[Docu] Electric Boogaloo, de Mark Hartley (2014)

Mélangeant interviews, nombreux extraits de films et archives, un documentaire qui retrace l’histoire de la compagnie de production Cannon dans les années 80, à travers ses nombreuses productions : les plus grands nanars du cinéma, qui ont pris de force la machine Hollywoodienne.


Avis de Cherycok :
A la phrase « Je viens de voir un documentaire sur la compagnie de production CANNON », les seules réponses que j’ai pu obtenir étaient de l’ordre de : « Je ne connais pas. » ou « Je ne sais pas ce que c’est. ». Mais si vous connaissez, tous les trentenaires ont au moins déjà vu une de leurs productions. Cobra et Over the Top avec Stallone, c’est eux ! Tous ces beaux spécimens avec Chuck Norris tels que Delta Force, Le Temple d’Or ou les Portés disparus, c’est eux ! Cyborg, Kickboxer et Tous les Coups sont Permis avec Jean-Claude Van-Damme, c’est eux ! La saga des Justicier dans la ville avec Charles Bronson, c’est encore eux ! Superman 4, Allan Quatermain et les Mines du Roi Salomon, Les Barbarians, Lifeforce, Les Aventures d’Hercule, Massacre à la Tronçonneuse 2, Les Maitres de l’Univers, American Warrior, Runaway Train,… Et la liste est encore longue puisque leur catalogue se compose de pas loin de 2000 titres ! « Grandeur et décadence de la Cannon et de ses têtes dirigeantes, Golan et Globus, l’aventure unique d’une entreprise ayant changé à jamais l’histoire du cinéma bis », c’est ce que nous promet ce documentaire des plus excellents.

Je n’ai pas l’habitude de me lancer dans ce genre de documentaires, l’absence de critiques du genre sur le site est d’ailleurs là pour le prouver. Mais la Cannon, c’est quand même quelque chose pour un ado qui commence à arpenter dans les années 90 les rayons des vidéoclubs, avec toutes ces bobines de séries B à tendance nanar (ou navet, c’est selon), ces jaquettes la plupart dessinées avec en tête d’affiche des Chuck Norris, Dolph Lundgren, Michael Dudikoff, Van-Damme et j’en passe. Alors forcément le documentaire Electric Boogaloo peut rapidement devenir intéressant, pour en apprendre plus sur cette compagnie de production aussi adulée que décriée. Existant depuis la fin des années 60 et produisant essentiellement des petits films indépendants, c’est en 1979 que la Cannon va effectuer un virage qui la montera très haut et qui la conduira à sa perte. Rachetée par deux Israéliens aussi amoureux du cinéma que du pognon, Menahem Golan et Yoram Globus, et qui partent du principe qu’il vaut mieux privilégier l’efficacité, aussi bien dans les films que dans la manière de les concevoir. Ils produisaient donc n’importe quoi, tant qu’ils pouvaient le vendre, enchainant les films jusqu’à arriver à des rendements tout bonnement hallucinants de plus de 50 films par an, avec pour marque de fabrique un ton décalé par rapport au cinéma traditionnel, un mauvais gout assumé, et une appropriation de la pop culture de l’époque. Tous les genres étaient représentés : horreur, policier, action, films en costumes, comédies, films musicaux,… avec pour seul cahier des charges de mettre des scènes de nu et de cul un peu partout. Parce que, hey, ça titille l’ado boutonneux et le jeune adulte, c’est désormais ce qu’il attend entre autres de la Cannon et donc, ça fait vendre ! Même quand le film était des plus sérieux, comme un film de guerre, ils ne pouvaient pas d’empêcher d’y coller des scènes érotiques.

On retrouve donc dans le documentaire bon nombre d’interviews de personnalités plus ou moins connus ayant à une époque travaillé pour la Cannon. Des réalisateurs donc tels que Boaz Davidson (Mon Aventure Africaine, American Cyborg), Tobe Hooper (Massacre à la Tronçonneuse 1 et 2, Poltergeist), Greydon Clark (Final Justice, La Lambada la Danse Interdite), Luigi Cozzi (Starcrash, Les Aventures d’Hercule), John Frankenheimer (Ronin, Piège Fatal), Franco Zeffirelli (Otello, La Traviata, Hamlet), Albert Pyun (Cyborg, Nemesis),… Des acteurs tels que Michael Dudikoff (American Warrior, Le Ninja blanc), Alex Winter (Le Justicier de New-York, Generation Perdue), Richard Chamberlain (Allan Quattermain et sa suite), Dolph Lundgren (Rocky IV, Les Maitres de l’Univers), Franco Nero (Django, L’Implacable Ninja), Bo Dereck (Tarzan, Bolero), et bien d’autres comme Diane Franklin, Marina Sirtis, Michael Chamber, Elliot Gould,… Mais aussi des producteurs, des scénaristes, des superviseurs musicaux, d’effets spéciaux,…
Golam et Globus ont fait tourner bon nombre d’acteurs connus et reconnus aujourd’hui. Sharon Stone, Sylverster Stallone, Christopher Reeves, Faye Dunaway, Mickey Rourke, Brook Shields… Et c’est surtout grâce à eux que Chuck Norris et Jean Claude Van-Damme sont ce qu’ils sont aujourd’hui. Ils ont fait d’eux des stars. Des stars du cinéma bis, certes, mais des stars quand même.

On navigue donc entre interviews (plus d’une centaine d’intervenants), anecdotes, extraits de films, d’interviews d’époques, documents d’archives, enregistrements audio. Tout y est très complet, très bien documenté, et surtout très intéressant, retraçant l’historique de la Cannon, leurs débuts un peu underground avant le rachat par les deux hommes d’affaires israéliens ; leur montée en puissance dans les années 80 avec des succès inattendus d’entrée de jeu avec l’arrivée aux Etats Unis des films de ninja (Enter the Ninja, Revenge of the Ninja, Ninja III : The Domination) ; la collaboration avec la MGM qui s’est mis à distribuer leurs films avec par la même occasion des budgets plus conséquents ; la période films d’action et de guerre sévèrement couillus avec des sagas telles que Un Justicier dans la Ville, Portés Disparus ou Delta Force ; le début de la chute au milieu des années 80 ; la tentative de se relancer en faisant tourner de grosses têtes d’affiche du genre Sylvester Stallone ou en donnant des suites à des licences connues (superman IV) afin de rivaliser avec les grosses majors ; le désaccord entre les deux hommes d’affaires lorsque leur petit business était au plus bas ; et enfin l’héritage qu’ils ont laissé dans le grand milieu du cinéma.
On y apprend énormément d’anecdotes, leurs différents succès, leurs échecs cuisants, leurs techniques de promotions et de vente, la création de leurs affiches, les hauts et les bas, leurs méthodes de bandits en se foutant complètement du politiquement correct, leur moyens de persuasion pour faire venir chez eux des acteurs reconnus. Mais ce qui fait la force de ce documentaire, c’est qu’il est réalisé avec un ton à la fois sans compromis et affectueux, à la fois sérieux et rempli d’humour, à la fois critique et attendrissant. Un peu pour nous faire réaliser que, au final, La Cannon, malgré toutes les critiques que le monde du Cinéma a pu et peut encore lui faire, a marqué toute une génération.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les interviews
♥ Les anecdotes
♥ Les images d’archives
♥ Très bien documenté
⊗ …
Electric Boogaloo est un documentaire sur la mythique Cannon que tout amoureux de cinéma se doit de découvrir. Merci Mad Movies de l’avoir distribué chez nous.



Titre : Electric Boogaloo
Année : 2014
Durée : 1h45
Origine : Australie / USA / Israël
Genre : : Testostérone, explosion et billets verts
Réalisateur : Mark Hartley
Scénario : Mark Hartley

Acteurs : Sam Firstenberg, David Paulsen, Luigi Cozzi, Alain Jakubowicz, Itzik Kol, Michael Hartman, Quentin Falk, Boaz Davidson, Sybil Danning, David Womark,…

 Electric Boogaloo (2014) on IMDb








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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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