parcours |
Aujourd’hui réhabilité par certains spectateurs, dont moi, Lifeforce demeure une curiosité intéressante. Hooper se fait plaisir, avec 25 millions et une liberté totale, et accouche finalement d’une série B généreuse mais bancale, où le meilleur peut côtoyer le pire. |
Titre : Lifeforce – L’Étoile du Mal
Année : 1985
Durée : 1h56
Origine : U.S.A – Angleterre
Genre : Science Fiction
Réalisation : Tobe Hooper
Scénario : Dan O’Bannon et Don Jakoby d’après le roman de Colin Wilson
Avec : Steve Railsback, Peter Firth, Frank Finlay, Mathilda May, Patrick Stewart, Michael Gothard et Nicholas Ball
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