[Docu] Les Rois de l’Arnaque, de Guillaume Nicloux (2021)


Ce documentaire relate l’histoire d’escrocs ayant indûment empoché des milliards d’euros grâce au système de quotas d’émission de CO2 de l’UE, avant de s’entre-détruire.


Avis de Cherycok :
Il n’est pas dans mes habitudes de parler de documentaires. J’en regarde très peu, et le peu que je regarde sont souvent consacrés au cinéma comme lorsque j’avais parlé de Electric Boogaloo ou plus récemment de Kung Fu Stuntmen. Mais lors d’un week-end familial, v’là ti pas que mes parents et mon frère nous parlent tous en cœur d’un documentaire génial qu’ils ont vu sur Netflix, sur des mecs qui auraient détourné des milliards à cause d’une faille du système, tout en ayant en même temps une vie de jetseteurs, que ça aurait même été adapté en film en 2017, que les mecs sont de bons gros baragouineurs et tout le tralala. Les Rois de l’Arnaque qu’il s’appelle le documentaire. Bon, devant les goûts habituels en matière de films de ma famille, je pars toujours méfiant, mais force est de constater qu’ils ont meilleur goût en documentaires qu’en films.

Vous avez peut-être entendu parler aux infos, il y a une dizaine d’années, de l’escroquerie à la taxe Carbone 14 qui a coûté 1.6 milliards d’euros à l’État Français et qui avait fait énormément de bruit. Eh bien parmi les protagonistes qui ont participé à cette gigantesque entourloupe, il y a un certain Marco Mouly, un petit escroc de Belleville devenu millionnaire en l’espace de quelques mois. Il va être le héros de ce film documentaire. Pour vous la faire court, en reprenant Wikipedia : la fraude à la TVA sur les quotas de carbone, parfois improprement appelée « fraude à la taxe carbone », parfois surnommée « le casse du siècle » a pour cadre la bourse du carbone qui permet l’échange de droits (ou quotas) d’émission de CO2, le principal gaz à effet de serre d’origine anthropique. Elle aurait duré de novembre 2008 à juin 2009. Et donc des petits malins se sont engouffrés dans une faille. Il s’agissait d’acheter des quotas hors TVA à une société fictive dans un pays étranger, avant de les revendre en France à une autre société fictive à un prix incluant la TVA, puis d’investir les fonds dans une nouvelle opération. La TVA, elle, n’était jamais reversée à l’État et blanchie dans certains paradis fiscaux. Les escrocs à abuser de ce système (qui pris fin en juin 2009) furent nombreux et firent profil bas. Sauf un, Marco Mouly donc qui, comme il le dit si bien « il se faisait de l’argent pour le dépenser derrière », et plus c’était bling bling, mieux c’était. Avec quelques comparses, ils auraient détourné à eux-seuls pas moins de 283M€ entre 2008 et 2009. Ils n’ont été arrêtés qu’en 2016. Marco Mouly est aujourd’hui dehors, avec un bracelet électronique qui lui permet de sortir entre 8h et 20h et ce documentaire, dont il est « l’acteur » principal, a fait la lumière sur lui et son histoire. Il se retrouve invité un peu partout dans les émissions télé et dans des petites pastilles pour le web pour parler de cette historie abracadabrantesque digne d’un film hollywoodien.

Marco Mouly est le plus fantasque des protagonistes de cette histoire. C’est un phénomène, avec un bagou presque surréaliste, et il est presque à lui tout seul l’attraction du documentaire. On y trouve également Arnaud Mimran, un des beaux gosses de la jet set parisienne, qui finira ruiné et même accusé du meurtre de son ex beau-père, le milliardaire Claude Dray (bien qu’il soit toujours pour le moment présumé innocent). On y parle de Sami Soued, le principal acolyte de Mouly, qui finira six pieds sous terre alors qu’il se croyait intouchable. Mais aussi Steve Uzan dit « le playboy », Serge Madar, dit « l’ancien », Dominique Ghez dit « Dodo », Grégory Zaoui dit « le cerveau ». L’histoire est d‘ailleurs racontée par certains des escrocs eux-mêmes, à commencer par Marco Mouly. Mais devant le côté baratineur du gus, encore plus déluré que certains personnages de romans, le réalisateur Guillaume Nicloux a jugé nécessaire de faire parler également des avocats, un procureur de la république, des journalistes spécialisés ou même un ancien chef de la Police judiciaire. Car devant la loufoquerie dont fait souvent preuve Marco Mouly, il y a une vraie escroquerie derrière, mais aussi des morts dans des circonstances un peu étranges. Mais surtout, on se demande, comment tout cela a pu être possible tellement c’est improbable. Improbable oui, mais vrai, et tous ces protagonistes ont eu un rôle incroyable dans cette histoire improbable.

Ce documentaire de Guillaume Nicloux (Le Poulpe, L’Enlèvement de Michel Houellebecq) est assez dingue et passionnant. On assiste à une plongée chez les gangsters que n’aurait clairement pas reniée Martin Scorsese. C’est rythmé et décalé, au point d’en arriver à trouver cet anti-héros presque sympathique dans son exubérance. Nous sommes rapidement plongés dans une ambiance qui rappelle tous ces films de mafia du maitre du genre, avec des interviews un coup dans des arrières salles un peu glauques, un coup dans des hôtels de luxe ou des arrières de limousines. Voir un mec tatoué te raconter ce genre d’histoire dans un hammam a quelque chose de très particulier. Voir un mec se défendre de certaines accusations dans une salle de billard un peu sombre pourrait sortir tout droit d’une bonne vieille série de mafieux façon Les Sopranos. Voir Mouly se faire ramener en prison pour 20h en hummer limousine après qu’il ait balancé un petit « c’est l’intelligence de la rue qui a baisé l’intelligence des grandes écoles », ça a une saveur très particulière qui ne peut vous empêcher de sourire. Le voir exiger de passer au détecteur de mensonges lorsqu’on l’accuse d’être impliqué dans le meurtre de son ancien meilleur ami, on se dit que ce mec-là a un côté complètement barré. Vous aviez peut-être déjà vu sa tête puisque c’est surtout lui qui avait défrayé la chronique à l’époque, le bougre n’hésitant pas à s’afficher, voire à organiser des soirées ultra luxueuses avec moult invités comme Akon, Pharell Williams, Puff Daddy, Nikos Alliagas, Cyril Hanouna, ou encore Patrick Bruel. Il avait du pognon, le montrait et le dépensait sans compter. Le personnage de Coco, créé par Gad Elmaleh, serait inspiré par Marco Mouly qu’il aurait rencontré lors d’une bar-mitsva. Et puis, nous avons également le côté plus sérieux, avec les propos des hommes d’Etat, des avocats ou des journalistes qui ont suivi l’affaire. Les 1h46 du documentaire passent à une vitesse folle grâce au « festival » que nous balance Mouly, bien qu’il semble sûr et certain que ce dernier ne nous dise pas la moitié de ce qu’il en est réellement.

LES PLUS LES MOINS
♥ Avoir deux sons de cloche
♥ Marco Mouly et sa repartie
♥ L’histoire fascinante
♥ La mise en scène cinématographique
⊗ Certains personnages mis de côté
⊗ Minimise parfois les dégâts de cette arnaque
Avec Les Rois de l’Arnaque, Guillaume Nicloux signe un bon documentaire basé sur des faits réels complètement dingues dans lequel des hommes venus de nulle part ont réalisé le casse du siècle et ont mis à mal le monde politique et économique européen.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Olivier Marshall a déjà adapté cette histoire en 2017 avec le film Carbone dans lequel on retrouve Benoit Magimel, Gringe, Laura Smet, Gérard Depardieu ou encore Michael Youn.



Titre : Les Rois de l’Arnaque
Année : 2021
Durée : 1h46
Origine : France
Genre : Roh les cons !
Réalisateur : Guillaume Nicloux
Scénario : Guillaume Nicloux

Acteurs :

 Les rois de l'arnaque (2021) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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