[Test] Get Even (2017, PS4)

Évoluant dans un vieil asile désaffecté, Cole Black est un privé. Il est à la recherche d’une jeune femme prise en otage. Lorsqu’il la retrouve, la jeune femme est attachée à une chaise, une bombe attachée à elle. Guidé par Red, Black va chercher la vérité derrière le kidnapping.


Avis de Rick :
Get Even était un projet assez étrange qui m’attirait, puisque semblant mélanger les genres pour une expérience se rapprochant bien plus d’un Condemned que d’un banal FPS. Un FPS d’ambiance donc, voir narratif par instant. Un jeu sortant des sentiers battus, un jeu qui n’est pas issue d’une licence déjà connue, et donc un jeu risqué, développé par The Farm 51, petit studio polonais qui n’a pas grand-chose à son actif, si ce n’est un jeu VR, et un FPS multijoueur prévu pour 2018. Get Even du coup, c’est un peu le coup d’essai. Un jeu étrange, un mix de genre qui parfois fascine, parfois ennuie, est parfois tendu, glauque, et par moment relève plus de la ballade narrative, ou du « walk simulator » comme beaucoup de gens appelant ces jeux où l’on marche en vue subjective sans forcément avoir beaucoup d’emprise sur le monde qui nous entoure (mais donne parfois de très bons jeux, comme Firewatch ou Khôlat). Get Even en tout cas, je voulais y croire. Et il faut dire que le début m’a directement convaincu, me balançant sans explications dans un bâtiment abandonné, armé d’un pistolet silencieux et de mon fidèle téléphone portable multi task. Car oui le téléphone, vous allez vous en servir, beaucoup, très souvent. L’appareil permet d’utiliser une lampe, a une vue infrarouge permettant de voir les ennemis cachés, permet de scanner des indices, mais également affiche une carte, ce qui est très utile dans les nombreux niveaux ressemblant parfois à d’énormes labyrinthes.

Get Even ressemble d’ailleurs à un faux FPS, puisque les phases de shoots sont plutôt rares. Mais très prenantes au début. Car soyons clairs, Get Even n’est pas un mauvais jeu, il part de très bonnes intentions, son ambiance est soignée, mais plus l’aventure avance, plus le joueur se sent moins concerné par ce qui se passe, et donc dans un sens, l’intérêt fou le camp. Analyse. Nous jouons Cole Black, un mercenaire, un détective privé, tout ce que l’on veut. Voix bien grave, sachant se défendre, nous sommes guidés par la voix d’un inconnu se faisant appeler Red. Notre but ? Comprendre ce qui a amené au kidnapping d’une jeune femme que l’on a essayé de sauver. Et la vérité est parfois bien compliqué, et la manière d’y arriver également. Get Even nous propose donc d’analyser notre environnement, de rassembler des preuves pour tout comprendre et avancer, le tout dans un univers glauque et délabré. On évolue la plupart du temps dans des bâtiments abandonnés, un asile, ce genre de lieux peu recommandables, et peuplés d’individus qui ne nous veulent pas que du bien. Mais la bonne idée du jeu se retourne contre lui sur la durée. La première partie se fait donc assez glauque, prenante. La bande son de Olivier Deriviere (Alone in the Dark Inferno, Remember Me, ou encore Obscure pour ceux qui s’en souviennent) aide à s’immerger dans cet univers d’ailleurs. Elle nous fait stresser.

Si bien qu’on avance doucement dans les couloirs, préférant la plupart du temps s’armer de son téléphone portable pour afficher la carte en longeant les murs plutôt que d’avancer fièrement avec son pistolet silencieux à la main. Heureusement assez rapidement, le jeu nous met dans les mains un beau jouet qui change tout, à savoir une arme existant dans la vraie vie, mais rarement vue au cinéma, et jamais dans un jeu vidéo. Une arme pourtant qui change la donne. Un ennemi non loin de nous, facile, il suffira de se cacher au détour d’un couloir, et là d’une simple pression sur la croix directionnelle, le canon de notre arme ira à droite ou à gauche pour nous montrer à 90 degrés sur les côtés, nous permettant de faire feu en étant à l’abris. Véritable perle, cette arme nous permet également d’accrocher notre téléphone portable dessus, et ainsi de se servir des deux à la fois. Get Even est clairement découpé en deux parties. La première nous permet de collecter des preuves, d’explorer des lieux, le tout entrecoupé par moment de quelques fusillades. L’ambiance étrange fait le boulot, nous sommes plongés dans l’univers, beaucoup de questions nous arrivent en pleine face sans que l’on trouve une réponse logique à tout ça. C’est plutôt prenant, et d’ailleurs plutôt bien fait. Pour un petit jeu (d’ailleurs vendu 30 euros), l’univers graphique est plutôt sympa. Les développeurs ont fait le choix du photoréalisme, et si ça ne fonctionne pas totalement sur certaines textures, ça fait la plupart du temps le boulot et continue de nous plonger dans une ambiance un peu surréaliste et originale.

Le problème, c’est qu’à force de se vouloir original, de nous proposer une expérience différente et surtout de vouloir nous raconter quelque chose en se servant des nouveaux médias dans l’ère du temps (la réalité virtuelle), Get Even se mords la queue dans sa seconde partie. À force d’aller à fond dans ces idées (ce qui en soit est une bonne idée malgré tout), le jeu nous distance de l’action, de ce qu’il raconte, et le joueur ne fait alors plus qu’avancer d’un événement à un autre, sans implications, que ce soit en terme de gameplay ou en implication émotionnelle. Oui, au début, le joueur veut découvrir la vérité, évolue dans un environnement glauque, à droit à quelques fusillades pas toujours simples. Puis dans la seconde partie, le joueur a intégré les choix du jeu, en terme de gameplay mais également de narration, et l’intérêt retombe. On termine le jeu en avançant simplement, peu concernés par ce qu’il se passe. Comme si les développeurs avaient oubliés certaines choses en cours de route. Attention, je ne dis pas que le fait que la narration prenne le pas sur le gameplay soit une mauvaise chose, j’aime beaucoup certains jeux narratifs comme la saga des Yakuza, ou même les jeux que je citais plus haut comme Firewatch et Khôlat, mais Get Even tente la même chose, sans l’implication émotionnelle. Les personnages ne sont pas forcément très attachants, et le jeu essaye toujours de garder son côté gameplay, qui ne fonctionne plus à cause de la narration justement.

La seconde partie du jeu se déroule alors sans réelle surprise, et le joueur ne fait qu’avancer sans franchement se soucier de ce qu’il se passe. Quelques ennemis sont devant nous, nous tirons jusqu’à pouvoir avancer au prochain lieu important pour faire avancer l’intrigue, et puis voilà. Get Even propose certes une expérience originale, mais bancale par certains aspects. Pas détestable, très prenant au début, glauque par moment, contenant quelques moments bien prenants, puis s’essoufflant un peu trop vite et faisant redescendre l’intérêt, ne nous laissant que comme spectateur d’un gameplay et d’une ambiance qui n’évoluent pas, mais d’une histoire qui limite nos choix, nos actions. Comme si l’on regardait quelqu’un jouer en fait. Heureusement au final le jeu n’est pas très loin non plus, ce qui limite les dégâts de cette seconde partie. Que penser de Get Even ? Un jeu à la fois original, prenant, décevant parfois. On ne pourra pas lui reprocher de s’essayer à quelque chose de différent comparé au reste de l’industrie, faisant par moment penser à Condemned (l’usage du téléphone, la recherche d’indice, le côté FPS glauque), mais qui ne convint jamais pleinement. Mais pour son prix, l’expérience reste sympathique.


GRAPHISMES
La promesse de décors photoréalistes donne un aspect étrange au jeu. Certains décors sont très beaux, mais en se rapprochant, certaines textures sont dégueulasses. Mais dans l’ensemble, les graphismes donnent un cachet assez spécial et plaisant au jeu.
JOUABILITÉ
Le gros point faible du jeu. Les quelques séquences de shoot ne sont pas intéressantes, en plus d’être frustrantes, et elles se multiplient sur la fin. Quand aux énigmes, elles nous forcent juste à utiliser une des fonctions de notre téléphone. Nous sommes plus souvent spectateur que joueur.
DURÉE DE VIE
Environ 10h suffissent pour arriver au bout de l’aventure sans réelle accroche. Malgré un choix amenant une seconde fin (probablement), on n’a pas forcément envie d’y retourner, un run ayant permis de faire le tour de l’histoire et de ses enjeux.
BANDE SON
Une excellente bande son, parfois orchestrale et parfois beaucoup plus glauque, notamment au début, et sachant s’adapter à ce qu’il se passe à l’écran. Elle nous plonge clairement dans l’ambiance assez unique du soft.
CONCLUSION
Get Even avait du potentiel, et reste d’ailleurs un jeu à part, mixant les genres et les ambiances, mélangeant narration et gameplay. Sur la seconde partie par contre, ça se mord un peu la queue et le gameplay manque alors d’intérêt.

note85



Titre : Get Even
Année : 2017
Studio : The Farm 51
Editeur : Bandai Namco Entertainment
Genre : FPS narratif

Joué et testé sur : PS4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One et PC
Support : un disque


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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