[Film] A Home with a View, de Herman Yau (2019)


Afin de préserver la valeur de ses actifs, le patriarche de la famille Lo dépense toutes ses économies et les pensions de retraite de son père pour acheter un appartement au milieu d’un quartier populaire, cohabitant avec son épouse névrotique, son fils au chômage, sa fille qui traverse la puberté et son père âgé et handicapé. À cause d’une petite surface habitable, de voisins bruyants et d’un niveau de vie discutable, la famille Lo se dispute souvent pour la moindre chose. Heureusement, la fenêtre du salon offre une vue magnifique sur l’océan et empêche la famille de devenir folle. Cependant, un jour, cette vue sur l’océan disparaît lorsqu’un panneau d’affichage est illégalement installé sur un bâtiment voisin et la famille Lo recommence à se disputer sans arrêt. Afin de retrouver la paix au sein du ménage, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour retirer le panneau d’affichage et s’oppose à son propriétaire.


Avis de Cherycok :
Herman Yau (The Untold Story, Ebola Syndrom, Shock Wave) est un véritable touche à tout. Il œuvre sans discontinuer dans tous les genres et, malgré quelques faux-pas, c’est sans doute le réalisateur HK, encore en activité, le plus intéressant dans l’ex-colonie britannique. Sorti pour le nouvel an chinois 2019, A Home with a View est une de ses rares incursion dans le domaine de la comédie et il livre ici un mix d’humour noir et de satire sociale, alignant pour l’occasion un casting de premier ordre. Un divertissement au final décalé, assez particulier, qui pourra en laisser certains, comme moi, sur le bas-côté. Non pas que le film soit mauvais, mais le brouhaha ambiant et le chaos palpable qui règnent pourraient être un véritable frein pour rentrer dans l’histoire.

A Home with a View est une adaptation de la pièce de théâtre Family Surprise écrite par Cheung Tat-Ming (Big Bullet, Forbidden City Cop) qui est également producteur et scénariste du film. Il y interprète d’ailleurs également un rôle, Francis Ng l’ayant persuadé de jouer dans cette adaptation. Wai Man (Francis Ng) et Suk-yin (Anita Yuen) poussent comme ils le peuvent leur famille à faire des économies. Leurs enfants Bun-Song (Ng Siu-Hin) et Yu-Sze (Jocelyn Choi) passent leur temps à se chamailler, le grand père (Cheung Tat-Ming) commence à perdre la boule, et les voisins sont une plaie. Mais lorsque la tension monte un peu trop dans l’appartement, ce qui arrive souvent, tous se réfugient à leur fenêtre afin d’admirer la vue sur le port qui semble avoir un pouvoir apaisant sur eux. Mais très vite, cette belle vue est bloquée lorsqu’un voisin de l’immeuble d’en face installe un énorme panneau publicitaire sur son toit. Notre petite famille va se plaindre mais le mystérieux propriétaire (Louis Koo) n’est pas d’humeur à coopérer. Le voisinage ne voulant rien savoir et les autorités faisant preuve d’un réel immobilisme, Wai Man et sa famille vont tout mettre en œuvre pour faire dégager ce panneau publicitaire et enfin retrouver leur vue, quitte à prendre des mesures désespérées.
Comme dit en introduction, A Home with a View nous présente un casting de premier ordre. Il y a bien entendu l’indécrottable Francis Ng (A War Named Desire, Bullets Over Summer), toujours aussi excellent, l’omniprésent Louis Koo (The Suspect, Drug War), qui apparaitra dans pas moins de 16 films en 2021, la trop rare Anita Yuen (Enter the Eagles, Ip Man : The Final Fight) ou encore Cheung Tat-Ming, excellent en grand père sénile. Mais le film va aussi beaucoup s’appuyer sur ses excellents seconds rôles. On a le voisin du dessus un peu trop bruyant, interprété par un génial Lam Suet (PTU, Crazy Kung fu), l’éternel second rôle Wu Fung qui campe le gardien de l’immeuble, ou encore l’innimitable Anthony Wong (Untold Story, Ebola Syndrom), acteur fétiche du réalisateur, qui vient faire le couillon dans le rôle d’un fonctionnaire pas très utile.

Herman Yau va dépeindre avec son film les travers de la vie à Hong Kong, ses loyers excessifs, ses gens entassés dans des cages à poules aux prix mirobolants, l’administration qui est telle que les gens se l’imaginent, c’est-à-dire d’une complexité à toute épreuve lorsqu’on a besoin d’y faire des démarches. Mais l’éducation en prend également pour son grade, tout comme le système de prise en charge des personnes âgées. Il veut montrer toute l’absurdité de la situation actuelle, cette inefficacité des fonctionnaires et les différents obstacles bureaucratiques frustrants, mais tout en gardant une ambiance divertissante, voire loufoque, afin que l’ensemble ne soit pas trop lourd en termes de drame. Une grande partie du film est tournée dans l’appartement de notre petite famille, afin de garder cette saveur d’une pièce de théâtre, mais tout en jouant beaucoup avec la caméra afin de bien montrer le côté claustrophobe de ce genre d’appartement, mais aussi d’amener du dynamisme. On va donc assister à de longues prises de bavardage frénétique. Ça parle fort, ça gesticule beaucoup, ça cabotine et les dialogues vont dans tous les sens au point que toute la première moitié du film devient assez fatigante. Cette valse de dialogues a beau donner le ton sur les choses à venir dans le film, elle devient surtout assez éreintante si on n’arrive pas à se laisser emporter là où le réalisateur veut nous amener. Pour peu que votre « mood » du moment vous laisse hermétique à l’humour parfois assez gras du film, et vous vous retrouverez comme moi devant une bobine qui certes n’ennuie pas, mais devant laquelle vous restez un peu de marbre. J’ai très vite constaté que le casting livrait de brillantes performances, que la mise en scène de Herman Yau était réussie, que l’humour cruel était souvent bien amené. Mais cette première partie un peu trop chaotique aura eu raison de moi.

LES PLUS LES MOINS
♥ La performance des acteurs
♥ Mise en scène solide
♥ Certains gags sympathiques
⊗ Une première moitié qui peut rebuter
⊗ Au final assez prévisible
⊗ Certains gags moins sympathiques
D’un côté farceur, même gras, d’un autre triste et cruel, A Home with a View est un pur produit de Herman Yau. Si la première partie un peu trop bruyante n’a pas raison de vous, il y a fort à parier que vous passerez un très bon moment. Sinon, le film risque de vous laisser indifférent.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Souvent, dans les films du nouvel an, il y a des cameos. A Home with a View n’échappe pas à la règle avec des courtes apparitions de Sam Lee (Bio Zombie, Made in Hong Kong) ou encore Law Kar-Ying (Forbidden City Cop, From Beijing with Love).
• Cheung Tat-Ming a révèlé qu’il n’était initialement pas intéressé pour jouer le rôle du grand-père et que c’était un personnage féminin à l’origine dans la pièce. Mais son ami Francis Ng l’a persuadé de le faire et c’est ainsi qu’il se retrouve grimé en grand-père qui perd la boule.


Titre : A Home with a View / 家和萬事驚
Année : 2019
Durée : 1h32
Origine : Hong Kong
Genre : Publicité gé(n)ante
Réalisateur : Herman Yau
Scénario : Cheung Tat-Ming

Acteurs : Francis Ng, Anita Yuen, Louis Koo, cheung Tat-Ming, Anthony Wong, Ng Siu-Hin, Jocelyn Choi, Lam Suet, Wu Fung, Lo Hoi-Pang, Law Kar-Ying, Sam Lee

 Ga woo man si ging (2019) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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