[Film] Caveat, de Damian Mc Carthy (2020)


Un jeune homme solitaire souffrant d’une perte partielle de mémoire accepte de s’occuper d’une jeune femme psychologiquement perturbée dans une maison abandonnée sur une île isolée.


Avis de Cherycok :
Caveat fait partie de ces films qui ont une affiche qui fait fuir immédiatement. Vous savez, ce genre de jaquette hideuse, réalisée par un pauvre péquin n’ayant aucune compétence photochopesque. C’est vraiment dommage parce que derrière cette affiche gerbante se cache un film qui vaut vraiment le coup d’œil. Un tout petit budget qui en a sous le capot, qui a envie de bien faire les choses et qui les fait bien. Une énième variation de la formule de la maison hantée, où tous les codes du genre sont là, parfois bancals, parfois sublimés, mais qui évite les habituels clichés. Un film fait avec trois bouts de ficelle mais pourtant fichtrement efficace. Par contre, mieux vaut ne rien lire / voir si vous comptiez voir Caveat, ça serait gâcher votre plaisir. Donc si vous voulez vous lancer dans l’expérience, stoppez ici votre lecture, et revenez lorsque vous l’aurez vu.

Caveat, c’est le premier film de Damian Mc Carthy, jeune réalisateur irlandais qui n’avait jusque-là œuvré que dans les courts métrages. Le film est arrivé sur Shudder le 3 juin 2021 et à peine quelques jours après chez nous via son pendant francophone ShadowZ qui le propose en exclusivité dans notre contrée. La première chose à signaler, c’est qu’il va falloir accepter (ou passer outre) le plot de départ qui n’est clairement pas le plus crédible. Bien qu’on nous présente un personnage un peu paumé, ce qu’il accepte pourra sembler bizarre à beaucoup de monde. Mais très vite, on remarque également un excellent travail sur l‘ambiance du film, poisseuse, anxiogène, avec cette maison isolée sur une toute petite île au milieu d’un lac, à la tapisserie délabrée et aux murs en piteux état. Une ambiance très étrange sur laquelle le réalisateur va beaucoup s‘appuyer pour instaurer un climat de peur. Point ici de jumpscare qui ne sont pas de la peur mais plutôt de la surprise et qui pour moi ne sont qu’un procédé facile et putassier. Non, ici c’est de la vraie peur, née d’une ambiance oppressante, bizarre, inquiétante. Le stress est constant, le climax angoissant et claustrophobe. Le réalisateur tente de semer le doute sur de potentiels éléments fantastiques, s’appuie sur une musique très travaillée et jamais envahissante. Rapidement, on se positionne au même niveau que le héros du film, complètement bridé dans ses actions à cause de la chaine à laquelle il est attaché. Le rythme est lent mais jamais long car le suspense est captivant. A mi-chemin, le film rebat les cartes afin de semer le doute chez les personnages, mais aussi chez le spectateur, relançant ainsi le jeu du chat et de la souris auquel on assiste, qui verra le héros explorer la maison et ses secrets, lutter pour survivre et retrouver peu à peu la mémoire.

Le visuel très soigné du film aide énormément à rentrer dans l’ambiance que le réalisateur veut instaurer. La photographie est très travaillée, les cadrages réussis. Aucune esbroufe visuelle, c’est assez pur en termes de mise en scène. On pense à des ambiances telles que celle des jeux Silent Hill, et jamais on ne ressent le manque de budget. Les personnages sont également très intéressants avec un casting tout bonnement génial, aussi bien la jeune fille aux problèmes psychologiques que le héros qui se demande pourquoi il a accepté ce job et comment faire pour se sortir de là. Que ce soit dans les lignes de dialogue, bien que le film ne soit pas très bavard, ou tout simplement dans les expressions du visage, ils sont complètement investis dans leur rôle. Le petit lapin en peluche de l’affiche est un personnage secondaire à part entière, avec son langage bien à lui, dont les coups de tambours sonnent comme pour avertir d’une menace imminente. Malgré tout, Caveat souffre quand même de quelques petits soucis. Comme dit un peu plus haut, il faut accepter le postulat de départ un peu étrange et certaines incohérences qui en découlent. Le film s’étire également un peu en longueur dans son dernier tiers, avec une narration parfois un peu bancale et un visuel très sombre qui pourra lasser, voire fatiguer les yeux. Mais sincèrement, Damian Mc Carthy a malgré tout fait un travail remarquable compte tenu du très faible budget qui semble lui avoir été alloué. Il fait preuve d’un grand talent, et clairement il faudra surveiller ses prochains films bien qu’il ait clairement indiqué lors d’interviews qu’il n’était pas sûr de trouver le financement pour de potentiels prochains films. Ça serait vraiment dommage !

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement réussi
♥ Très bonne direction d’acteurs
♥ Ambiance glaçante
♥ La peluche de lapin très inquiétante
⊗ Certaines incohérences
⊗ Un dernier tiers plus poussif
Note :
Caveat est une bobine horrifique à l’ambiance très travaillée, qui nous met en tension dès les premières minutes et ce jusqu’au générique de fin. Merci ShadowZ de faire découvrir au public français des petits films méconnus mais qui valent le détour.

LE SAVIEZ VOUS ?
• La première mondiale de Caveat a ouvert l’édition 2020 du Festival du Film IndieCork, l’un des principaux évènements irlandais célébrant le cinéma et la musique indépendants. Caveat a également été auréolé d’une mention spéciale du jury critique du BIFFF 2021.
• Le lapin en peluche du film avait été acheté par le réalisateur de nombreuses années auparavant sur Ebay. Pour les besoins du film, il a été customisé (les yeux ont été changés, il a été vieilli et sali).


Titre : Caveat
Année : 2020
Durée : 1h28
Origine : Irlande
Genre : Écoute le lapin
Réalisateur : Damian Mc Carthy
Scénario : Damian Mc Carthy

Acteurs : Jonathan French, Leila Sykes, Ben Caplan, Conor Dwane

 Caveat (2020) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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