[Film] Krull, de Peter Yates (1983)

À des millions d’années-lumière, sur la planète Krull, règne une bête maléfique abritée dans la Forteresse Noire, qui inquiète les deux royaumes de Krull. Aussi les deux rois décident d’unir leurs enfants afin de sceller l’union de leurs royaumes et anéantir le monstre..


Avis de Rick :
Si aujourd’hui, les films qui cartonnent au box office sont facilement les films les plus couteux jamais réalisés, prouvant que le grand public veut du grand spectacle et c’est tout (il suffit de voir que les deux gros succès de 2019 étaient Avengers 4 et Le Roi Lion… et tristement que 8 des succès de l’année étaient des films Disney), c’était bien différent au début des années 80. Surtout si l’on se penche sur 1983 et 1984. Car lors de ces années là, deux des films les plus couteux jamais réalisés pour l’époque furent des fours incroyables au box office. En 1984, c’était Dune de David Lynch, avec son budget de 40 millions, qui n’en rapporta que 30, et en 1983 (avec une sortie en 1984 en France), Krull qui nous intéresse aujourd’hui, avec un budget estimé à 47 millions, et qui n’en rapporta que 16. Oui, des gros échecs financiers, pour des films qui au fur et à mesure des années ont eu droit à un certain culte de la part de fans. J’admets aisément en faire parti pour Dune, qui fut le film qui me fit découvrir le cinéma de David Lynch, et qui me fit définitivement passer à la VO (merci Arte à l’époque). Krull lui était un excellent souvenir de jeunesse, sur lequel mes yeux ne s’étaient pas posés depuis bien 20 ans. Chose réparée aujourd’hui. Mais soulignons que si les deux films furent des flops, ils partagent un point commun avec la présence au casting de Freddie Jones et de Francesca Annis. Acteurs maudits ? haha ! Je n’irais pas jusque là. Krull donc, qu’est-ce que ça vaut en 2020 ? Alors, on ne va pas mentir, ça a vieillit, par de très nombreux aspects, c’est kitchounet. Mais il en ressort une naïveté presque touchante qui rend le film hautement sympathique. Nostalgie mise à part bien entendu, puisque de toute façon, finalement, à un ou deux éléments près, je n’en avais aucun souvenir. Krull donc est un pur produit du début des années 80, tentant de mélanger assez maladroitement, mais donc avec une naïveté touchante ce qui fonctionnait à l’époque. Un mix entre de l’heroic fantasy classique (Excalibur et Conan le Barbare, c’était à cette époque) et la science fiction (Star Wars venait de s’achever).

Dans le royaume de Krull, une bête maléfique, et donc, géante, vivante dans une forteresse, kidnappe une princesse le jour de son mariage avec Colwyn, ce qui aurait eu pour but d’unifier le royaume et de combattre la dite bête. Colwyn, aidé par Ynyr (Freddie Jones), puis rejoint par des bandits et un magicien faisant office de sidekick comique, va se mettre en route pour un long périple afin de délivrer la belle, sauver le monde, et tout ça. Un récit de fantaisie tout ce qu’il y a de plus classique dans les faits, avec sa dose de paysages sublimes, d’êtres fantastiques (des chevaux de feu, un cyclope), de créatures dangereuses (dont une araignée protégeant son antre), si ce n’est que les ennemis de notre héros ne viennent pas de ce monde, se déplacent dans une forteresse volante et qui change donc souvent d’emplacement, et que les ennemis apparaissent sous forme humanoïde, mais sont en réalité des parasites qui s’échappent lors de la mort de l’hôte, et que leur arme, pouvant servir d’épée, tire aussi des rayons lasers. Oui, un gros mélange entre la fantaisie de base et Star Wars. Et c’est souvent kitch oui, et parfois un peu maladroit, mais sans pour autant en être honteux, irregardable comme j’ai pu le lire sur différents sites, ou désagréable. Krull sait se faire rythmé, varier les péripéties, les décors, et sait en mettre plein la vue. Les décors intérieurs ont bénéficié pour beaucoup d’un grand soin (et d’un nombre très élevé de plateaux lors de son tournage aux studios Pinewood), et les décors extérieurs sont souvent magnifiques. Même si Peter Yates, le réalisateur, a tendance a vouloir rendre ses décors majestueux et donc à filmer certains plans d’un peu trop loin. Vous rêviez de voir notre vaillant héros escalader une montagne ? Ne vous inquiétez pas, ce sera filmé de loin, très loin, si bien que l’exploit sera invisible à l’œil nu (et la doublure aussi, sans doute), mais que l’on se rendra bien compte de la grandeur du lieu. Mais bon, je m’attarde sur un détail. Krull a donc tous les clichés du genre, une variété de lieux, une quête de deux heures, une galerie de personnages variés, même si pas tous intéressants.

On pourra critiquer par exemple le sidekick, qu’il faut souvent sauver et qui passe son temps à se changer en animal. Un peu tout et n’importe quoi. Dans le groupe de bandits par contre, on pourra noter les premières apparitions au grand écran d’acteurs bien plus connus aujourd’hui, comme Liam Neeson, ou encore Robbie Coltrane avant qu’il n’aide James Bond dans ses aventures dans les années 90. Mais donc, à qui s’adresse Krull ? À ceux ayant grandi dans les années 80 ? Assurément oui. Aux amateurs de fantaisie ? Sans doute également. Pour le reste, tout dépend votre tolérance, si vous acceptez certains défauts et éléments kitchs ou non, si ces éléments font pencher la balance vers le navet ou le nanar, ou pas. Personnellement, Krull est pour moi une série B plutôt solide, avec son lot de défauts, son lot de maladresse, mais plein de bonnes intentions, et avec une envie de bien faire et d’en mettre plein la vue qui se heurte rapidement aux techniques de l’époque. Quelques maquillages sont approximatifs, quelques fonds verts incroyablement voyants, quelques éléments sont bien kitchs oui. Mais à côté, il y a des scènes marquantes, une bête géante bien que peu exploitée (alors qu’elle m’avait marqué gamin), un boomerang magique comme arme ultime (le meilleur moyen de la décrire), des sables mouvants, des montagnes, des sorcières, des ennemis au design intéressant, un bon score de James Horner, une jolie princesse à sauver, et un univers qui aurait sans doute mérité plus. Car s’il y a bien quelque chose qui marque, c’est que tout va vite, parfois trop vite. On nous balance des éléments d’intrigues ou des éléments de la quête sans trop d’exposition, et on se dit qu’un univers tout entier était derrière, mais laissé de côté pour ne pas dépasser les deux heures syndicales. Cela donne du rythme au récit, mais c’est malgré tout un peu dommage. Mais au final, Krull reste un bon petit film d’aventures de son époque, avec ses défauts, ses qualités, mais un voyage divertissant.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film attachant
♥ Le mélange SF et fantaisie
♥ Des scènes assez marquantes
♥ Rythmé et divertissant
⊗ Pas mal de maladresses
⊗ Des scènes bien kitch
⊗ Des personnages peu développés
note8
Gros flop en 1983, mélange de SF et de fantaisie car les deux genres marchaient à l’époque, Krull reste un film intéressant, bien qu’imparfait. Beaucoup d’éléments sont peu expliqués, pas mal de moments sont kitch aujourd’hui (et à l’époque), mais il y a un gros capital sympathie ici.



Titre : Krull

Année : 1983
Durée :
2h01
Origine :
Angleterre
Genre :
Fantastique
Réalisation : 
Peter Yates
Scénario : 
Stanford Sherman
Avec :
Ken Marshall, Lysette Anthony, Freddie Jones, Francesca Annis, Alun Armstrong, David Battley, Bernard Bresslaw, Liam Neeson et Robbie Coltrane

 Krull (1983) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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