L’enquête désespérée de Will Ren, fraichement sortie de l’école de police, et de son partenaire, le policier vétéran Cham Lau, centré sur tueur en série s’attaquant aux femmes. Pour attirer ce tueur « fétichiste des mains », ils utilisent comme appât la meurtrière Wong To, qui doit expier pour avoir causé un accident impliquant la famille de Cham. Mais cette jeune femme est à la fois insoumise et imprévisible. Craignant de devenir la prochaine victime du tueur en série, elle va tenter de survivre par ses propres moyens dans le bidonville dans lequel elle est piégée.
Avis de Nasserjones :
Annoncé comme la nouvelle bombe en provenance de Hong Kong, Limbo est un polar en noir et blanc, hyper sombre et violent, qui suit la traque d’un sérial killer dans un Hong Kong post crise des parapluies, insalubre et chaotique.
La première chose qui saute aux yeux dès les premières secondes de Limbo, c’est le rendu de la photographie noir et blanc et la recherche esthétique sur ce film. Dès le premier plan où on voit le reflet d’un des héros dans une flaque d’eau et un plan large d’une rue jonchée d’ordure, on se dit : « ah ouais ça à de la gueule ! ». Et tout le film va être comme ça. Limbo est une succession de plans tous plus recherchés les uns que les autres, un travail virtuose qui vient affirmer une bonne fois pour toute que Soi Cheang n’est pas juste un bon réalisateur mais un grand réalisateur qui joue désormais dans la même cour que Johnnie To, Bong Joon Ho ou Park Chan-Wook. A tout moment on peut faire pause, scanner l’image et en tirer une superbe photo noir et blanc qu’on peut accrocher dans le salon. Même si la version du film que j’ai regardé est loin d’être la plus belle copie, ce truc ma déboité la mâchoire. L’autre grande force du film c’est son ambiance crépusculaire et apocalyptique. La crise des parapluies est passée par là et Hong Kong ressemble à une décharge à ciel ouvert gigantesque. Il y a une ambiance de fin monde tout au long du film avec toutes ces rues et ces squats remplis d’ordures, de putes et de toxicos. Autre grande force du film, la prestation des acteurs, notamment de Gordon Lam (ou Lam Ka-Tung) en flic violent et torturé, monstrueux de charisme, et de la nouvelle venue Cya Liu. Ça fait longtemps que je n’avais pas une actrice donner autant de sa personne. C’est simple, elle s’en prend plein la gueule pendant tout le film, passage à tabac, viol, rien ne lui est épargné, sans pour autant avoir un rôle de victime puisqu’elle ne se laisse jamais faire et se défend toujours comme une tigresse, animée d’une profonde volonté de vivre.
Là où le film m’a un peu déçu, c’est dans son scénario et dans son côté un peu trop prévisible. Soi Cheang a tellement tout misé sur son travail visuel et son ambiance qu’il a peu négligé le scénario. En fait, il ne l’a pas vraiment négligé mais a opté pour un scénario minimaliste. L’esthétique de ce film est tellement puissant et tellement à part que j’aurais voulu être autant surpris par le scénario. Tout est un peu téléphoné et principalement la fin, on la voit arriver à des kilomètres. Un peu comme dans un blockbuster américain où on sait très bien que, quoi qu’il arrive, le héros va gagner et s’en sortir et où il y a zéro surprise, quand on a l’habitude de ce genre de film noir, on connait la fin. Et puis Soi Cheang reprend beaucoup d’éléments de Dog bite Dog (le combat dans les ordures, le tueur étranger, le flic torturé…) qui m’ont laissé une sensation désagréable de recyclage à plusieurs moments. Même la bande-son de Kenji Kawai est un recyclage d’un des thèmes de Ip man. Bref si d’un côté le film est révolutionnaire, de l’autre côté il est un peu trop banal.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une photographie N&B magnifique ♥ Une réalisation virtuose ♥ Une ambiance crépusculaire incroyable ♥ Visuellement unique en son genre |
⊗ Un scénario sans surprise et trop téléphoné ⊗ Des éléments recyclés de Dog Bite Dog |
Malgré tous ses défauts, Limbo est un film marquant, qui laisse des séquelles. On peut le dire oui, une bombe. Je suis impatient de le revoir dans des meilleures conditions en blu ray ou même en 4 k. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film est basé sur le roman « Wisdom Tooth » de l’écrivain chinois Lei Mi.
• En raison du déclin des productions de Hong Kong et des difficultés croissantes du marché local au cours de la dernière décennie, de nombreux cinéastes de Hong Kong travaillent en Chine continentale. Soi Cheang a déclaré qu’il voulait toujours raconter les histoires de Hong Kong sans compromis. « Le cinéma de Hong Kong a connu son âge d’or, et comme pour tout le reste, il y aura des hauts et des bas. Même si des opportunités existent en dehors de la ville, nous continuerons à faire des films de Hong Kong« , a-t-il déclaré.
Titre : Limbo
Année : 2021
Durée : 1h57
Origine : Hong Kong
Genre : Polar noir (et blanc)
Réalisateur : Soi Cheang
Scénario : Au Kin-Yee, Shum Kwan-Sin
Acteurs : Gordon Lam, Cya Liu, Mason C. Lee Sun, Ikeuchi Hiroyuki, Fish Liew, Hugo Ng, Sammy Sum, Hana Chan, Kumer So, Iris Lam, Fung Yuk-Cheung