[Film] The Velocipastor, de Brendan Steere (2018)


Après le décès de ses parents, un jeune prêtre se rend en Chine. Il hérite d’un pouvoir qui le rend capable de se transformer en dinosaure. Horrifié par cette faculté, l’homme d’église veut à tout prix s’en débarrasser. Une prostituée le convainc cependant d’utiliser cette force afin de combattre le crime…et les ninjas.


Avis de Cherycok :
Lorsque l’affiche et la bande annonce de The Velociraptor ont été lâchées sur Internet il y a un peu plus de deux ans, elles ont fait le tour du monde à une vitesse grand V, les gens les relayant dans tous les sens tant cela semblait complètement improbable. Il faut dire que l’histoire d’un prêtre qui a la capacité de se transformer en dinosaure afin de péter la gueule à des ninjas avait de quoi faire trépigner d’impatience les amateurs de bobines bien Z. Idée de départ improbable, budget dérisoire, costume de dinosaure en latex, il y avait clairement de quoi se marrer un bon coup lors d’une soirée bières / pizzas entre potes. Sauf que The Velociraptor est bien différent de bobines telles que Sharknado ou toute autre production bas de gamme made in The Asylum ou SyFy. On est plus dans l’hommage aux séries Z d’antan, l’hommage aux films bis faits avec trois bouts de ficelle et un peu de carton-pâte mais avec une réelle envie de bien faire. Il en résulte une comédie qui ne va parfois pas assez loin dans le délire qu’elle entreprend (faute de budget ?) mais qui est au final bien mieux que prévu !

Pour ce qui est de l’idée du film et de sa conception, c’est une longue histoire. Il faut revenir quelques années en arrière, en 2010 très exactement. Le jeune Brendan Steere, étudiant en arts visuels à Manhattan, discute sur son téléphone. Son correcteur orthographe lui propose « Veloci Pastor » lorsqu’il fait une faute au mot Velociraptor. Il trouve que ça pourrait faire un bon titre de film. Pour son projet de fin d’année, il fait un court métrage avec plusieurs bandes annonces grindhouse dont une appelée Velocipastor. Cette vidéo faisant plus de 45000 vues sur Youtube en peu de temps, il se dit que ça serait une bonne idée d’en faire un film. Fan de Bergman et Tarkovsky, il se met à écrire un scénario en se posant la question durant plusieurs années sur ce qu’il voudrait dire sur l’Eglise Catholique. En parallèle, il se lance dans deux campagnes de financement participatif, une sur Kickstarter, et une autre sur Seed&Spark qui n’aboutiront pas. En 2016, il se dit « Pourquoi ne pas abandonner tout ça et juste faire un film fun. Un film qui n’aurait d’autre but que celui d’être fun. ». Mais il manquait encore et toujours l’argent pour financer le film. C’est alors qu’un ami d’une amie de sa mère se propose de les aider et d’engager l’argent nécessaire au projet : 35000$. Ainsi naquit The Velocipastor tel qu’on le connait aujourd’hui, devenu culte juste par son titre. Mais alors que tout le monde met immédiatement le film au même rang que Sharknado, ce que le réalisateur peut comprendre, il précise malgré tout que Velocipastor est plus un hommage à tous les films qu’il adorait pendant son enfance. Ces films à petit budget tels que El Mariachi de Robert Rodriguez, ou des bobines plus obscures fleurant bon avec le cinéma bis mais qui pour lui étaient bien plus honnêtes et généreuses qu’une bonne partie de la production cinématographique hollywoodienne. Et il en profite aussi pour se moquer gentiment des mockbusters remplis de CGI dégueulasses qui ont égayés les bacs de dvd en soldes ces dernières années.

Quand on se lance dans The Velocipastor, il faut prendre toutes ces choses en compte. On est ici dans une comédie, dans un gros délire partant d’une idée bien conne. Vu le budget, on se doute que le film sera vite limité, mais le réalisateur en était lui-même conscient, allant jusqu’à jouer là-dessus via un excellent gag (l’explosion de la voiture) plutôt que de nous pondre du CGI dégueulasse. Il le dit lui-même lors d’une interview, un trucage artisanal vaudra toujours mieux que de l’image de synthèse ratée. Et du coup, on se fiche éperdument du scénario qui tient sur un coin de table, du jeu souvent approximatif des acteurs, du costume de dinosaure absolument ridicule, de la pauvreté abyssale de certains décors. Tout ça n’a aucune importance car le délire est bon. Brendan Steere va s’amuser des clichés du genre de productions auxquelles il rend hommage (le rire forcément diabolique du méchant par exemple). Il en profite également pour égratigner la religion, entre autres en associant un prêtre et une prostituée. Bien entendu, les limites du budget sont là, et on sent que certaines scènes sont très rallongées afin de péniblement arriver à 1h15 générique de fin compris. Mais on se marre. Certains dialogues sont très bien écrits et surtout extrêmement funs (La prostituée : “I don’t know much about god …” – Le prêtre “I don’t know much about dinosaurs”… ). Les scènes de transformation en dinosaure sont improbables et donnent lieu à des moments out of this world (le combat de fin contre les ninjas). Et puis le film a la bonne idée de ne jamais se prendre au sérieux, ce qui aura pour conséquence de faire planer ce ton extrêmement léger tout du long. Dommage que le film ne pousse pas son délire encore plus loin, sans doute à cause des contraintes budgétaires. Mais le réalisateur a envie de se lâcher dans une séquelle car, selon ses dires, « Dans le monde de VelociPastor, tout est permis et tout est fun ». Et ça tombe bien car le scénario est déjà écrit et qu’il n’y a plus qu’à le tourner.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le postulat de départ, improbable
♥ Certains dialogues savoureux
♥ Un prêtre, des ninjas, un dinosaure
♥ L’hommage
⊗ Certains gags en deçà
⊗ Délire pas assez poussé
⊗ Les limites du budget
Derrière le délire improbable qu’est The VelociPastor se cache un hommage au cinéma bis, voire Z, si cher au jeune réalisateur Brendan Steere. Il est clair que ça ne parlera pas à tous les publics. Pourtant, cette petite comédie sincère se savoure avec un petit sourire au bord des lèvres du début à la fin.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le réalisateur ne s’est pas payé afin d’optimiser son budget, ainsi que certains membres de sa famille qui ont participer au projet.
• Pendant un certain temps, le film est devenu une blague politique en Espagne. Lors d’une grande élection, un des candidats d’extrême droite se faisait appeler « El Velocipastor », et du coup le film a pris une toute autre signification dans le pays.
• Guillermo Del Toro est une grosse source d’inspiration pour le jeune réalisateur Brendant Steere. Le prêtre du film s’appelle Doug Jones en hommage à l’acteur Doug Jones du Labyrinthe de Pan qui, pour lui, est le meilleur film jamais réalisé.
• A la fin du tournage, le film a été placé dans un four et cuit à 200 degrés Fahrenheit pendant 10 minutes pour obtenir un aspect vieilli.


Titre : The Velocipastor
Année : 2018
Durée : 1h15
Origine : U.S.A
Genre : Jurassic Priest
Réalisateur : Brendan Steere
Scénario : Brendan Steere

Acteurs : Greg Cohan, Alyssa Kempinski, Claire Hsu, Aurelio Voltaire, Jesse Turits, Nicholas M. Garofolo, Daniel Steere, Fernando Pacheco De Castro, David Sokol

 The VelociPastor (2018) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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