Un tremblement de terre vient semer la pagaille dans une ville Japonaise. Notre avatar va devoir se frayer un chemin parmi les ruines de la ville en aidant les autres pour espérer s’en sortir.
Avis de Rick :
Disaster Report 4, ou dans son pays d’origine, Zetta Zetsumei Toshi 4, voilà bien un jeu que j’attendais, et que nous n’avons presque jamais eu. Car Disaster Report, même si ça ne parle pas forcément beaucoup aux Européens, c’est une saga qui me tient à cœur, débutée en 2002 par le studio Irem au Japon, avant de sortir un an plus tard dans le reste du monde. En France, le jeu change de titre, devenant SOS The Final Escape. Une ville au Japon, des tremblements de terre, le chaos, et voilà qu’il faut faire survivre notre avatar numérique brun. Enfin, brun, ça c’est au Japon, puisque lors de sa localisation hors de l’archipel, le jeu a droit à des changements de look et de noms pour les personnages, pour « américaniser » un peu tout ça. Du coup des années plus tard, j’aurais enfin pu faire la version originale en achetant le jeu sur le PS Store Japonais. Car oui, en 2002, la Playstation 2, elle était zonnée, et l’import, ça coûtait déjà un bras. Si en France, ce ne fut pas un gros succès, le jeu a immédiatement une fanbase au Japon, et en 2006 débarque une première suite, Zettai Zetsumei Toshi 2, qui débarque encore une fois un an plus tard dans le reste du monde. Un Disaster Report 2 ou SOS The Final Escape 2 ? Pas du tout, le jeu se renomme alors Raw Danger, et je dois l’avouer, c’était mon épisode préféré, où le danger était à présent un énorme tsunami. En plus de gérer donc la soif, la faim et les dangers autour de nous, il fallait aussi gérer l’humidité et la température de notre personnage. Pas pour rien que pour sauvegarder, cela se faisait au niveau de radiateurs. La localisation change encore une fois les personnages. Un troisième opus vit le jour en 2009 sur PSP, mais jamais il ne quitta le Japon. Un quatrième opus est rapidement dans les cartons, pour la Playstation 3, avec l’utilisation du Playstation Move de prévu.
Devant sortir le 10 Mars 2011, le jeu est retardé pour sortir plus tard au Printemps, sauf que comme on le sait depuis, le 11 Mars 2011, c’est le drame au Japon. Le 14 Mars, le jeu est donc tout simplement annulé. Entre temps, Irem n’existe plus, mais beaucoup de développeurs forment un nouveau studio, Granzella, qui récupère les droits de la franchise en 2014. Le premier jeu qu’ils développent, j’en ai déjà parlé, ce sera City Shrouded in Shadow, qui débarque sur Playstation 4 en 2017. Même concept, fuir une ville en ruine, mais avec des Kaiju cette fois-ci. Un jeu trop facile, trop court, techniquement à la ramasse (mais les Disaster Report sur Playstation 2, aussi ambitieux soient-ils, étaient parfois bien à la ramasse aussi), mais amusant, nostalgique, avec pleins de Kaijus, et finalement extrêmement prenant. Pour le second jeu, Granzella reprend Disaster Report 4 à partir de rien, pour le sortir sur Playstation 4. Le jeu sort au Japon en 2018, et après un nombre incalculable de demandes de la part des fans, le voilà qui débarque dans le reste du monde en 2020, non pas en exclusivité Playstation 4, mais également sur PC et Nintendo Switch. Et comme je suis peu patient, vous pouvez rire, mais j’ai deux fois le jeu. En version Japonaise et en version Européenne. Et comme je met parfois 5 ans à faire mes jeux, c’est dans sa version sous titrée en Anglais que je me serais lancé dans l’aventure (j’avais fais le premier chapitre il y a quelques temps en version Japonaise, et ça m’avait bien accroché). Nous parlerons ici bien entendu de la version Playstation 4, qui détient en plus des chapitres jouables en VR pour ceux qui le veulent. Je n’ai donc pas touché à la version PC (apparemment recommandable) ni à la version Switch, souffrant apparemment d’une optimisation aux fraises.
Car comme ses ainés, et comme le jeu précédent du studio, Disaster Report 4 en a des défauts, et s’il n’était pas aussi prenant et ambitieux, on pourrait dire que ce serait un désastre. Mais malgré tout le bien que je pense de cette licence, qui tente des choses et surtout qui offre une bouffée d’air frais (pas d’open world, pas d’action, pas de guns, pas de course aux graphismes photo réalistes t’as vu), Disaster Report 4 m’est tout de même apparu comme moins bons que les précédents. Explications. Après avoir choisi notre avatar, au choix féminin ou masculin, puis avoir choisis son visage, sa coiffure, sa couleur de cheveux, son nom et la raison de sa présence dans la ville, nous voilà jetés dans le jeu, dans le chaos, car après seulement deux petites minutes dans un bus et un choix qui prendra de l’importance bien tardivement, un tremblement de terre débarque, le bus se renverse, et nous voilà à prendre le contrôle de notre personnage à peine sorti de sous les débris. On déambule donc dans les rues, on observe les habitants sous le choc, on se rend dans les boutiques les plus proches pour constater les dégâts et voir comment tout le monde gère la catastrophe. Sans surprises, beaucoup sont sous le choc, certains restent au sol, certains pleurent leurs proches, d’autres ont peur pour le reste de la ville, et certains profitent du chaos et de la crédulité de ceux qui veulent juste survivre. Et comme tout bon (??) tremblement de terre, les choses ne s’arrêtent pas là, puisque des mini répliques surviennent souvent, et que les bâtiments aux alentours menacent de s’écrouler à tout moment.
Et Japon oblige, certaines zones sont tout simplement inondées, certains quartiers submergés. D’un côté donc, il va falloir faire attention à son environnement. Courir comme un débile alors que le sol tremble comme pas permis, c’est l’assurance de tomber au sol et de se blesser, en plus d’augmenter sa barre de stress. Mais cas opposé, rester bien trop à proximité d’un énorme bâtiment menaçant alors que le sol tremble et celui-ci pourrait s’écrouler, littéralement sur nous et mettre un terme à l’aventure. Il va falloir réfléchir, faire des choix, mais avancer avec précautions. Il faudra faire attention à son environnement pour avancer, et décider quand s’accroupir et rester là pour éviter une chute, et quand sprinter pour sauver sa vie. Alors quand le jeu va nous faire traverser des environnements en ruines, d’autres en parti inondés, passer sur des ponts fragiles, ou même traverser en bateau des zones totalement submergées, il y a de quoi faire. L’environnement sera un danger, mais le joueur devra surveiller d’autres paramètres, comme la faim et la soif bien entendu. Bon, il faudra aussi aller aux toilettes, car sinon, on se fait dessus et le stress augmente. Mais c’est aussi envers les autres survivants qu’il faudra interagir, et donc faire attention, le monde de Disaster Report 4 étant souvent sans pitié. Si l’on trouvera des personnages qui sont, comme nous, juste là pour survivre et tenter d’aider son prochain (même si le joueur pourra lui n’aider personne), il y a les autres, ceux qui profitent de la situation et du chaos pour faire n’importe quoi. Le faux marchand qui fait monter les prix dans les magasins, vendant une bouteille d’eau 10 000 yens au lieu de 100 yens. Les deux hommes qui s’en prennent aux femmes. Et même d’autres cas qui ne sont pas des menaces premières pour le joueur, mais qui sont malgré tout là.
Disaster Report 4 n’hésite pas à parler de sujets graves. En gros, on y trouvera carrément la vente d’esclaves, de viol, d’espionnage d’entreprises, du regard des habitants envers les étrangers, les sectes abusant de la crédulité des gens, et même d’abus envers des étudiants, ou encore de ceux qui cherchent à sauver leur peau plutôt que d’aider les autres. Un ton souvent très grave donc, et souvent un peu contrebalancé par des éléments plus légers. Car comme dans City Shrouded in Shadow, certains événements sont difficiles à prendre au sérieux, tandis que certains éléments que l’on trouve dans le jeu, d’ordre cosmétiques, rendent l’ensemble comique. Il sera possible par exemple de jouer en portant un bikini, une tenue de père noël, de pompier, de flic, de cuistot, le tout avec le chapeau qui va avec. Et puis quand au détour d’un quartier, on décide d’aider une gamine qui pleure comme pas permis et que l’on doit risquer sa vie juste pour récupérer une peluche, c’est forcément moins grave comme ton. Même si c’est souvent optionnel, il faudra aider son prochain dans Disaster Report 4 pour avancer, même si souvent, la marche à suivre reste à voir. Car le jeu contient de nombreux choix multiples, certains ne changeant pas grand-chose, et d’autres oui. On pourra en effet décider d’aider la population avec entrain, à contrecœur, ou tout simplement décider de ne pas aider certaines personnes et continuer son chemin. Sur le dernier tiers par contre, les choix font vraiment une différence, puisque la dernière ligne droite du jeu sera totalement différente. Une fin nous amènera à l’aéroport avec certains personnages et certains thèmes, tandis qu’une autre fin nous amènera à la Mairie, pour d’autres personnages et d’autres thèmes. Ce choix de dernière minute est appréciable, même si j’ai largement préféré le cheminement de l’aéroport, qui semble de plus logique vis-à-vis de notre personnage, venant d’une autre ville, et donc voulant simplement regagner son chez soit.
Par contre, le jeu se découpe clairement en deux parties. La première partie (entre 5 et 7h) nous fera évoluer dans divers décors et survivre à des catastrophes tout en aidant (ou pas) les autres. Tandis que la seconde (le jeu se déroulant sur 5 ou 6 jours), durant environ la même durée, nous fait revenir sur tous les lieux déjà visités, et oublie quelque peu les dangers de l’environnement pour se focaliser sur les personnages et les situations à choix, pour bien nous montrer comment la population tente de se relever. Non pas que cette partie soit moins intéressante que la première, elle réserve de très bons moments, et certains moments durs m’auront même mis sur le cul, mais le désastre, bien que présent dans les rues avec les décombres et j’en passe, semble alors totalement en arrière plan, dommage. Mais il est impossible de parler d’un Disaster Report sans parler de la technique, et donc de tout ce qui ne va pas. Et il y a un paquet de choses à dire, des choses qui vont en rebuter plus d’un, mais qui pour ceux séduit par la saga depuis le temps ou par le concept, ne vont pas changer leur verdict général du jeu. Alors, visuellement, même si le jeu a été reprit à zéro et sort sur la dernière génération de console, on ne va pas se mentir, ce n’est pas toujours très beau. Les animations faciles sont aux fraises, certaines animations tout court le sont aussi, et si un soin a été apporté aux décors (heureusement, vu qu’on en traverse pas mal et qu’ils s’écroulent parfois sur notre gueule), les modèles des personnages sont eux parfois bien ratés.
Sur Playstation 4 par contre, le framerate est bien plus stable qu’espéré, et bien meilleur que sur les premiers jeux sur Playstation 2. Il est même bien plus stable que City Shrouded in Shadow, qui lui avait des chutes assez sévères. Ici, à quelques moments près, c’est stable et plutôt propre, bien optimisé donc. Les musiques sont la plupart du temps discrètes, rien de spécial à dire là-dessus. Les bruitages eux vont du très convaincant (les secousses, les bâtiments qui s’écroulent) à l’exagéré, dommage. Les commandes par contre demanderont bien un petit temps d’adaptation, c’est très rigide. Trop diront certains. Autant à pied, qu’en rampant (c’est très lent là, vraiment en plus) que lorsque l’on devra ramer en bateau. La maniabilité en véhicule par contre a été améliorée comparé à leur précédent jeu, rendant ces quelques phases plus simples. La progression elle ne choquera personne, ça reste assez linéaire dans les grandes lignes malgré les choix qui eux changent de nombreux détails lors de notre chemin ou envers les personnages, mais certains seront frustrés par un élément simple. Parfois, pour avancer, il faut avoir fait quelque chose pour débloquer un autre élément. On ne peut pas directement se rendre là où il faut aller lorsque l’on sait où aller (lors d’un second run par exemple), puisque le jeu nous force donc à faire ce qu’il faut faire, dans l’ordre. Mais cette progression, elle est sympathique je trouve. Car Disaster Report 4 ne nous prend pas par la main. Aucun indicateur à l’écran nous disant « va 200 mètres à droite », rien sur la carte avec un gros point d’intérêt indiqué (d’ailleurs la carte, je la trouve peu pratique et ne l’ai jamais utilisé).
Non, il faudra écouter les gens, savoir où aller, et se servir de sa boussole affichée constamment à l’écran en bas à droite. Une non prise en main qui ajoute réellement un côté réaliste au jeu, et qui n’est jamais vraiment pénalisant, les différents quartiers que l’on traverse n’étant jamais réellement immenses. Un petit quartier, un autre petit quartier, un parking, une résidence, une zone portuaire, une gare. Si l’on accroche à son concept, c’est un réel plaisir d’explorer chaque zone, malgré un défaut assez gênant dans les zones intérieures. Dans les plus petites zones, la caméra est en effet totalement à l’ouest. Est-ce la raison pour laquelle les développeurs ont ajouté d’une pression sur la touche L1 une vue subjective ? Possible, car lorsque l’on devra déambuler dans des petits corridors intérieurs, elle sera bien plus pratique, en plus de nous donner un aperçu de la fonction VR du titre. Les habitués de la franchise ainsi que ceux voulant des expériences différentes mais qui ne fuiront pas devant une technique ayant clairement facilement 10 ans de retard passeront un excellent moment. Pour les curieux, cela pourrait même être une bonne porte d’entrée dans la saga, en espérant que celle-ci ne s’achève pas maintenant, et qu’il ne soit pas nécessaire d’attendre encore 10 ans avant de voir un nouvel opus. Entre temps, l’industrie nous aura bien abreuvé d’une trentaine d’open world générique pleines de quêtes fedex, même si dans le cas de ce Disaster Report 4, on en aura bien quelques unes (chercher le ciseau pour obtenir la clé pour obtenir les fleurs pour ouvrir la porte).
GRAPHISMES |
Un certain soin sur les décors, mais il faut avouer que le reste tient plus d’un jeu PS3, en début de vie. Les animations sont risibles, les personnages jamais expressifs, beaucoup de défauts, quelques petits bugs. Heureusement, là n’est pas le plus important. |
JOUABILITÉ |
La licence n’a pas franchement évoluée, mais ce n’est pas plus mal, elle garde son identité. Oui, c’est vieillot dans ses mécaniques et son design, mais le jeu accroche malgré tout. |
DURÉE DE VIE |
Le jeu n’est pas si long, environ 12h pour en venir à bout. Reste un point crucial de l’histoire qui peut amener de la rejouabilité. |
BANDE SON |
Si les doublages sont parfois aux fraises, et les musiques très souvent en retrait, mais l’ambiance sonore, les sons, tout fonctionne parfaitement. |
CONCLUSION |
On l’a attendu très longtemps, et il est enfin là. Disaster Report 4 nous offre ce que l’on était en droit d’attendre de lui. Une nature qui se déchaine contre nous, des personnages à aider (ou pas), des décisions à prendre, un poil de gestion. Les défauts habituels et retards techniques sont toujours là, mais peu importants si l’on adhère au concept. |
Titre : Disaster Report 4 : Summer Memories
Année : 2018
Studio : Granzella
Editeur : NIS America
Genre : Survivre au désastre
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, PC, Nintendo Switch
Support : un disque
Galerie d’images :