[Film] Hidden, de The Duff Brothers (2015)


Ray, Claire et Zoe, jeune fille de sept ans, sont réfugiés dans un abri antinucléaire afin de survivre à une dangereuse épidémie. Pendant 301 jours, ils ont fait de leur prison une maison, attachés à leurs souvenirs et à l’espoir, d’un jour, avoir une vie normale. Pendant 301 jours, la famille a échappé aux dangers de la surface, aux souffles bruyants et aux bruits de pas entendus la nuit, menaçants leurs fragiles existences. Mais arrive le 302ème jour…


Avis de Cherycok :
Lorsqu’on me conseille un film, j’essaie de le voir. Je mets parfois de nombreux mois avant de le faire mais je me garde ça dans un coin de la tête et ma petite cervelle finit par remettre ça sur le tapis au bout d’un moment. Me voilà donc devant Hidden, premier long métrage de Matt et Ross Duffer, alias The Duff Brothers, bien plus connus aujourd’hui pour avoir créé la série Stranger Things dont Netflix est si fier. Un film qui n’aura même pas eu droit à une sortie cinéma et qui sera passé directement par la case DVD. Un choix très étrange tant Hidden aurait eu tout à fait sa place sur grand écran mais bon, si on commence à se poser des questions sur les choix des distributeurs, on n’a pas fini. Mais c’est clairement dommage car, même si le film des frangins n’est pas parfait, il mérite le coup d’œil et vaut bien mieux que bon nombre de bobines prétentieuses et sans intérêt qui abreuvent nos salles obscures.

Hidden, ça parle de quoi ? C’est une énième histoire d’un groupe de survivants, ici un homme, une femme et leur petite fille, qui, suite à ce qu’on devine être une épidémie, se retrouvent terrés dans un lieu clos et doivent survivre. La survie réduite à son minimum, à l’intérieur d’un abri dans lequel ils se sont enfermés eux-mêmes pour s’isoler de la menace extérieure, presque sans luminosité, avec de la nourriture en boites. L’ennui, la solitude, le danger qui les guette à chaque bruit trop fort qu’ils pourraient faire, la moindre emmerde qui entraine une perte colossale, l’utilisation de règles à respecter afin de survivre le plus longtemps possible, … Un huis clos comme on en a déjà vu plein, très similaire sur certains points à des films tels que Sans un Bruit (2018) ou 10 Cloverfield Lane (2016).
Sauf que, on se rend vite compte que Hidden est à contre-courant. Dans la première partie, on croit connaitre l’issue, de toute façon on s’est imaginé toutes les fins possibles et imaginables, mais on a vite compris que le film ne nous dit pas tout. Et effectivement, dans la seconde partie, le film va renverser les codes, nous faire douter sur où est le bien et où est le mal et être au final bien plus malin que ce qu’on pensait. On se rend compte que les fameuses règles à respecter ont un double sens de lecture. On repense immédiatement à certains dialogues, à certaines scènes, qu’on voit d’un coup sous un autre œil. Des flashbacks nous expliquent petit à petit le pourquoi du comment, pas forcément tous très utiles mais pas trop envahissants. Le fin mot de l’histoire est étonnant, au point qu’on en sort un peu décontenancé car cette deuxième partie va bien trop vite en besogne comparée à la première et que son semblant de happy end était peut-être de trop. Il y avait d’autres manières de finir le film tout en gardant son essence.

Hidden exploite son minimalisme à fond. Le budget du film étant plus que serré, le film va beaucoup jouer sur l’invisible. Les réalisateurs vont prendre soin de développer une atmosphère pesante, oppressante, avec comme parti pris une très faible luminosité du début à la fin. Une ambiance très réussie, avec cette lumière très peu présente comme pour faire un parallèle sur le peu d’espoir de survie de cette famille, et une mise en place lente dans la première heure, afin de bien faire monter la pression. Et ça fonctionne puisqu’on craint immédiatement pour la vie de la famille, dès que « ceux qui respirent » commencent à être nommés. Le film devient prenant mais cela génère certaines longueurs (certaines scènes entre le père et la fille s’étirent beaucoup trop). Le film n’en fait jamais des tonnes. Très peu de SFX, très peu d’effets de style, juste de la survie vue sous un autre angle.
Le casting est de très bonne facture à commencer par la très jeune Emily Alyn Lind (La Baby-Sitter, Enter the Void). Les enfants au cinéma, c’est toujours une inquiétude. Mais la petite Emily joue bien, très bien même, et c’est assez rare pour être signalé. Andrea Riseborough (Birdman, Oblivion) et Alexander Skarsgard (War on Everyone, la série True Blood) s’en sortent également avec les honneurs, même si ce dernier a tendance à parfois exagérer les émotions. Ils tiennent sur leurs épaules ce film qui, malgré des incohérences certaines, essaie d’amener autre chose dans le genre « film de contamination post-apo ». Et rien que ça, c’est déjà une très bonne chose.

LES PLUS LES MOINS
♥ Très bonne ambiance
♥ Mise en scène sobre et efficace
♥ Twist inattendu
♥ Jolie BO
⊗ Des incohérences
⊗ Des longueurs dans la 1ère partie
Avec sa courte durée, son chouette casting, son retournement de situation et son envie d’amener un peu de sang neuf au genre, Hidden est un film de survie post-apo façon huis clos qui s’avère très divertissant. Des imperfections, certes, mais néanmoins un bon film.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Alexander Skarsgard et Andrea Riseborough ont déjà joué ensemble dans Disconnect (2012).
• Lorsque le personnage de Emily Alyn Lind dit « They’re here », c’est un hommage au personnage de Carol Anne Freeling disant la même chose dans Poltergeist (1982).


Titre : Hidden / L’Abri
Année : 2015
Durée : 1h22
Origine : U.S.A
Genre : Qui a éteint la lumière ?
Réalisateur : The Duff Brothers
Scénario : The Duff Brothers

Acteurs : Alexander Skarsgard, Andrea Riseborough, Emily Alyn Lind, Steven Elliot, Heather Doerksen, William Ainscough, David Lewis

 Hidden (2015) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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