Après avoir renié Dieu, un cow-boy nommé Aman, se voit affligé d’une malédiction qui ramènera à la vie tous ceux qu’il a tués et qu’il tuera. Très vite, une armée de victimes menée par Kansa, revient du monde des morts et se lance à sa poursuite. Afin d’équilibrer le combat, Aman engage un jeune guerrier, Fabulos, pour se battre à ses côtés. La bataille peut enfin commencer…
Avis de Cherycok :
Parfois, le cinéma de seconde zone nous réserve de bien belles surprises. On se lance sans grande conviction dans un truc qui sur le papier n’avait rien pour lui, et au final, ce n’est pas si mal. Parfois, même, c’est vachement bien. On est content du coup de ne pas être resté sur nos a priori car on aurait pu passer à côté d’un super bon moment. On est même fier de la découverte et on a envie de la partager avec qui voudra bien nous écouter en mode. #fier #tropbienladécouverte #delaballemonfilmenfait comme disent parait-il les jeunes d’aujourd’hui. Alors du coup, j’ai pris le réflexe de me lancer tête baissée dans certaines bobines. C’est le cas pour celle qui nous intéresse aujourd’hui, Gallowwalkers. Alors bonne surprise ? « As-tu réussi mon petit Cherycok à reproduire cette sensation d’autosatisfaction dont tu viens de nous parler ? ». J’aurais voulu, car j’aime bien Wesley Snipes. Mais force est de constater que nous sommes en présence d’une bonne grosse bousasse bien moisie du derch ! Vous aviez rêvé d’un mix entre Blade, Vampires et Le Bon La Brute et Le Truand ? Et bien Andrew Goth l’a fait, et le résultat est d’une nullité abyssale.
Les bons westerns horrifiques, ça ne court pas les rues. Beaucoup s’y sont essayés, avec plus ou moins de succès. Il y a les réussis. Bone Tomahawk par exemple. Vorace également. Ghost Town dans une moindre mesure. On pourrait aussi citer… euh… non, je crois que c’est tout. Et puis il y a les accidents, les ratages, voire les naufrages. Et là, la liste est longue. Dead in Tombstone, The Legend of the Phantom Rider, Undead or Alive, Dead 7, Cowboys & Zombies, Jonah Hex, The Quick and the Undead, Cowboys & Envahisseurs, Cowboys vs Dinosaurs (ce film existe vraiment), Walking Dead in the West, Blood Moon, … A croire que horreur et cowboys ne font pas bon ménage. Et pourtant, ils insistent à nous en sortir les bougres, ils sont infatigables alors que tant d’exemples leur prouvent qu’ils devraient s’abstenir. Les voies du navet sont impénétrables. Et donc il y a Gallowwalkers. Naïvement, on pourrait se dire qu’un Blade au Far West qui défouraille des zombies, il y a de quoi faire un truc fun à défaut d’être bon. Et puis on avait envie nous que Wesley Snipes retrouve un rôle fort comme il avait pu en avoir dans les années 90, après avoir enchainé dans les années 2000 des purges du genre 7 Secondes (2005), Nuclear Target (2005), The Detonator (2006), The Contractor (2007), L’Art de la Guerre 2 (2008). Et il est vrai que les toutes premières minutes pourraient faire illusion. Mais on va très vite se rendre compte de la supercherie qu’est cet étron cinématographique. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques explications sur l’histoire du film en elle-même. Car Gallowwalkers a eu une production compliquée.
Le tournage du film a eu lieu en Namibie fin 2006, il n’est pourtant sorti qu’en 2013. Pourquoi tant de temps pour qu’il arrive à la vente ? Et bien à cause de Wesley Snipes et de ses déboires avec la justice. En octobre 2006, un mandat est lancé contre lui à la suite d’une plainte pour fraude fiscale déposée par l’IRS, le fisc américain. Des histoires de fausses déclarations s’étalant de 1996 à 2004. Il est alors en plein tournage de Gallowwalkers en Namibie où il n’existe aucun accord d’extradition avec les USA. Néanmoins, il décide de rentrer aux States par un vol privé afin de se rendre aux autorités. Comme il plaide non coupable, qu’il accepte de payer une caution d’un million de dollars pour sa libération et que son procès est planifié en mars 2007, il peut retourner en Namibie où il termine le tournage du film. En avril 2008, le bougre est condamné par la justice de Floride à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale s’élevant à 38M$US. Oui, tout de même. Il va faire appel mais en juillet 2010, ce jugement est confirmé par la cour d’appel américaine et il est mis en taule le 9 décembre 2010. Les producteurs du film, par respect pour leur vedette, décident de ne pas sortir le film tant que Snipes sera derrière les barreaux. Le 6 avril 2013, il est libéré et doit finir de purger sa peine assigné à domicile. Mais Gallowwalkers peut sortir et les fans du bonhomme vont enfin pouvoir se régaler devant ce qu’ils espéraient être le nouveau Blade. Les pauvres, s’ils avaient su… Car pour un retour raté, on peut dire que c’est un retour raté modèle géant.
L’idée de départ du film était bonne. Certes, c’est une histoire de vengeance comme on en voit énormément dans les westerns, mais le coup du héros sous visé par une malédiction ramenant à la vie tous ceux qu’il a tués et tous ceux qu’il tuera aurait pu donner quelque chose de sympathique si le traitement qui en est fait n’avait pas été une catastrophe. Vraiment, ça aurait pu être fun, sauf qu’absolument rien n’a de sens dans ce film. Notre héros prend un mec au hasard pour en faire un équipier, sans savoir ce qu’il vaut. Pourquoi diable préfère-t-il attendre que les démons viennent le chercher ? Pourquoi le grand méchant n’a plus aucune peau alors qu’il a juste pris des balles ? Pourquoi le gros démon survit à une guillotine mais pas à un caillou jeté derrière sa tête par un mioche ? Pourquoi les sbires visent encore plus mal que des stormtroopers ? Les incohérences se comptent par brouettes et le scénario est parfois incompréhensible, ne sachant pas quoi faire de ses sauts dans le temps au point de nous perdre très régulièrement. Les enjeux sont clairement nébuleux, et toute la première heure. Le film nous balance plein de personnages semblant sortir de Mad Max 2 mais dont on cherche encore l’intérêt d’un tel look, nous colle un plan nichon bien gratos histoire que le cahier des charges soit respecté, mais on ne bite pas un broc de ce que le film cherche réellement à nous raconter. On nous met du flashback en veux-tu en voilà qui, à part nous faire péter de rire devant leur ridicule, ne font que ralentir le rythme d’un film qui nous avait déjà mis en état d’apoplexie.
Mais que c’est loooooooooong ! Que c’est mouuuuuuuuuuuu ! Que c’est chiaaaaaaant ! Gallowwalkers est bien trop bavard et trop avare en action. Le film abuse tellement des punchlines que ça en devient grotesque, voire risible. Les dialogues semblent récités et les acteurs n’ont absolument aucun charisme, souvent affublés de moustaches d’un autre temps et de perruques blondes immondes. Je vous jure, il est parfois difficile de contenir un fou rire devant le look improbable de certaines scènes.
Et au milieu de tout ça, un Wesley Snipes qui semble en pleine dépression, toujours en mode poseur. Un coup je regarde dans le vide l’air suspicieux, un coup je balance une punchline l’air sérieux, un coup je me tripote la barbichette blanche et noire. On en a vu des acteurs inexpressifs, mais là il est dans le haut du panier (sans doute miné par ses histoires avec la justice). Son costume lowcost n’est pas là pour aider la crédibilité déjà au ras des pâquerettes de son rôle, au point qu’il aurait pu figurer dans les pires post-nuke philippins de Cirio H. Santiago. Mais où a bien pu passer ce budget certes pas faramineux mais néanmoins confortable pour ce genre de film de 17M$US !?! Ce n’est pas la pauvreté des décors qui en ont eu raison. Trois bouts de décors plantés au milieu du désert et wouala. Ou alors le budget coke a été très élevé. Car quand on voit les mouvements de caméra improbables (vas-y que je te la fais tourner dans tous les sens), on se dit que les techniciens avaient dû bien s’en mettre dans les narines. Même chose pour le monteur en totale roue libre qui a dû se tromper en prenant le sucre glace à mettre sur son goûter.
On ne peut que constater le gâchis. C’est fort dommage car, à part ça, visuellement, c’est plutôt soigné. Les références aux westerns spaghettis semblent sincères et quelques idées auraient pu être funs (mais sont très mal exploitées). Certains maquillages sont également réussis, comme par exemple l’arrachage de lèvres et tous ceux à l’ancienne. Mais dès qu’on part sur du CGI, on retombe dans le ridicule (stop au sang numérique bordel !). Quoi qu’il en soit, les points positifs sont bien trop peu nombreux pour arriver à compenser le naufrage cinématographique auquel on vient d’assister.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les paysages désertiques ♥ Quelques maquillages réussis |
⊗ Le rythme ⊗ Les dialogues ⊗ Les acteurs ⊗ La mise en scène |
Note : Note fun : |
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Gallowwalkers réussit le pari, pourtant pas facile, de faire pire que les autres productions lowcost dans lesquelles Wesley Snipes a tourné dans les années 2000. C’est mauvais, mou, chiant, ridicule, … A ranger du côté des purges cinématographiques. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• La voix off qu’on entend tout le long du film a été faite par un sosie de voix de Wesley Snipes, l’acteur n’étant pas très disponible à cause de ses déboires avec la justice.
• Le film devait s’appeler au départ The Wretched. Paz Vega, Catalina Sandino Moreno et Chow Yun Fat devait faire partie du casting. Le tournage était planifié pour juin 2005 au Nouveau Mexique mais n’a finalement pas eu lieu.
• Le réalisateur du film, Andrew Goth, n’est guère prolifique. 4 films à son actif s’étalant de 1999 à 2015. Everybody Loves Sunshine (1999) avec David Bowie, Cold and Dark (2005) avec Luke Goss, Gallowwalkers (2013) donc, et MindGamers (2015) avec Sam Neil.
Titre : Gallowwalkers / Gallowwalker
Année : 2013
Durée : 1h30
Origine : U.S.A / Angleterre
Genre : Blade 0
Réalisateur : Andrew Goth
Scénario : Joanne Reay, Andrew Goth
Acteurs : Wesley Snipes, Kevin Howarth, Riley Smith, Tanit Phoenix Copley, Simona Roman, Steven Elder, Patrick Bergin, Jay Grant, Hector Hugo