[Film] The Wicker Man, de Neil LaBute (2006)

Edward Malus se rend sur l’île de Summerisle pour enquêter sur la disparition d’une petite fille, qui pourrait bien être sa propre fille. Au cours de ses investigations, il découvre que la population locale se livre à d’étranges cérémonies d’un autre âge et que la jeune disparue a peut-être été victime d’un sacrifice humain…


Avis de Rick :
Il fallait que je parle de The Wicker Man version 2006. Il le faut. Le monde doit savoir. Les amateurs de nanars le savent déjà de toute façon, The Wicker Man est une perle. Un film d’extrêmes. Extrêmes oui, car d’un côté, nous avons un film loin d’être convaincant, mais qui fera rire, énormément. De l’autre, un film qui de l’aveu de Nicolas Cage, fut conçu par le réalisateur et également scénariste Neil LaBute comme une comédie noire. Et d’un autre côté, nous sommes tout de même face à un remake de l’excellent The Wicker Man de Robin Hardy, et ça ce n’est pas rien. Et du coup, il est forcément un peu paradoxal de parler de The Wicker Man. Oui, on rigole devant. Oui, Nicolas Cage est totalement déchainé, mais on peut avoir des doutes sur le côté volontairement comique du film. On a en réalité beaucoup plus l’impression d’un film qui essaye, puis passé un stade, abandonne et se laisse aller à une étrangeté difficile à cerner. Mais commençons au commencement. Nicolas Cage joue Edward Malus, et contrairement à ce que son nom laisse supposer, non, il ne travaille pas dans les assurances, non, il est flic. Un flic qui prend un peu de repos forcé suite à la mort d’une famille devant ses yeux, à cause d’un accident de la route. Bon directement, quelque chose cloche dans la présentation de ce personnage. Vouloir donner un lien plus fort au personnage et un passé, c’est une bonne chose. Car Edward a un trauma, et part chercher une petite fille sur Summerisle parce qu’il s’agirait en fait de sa propre fille. Le souci, c’est la manière de nous montrer tout ça. Entre l’accident venant de nulle part, la petite fille morte qui s’avère être une peste si bien qu’on s’en fou un peu en fait (oui c’est triste à dire), et ce trauma qui revient en flashback au personnage toujours quand il ne faut pas, si bien que l’effet dramatique devient un effet comique, et bien, c’est étrange, ça nous laisse sur un sentiment étrange. Heureusement, ou malheureusement, les choses se calment lorsque Cage arrive sur Summerisle.

Le culte étrange du film original a quelque peu changé, puisque cette communauté est maintenant une communauté féminine, où les rares hommes ne sont là que pour le travail difficile dans les champs, obéissant aux femmes. Un choix pas forcément choquant en fait, et qui pourrait amener de bonnes choses, et qui permet de mettre en avant quelques actrices, notamment Frances Conroy en docteur, Ellen Burstyn en chef de communauté, et la toujours charmante bien que maintenant disparue des écrans Leelee Sobieski. Et au départ d’ailleurs, outre ce changement, et le fait que l’aspect musical du film original est absent (la musique est d’ailleurs signée Angelo Badalamenti), The Wicker Man version 2006 tente quelque peu d’être proche du film original. L’ajout du trauma, d’une motivation personnelle pour le personnage, le changement de la communauté pour une communauté féminine ne change en rien la structure narrative du film, à base d’enquêtes, de fausses pistes, de cultes étranges dans une communauté coupée du reste du monde. Presque fidèle donc, mais moins étrange, moins percutant. Mais doucement, les quelques lignes de folies qui vont suivre commencent à se dessiner doucement, avec un Nicolas Cage allergique aux abeilles (mais qui court pour leur échapper en plein dans le nid des abeilles, habile Bill), et dont le trauma voudrait que le personnage soit au bord de la rupture. Elle viendra cette rupture, et sonnera comme une récompense après un remake beaucoup trop sage et passe partout durant une heure. Car si The Wicker Man est réputé, c’est bien pour ses 40 dernières minutes de pure folie, avec un Nicolas Cage criant, ses dialogues cultes que l’on peut ressortir en soirée avec des potes, ses plans étranges qui semblent presque sortir d’un autre film. Oui, quand l’intrigue est dévoilée, que l’intégralité des personnages sont là et que Nicolas Cage n’a plus rien à perdre et se décide à y aller à fond, le film ne recule plus devant rien. Qui aurait pu penser qu’une simple poupée brûlée aurait pu mettre le feu aux poudres ?

Car oui, c’est un festival totalement culte qui arrive alors. Pas forcément de bon goût, mais qu’importe tant que le spectateur s’éclate. On se rappellera longtemps de Nicolas Cage menaçant avec son arme une femme innocente en lui disant « STEP AWAY FROM THE BIKE ». Mais on se rappellera surtout très longtemps de tout ce qui suit, avec un Nicolas Cage qui se retrouve à faire des High Kick à une Leelee Sobieski semblant imiter une tigresse, puis se déguisant en ours pour tabasser des femmes à coup de crochets du droit comme si de rien n’était. Oh oui que c’est savoureux. Le tout entrecoupé de plans surréalistes de femmes nues recouvertes d’abeilles ou de mâles muets au corps recouverts de pustules et d’habitants masqués. Faut-il y voir un message sur les femmes prenant enfin le dessus sur les hommes, avec cette société où les hommes ne sont rien et où les femmes ont enfin les pleins pouvoirs ? Qu’importe au final, mais remercions Nicolas Cage pour tous ces grands moments improbables, et ce même si la scène la plus culte du film a été coupée de la version cinéma (« Noooooooo not the bees »), mais reste tellement connue qu’elle fait presque partie de l’inconscient collectif ou de la pop culture. The Wicker Man, c’est bancal, c’est parfois totalement fou et improbable, c’est extrêmement drôle même si on ne sait pas si c’est volontaire ou pas, mais en effet, vu certains passages, il est très probable que l’équipe ne s’est pas vraiment prise au sérieux. Mais c’est aussi étrange durant la première heure où ça semble aussi un peu trop se prendre au sérieux. Et n’oublions pas cette scène finale où débarque un jeune James Franco, face à Leelee Sobieski, avant un insert audio dont on se demande encore 15 ans après pourquoi, pourquoi ça, pourquoi là ? Une énigme ! Mais une énigme tellement drôle ! Et vous vous en doutez, si The Wicker Man n’est pas bon en soit, j’adore le revoir. Pas bon, mais impossible à détester.

LES PLUS LES MOINS
♥ Step away from the Bike
♥ How did it burn ?
♥ Nooooo not the bees
♥ Nicolas Cage déguisé en ours qui tabasse des femmes
♥ Le coup du flashback qui débarque sans prévenir
⊗ Objectivement pas très bon
⊗ Des scènes étranges incompréhensibles
⊗ Une première heure un peu trop sérieuse
note6
Vous voulez rire avec vos amis ? Regardez The Wicker Man ! Vous êtes fan de Nicolas Cage ? Regardez The Wicker Man. Vous avez toujours rêvé de frapper des femmes déguisé en ours ? Regardez The Wicker Man !


Titre : The Wicker Man
Année : 2006
Durée :
1h42
Origine :
Etats Unis
Genre :
Thriller comique
Réalisation :
Neil LaBute
Scénario :
Neil LaBute
Avec :
Nicolas Cage, Ellen Burstyn, Kate Beahan, Frances Conroy, Molly Parker, Leelee Sobieski, Diane Delano, Michael Wiseman, Erika Shaye Gair et Christa Campbell

The Wicker Man (2006) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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