Après avoir épargné la vie d’une fillette pendant un massacre, un assassin membre d’une triade est pris pour cible par un groupe de gangsters meurtriers. C’est le début d’un déchainement de violence qui ne laissera personne indemne…
Avis de Cherycok :
Lorsque The Raid premier du nom de Gareth Evans sort en 2011, il eut l’effet d’une petite bombe dans le milieu du cinéma d’action. Sorte de gros défouloir hallucinant, il posa de nouvelles bases que seul son réalisateur arriva à reproduire dans la suite risquée qu’était The Raid 2 (2014), elle aussi hautement jouissive. Avec ce diptyque, l’Indonésie semblait être le nouvel El Dorado du cinéma d’action brut de décoffrage et d’autres réalisateurs ont tenté de tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de Timo Tjahjanto, plus connu sous le nom des Mo Brothers lorsqu’il travaillait avec son comparse Kimo Stamboel sur des films tels que Macabre (2009) ou Killers (2014). Ils se sont séparés après le film Headshot (2016), bobine d’action vite cataloguée de « nouveau The Raid » lorsque les premières images sont apparues sur la toile, mais au final bien trop bancale pour retenir l’attention. Mais alors qu’un The Raid 3 risque de ne jamais voir le jour selon Gareth Evans, voilà que déboule le nouveau film de Timo Tjahjanto en solo, directement sur Netflix, intitulé The Night Comes For Us. Un spectacle d’action ultra-violent se voulant dans la continuité de la saga The Raid. Et il l’est. Enfin presque… Car j’émettrais malgré tout quelques réserves…
Le programme de The Night Comes For Us est des plus simples. Ça sera de la baston, du sang, encore de la baston, et encore du sang. En fait, on est dans le croisement quasi parfait entre le film d’arts martiaux et le film d’horreur. Un peu comme si ces deux genres avaient fusionné pour accoucher de The Night Comes for Us. Pendant 1h45 sur les deux heures que dure le film, on va assister les yeux parfois médusés à une sorte de frénésie sanguinaire complètement folle. Des scènes d’action d’une ultra-violence rarement vue à l’écran à un point que cela en devient électrisant. Que ce soit au combo pied / poing, à l’arme blanche ou aux armes à feu, on va assister à une sorte de carnage sanglant où la violence est poussée à son paroxysme, où le sang coule à flot, où les membres volent, où la cervelle gicle, où des ventres se dévident de leurs intestins. Une exagération d’hémoglobine qui donne parfois un côté grand-guignol au métrage, un peu comme s’il semblait sortir d’un comics. On arrête très rapidement de compter le nombre de morts tant The Night Comes For Us ne fait pas dans la dentelle et le film mérite bien son interdiction aux moins de 18 ans proposée par Netflix. D’autant plus que les effets spéciaux sont excellents, très réalistes, très crus, et évitent au maximum l’utilisation des CGI (même si on arrive à en détecter ci et là).
Si les scènes d’action sont aussi marquantes et jouissives, c’est aussi par leur mise en scène viscérale. Un peu à la manière des deux The Raid, c’est brut de décoffrage. La réalisation de Timo Tjahjanto se montre très inventive et chaque mise à mort vaut son pesant de cacahuètes. C’est fluide, toujours au plus près de l’action, toujours extrêmement lisible grâce à un montage très propre et des cadrages de fou, et les chorégraphies sont inventives et parfois assez bluffantes.
The Night Comes For Us est ce genre de film où on se pose sur le canapé et où on débranche son cerveau pendant deux heures. Il est vrai qu’il est difficile de faire la fine bouche tant le métrage est généreux en action. Le rythme est soutenu, avec une petite pause de 10 minutes en milieu permettant de souffler un peu après une première heure enchainant quasi non-stop massacre sur massacre, et qui continuera sur ce chemin dans les 45 dernières minutes. Mais c’est là qu’arrive le premier problème du film. On est dans un bourrinage tellement intensif qu’on finit par avoir du mal à prendre du plaisir tout le long. Car là ou un The Raid 2 savait mettre un peu de nouveautés dans chaque scène de combat, ici il y a une certaine redondance dans l’action et ce malgré des méchants semblant parfois sortir d’un jeu vidéo (mention spéciale à Hannah Al Rashid).
Le scénario, simpliste et classique au possible, n’est là que pour amener les scènes d’action et les quelques tentatives d’apporter de la profondeur aux personnages s’avèrent au final un peu bancales. Il faut dire que les acteurs sont aussi bien plus à l’aise lorsqu’il faut balancer de la tatane que lors des scènes plus dramatiques. Iko Uwais s’en sort bien, Joe Taslim également même si souvent en surjeu total, mais certains seconds rôles auraient mieux fait de rester muets (Hannah Al Rashid par exemple), surtout qu’ils ne sont pas aidés par des lignes de texte très poussées.
Néanmoins, ce ne sont là que des broutilles si on prend en compte le spectacle hautement jouissif qui nous est proposé là. Car oui, on est là avant tout pour l’action, et ça envoie du pâté ! Il est à noter qu’il s’agirait du premier opus d’une trilogie (selon un tweet du réalisateur). Le deuxième volet s’intéresserait au personnage de Rika (Julie Estelle) ainsi qu’au reste des membres des Six Seas évoqués dans le film.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les scènes d’action ♥ Le gore ♥ La mise en scène ♥ Le rythme soutenu |
⊗ Le jeu de certains acteurs ⊗ Peut fatiguer à la longue |
Même s’il ne rivalise pas avec les The Raid, The Night Comes For Us est un spectacle hautement explosif, sorte de chaînon manquant entre le film d’arts martiaux et le film d’horreur, qui nous prouve que le cinéma d’action indonésien en a encore sous le capot. |
Titre : The Night Comes For Us
Année : 2018
Durée : 2h01
Origine : Indonésie
Genre : Sang limite
Réalisateur : Timo Tjahjanto
Scénario : Timo Tjahjanto
Acteurs : Joe Taslim, Iko Uwais, Asha Keneyi Bermudez, Sunny Pang, Salvita Decorte, Abimana Aryasatya, Zack Lee, Julie Estelle, Dimas Anggara