[Film] The Ancestral, de Le-Van Kiet (2022)

Après avoir vécu une tragédie familiale, un veuf nommé Thanh emmène ses deux filles dans une maison ancestrale vieille de plusieurs siècles. Les deux filles sont victimes de paralysie du sommeil et de terreurs nocturnes. Leur père demande l’aide d’un psychologue…


Avis de Rick :
Qu’y-a-t-il de pire lorsque l’on fait un film avec des fantômes, des esprits ou une quelconque créature vengeresse ? Oui, de foirer sa créature ! Aujourd’hui, nous allons parler de The Ancestral, film Vietnamien que l’on doit à Le-Van Kiet, réalisateur de là-bas qui depuis peu semble être on fire vu la vitesse à laquelle il enchaîne les projets. Car s’il n’a que 10 films à son actif, que son premier date de 2006, et bien rien qu’en 2022, on lui doit trois métrages, dont deux tournés en Amérique. A croire que Hai Phuong, ou Furie tout simplement, disponible depuis 2019 sur Netflix, a eu un succès assez grand pour faire de l’œil aux gros studios. Bon, ce qui est dommage, c’est que sur trois films en 2022, il n’y en a pas un seul qui soit bon. Entre The Requin et son titre ridicule mélangeant deux langues, et qui en plus se fait plaisir en ne montrant quasi pas de requins, La Princesse pour Disney + dont je n’ai vu qu’un combat de 30 secondes contenant 27 plans et qui m’aura donc presque donné une crise d’épilepsie (et je ne suis pas épileptique pourtant), et maintenant son The Ancestral, on en vient à se demander si Furie, sympathique bien que générique en tant que film d’action, n’était pas plutôt un coup de bol. The Ancestral pourtant a quelques atouts pour lui. Une belle campagne Vietnamienne, une très jolie photographie autant en intérieur qu’en extérieur, autant de jour que de nuit, mais aussi deux actrices jeunes mais convaincantes, alors que normalement, les enfants au cinéma, moi je veux les baffer. Mais une jolie photographie et deux actrices convaincantes, ça ne fait pas un bon film. Surtout dans le genre balisé du cinéma horrifique.

The Ancestral en tout cas ne va pas bousculer nos acquis et nos habitudes. On aura du jumpscares visuel, du jumpscares auditif, une maison coupée du reste du monde, une grand-mère flippante qui apparaît quand le scénario le décide, des ombres furtives et silencieuses en arrière-plan, un père qui ne croit jamais ses enfants car les esprits ça n’existe pas et j’en passe. Pourtant, même avec ces clichés par paquet de 12, il y avait malgré tout du potentiel, puisque le film décide de traiter d’un sujet bien réel, à savoir la paralysie du sommeil, qui dans le cas qui nous intéresse, touche une petite fille, Yen, qui part dans une maison familiale avec son père et sa grande sœur après un drame qui l’aura marqué. Le problème, c’est que le film se prend méchamment les pieds dans le tapis sur deux éléments pourtant si importants dans le genre. Le premier élément, je le citais d’entrée de jeu, c’est la fameuse créature. Regardez-moi cette pochette, c’est la méga classe non ? Photoshop peut faire des miracles, car dans le film, c’est une autre histoire. Autant lorsque l’on doit voir une grand-mère terrifiante en plein jour, le film sait jouer sur les plans larges, les plans furtifs, et ça passe, mais lorsque le film se décide à montrer une créature terrifiante la nuit, quand notre jeune sœur dort, enfin, est victime de paralysie du sommeil, vous aurez au choix droit à la silhouette floue qui s’amuse à passer de gauche à droite de l’écran sans raison, dans le meilleur des cas, ou l’incrustation de CGI tout simplement abominables dans le pire des cas.

A ce stade, je ne sais même pas si le souci c’est l’effet en lui-même ou son incrustation totalement foireuse. Voilà, la créature, c’est râpé. Le pire étant lors du final qui la met en avant, c’est à se cacher les yeux de honte. Il ne faudra pas compter sur l’intrigue pour relever le niveau, ça tourne en rond pendant des plombes avant de nous révéler la présence d’un complexe caché traitant les patients de paralysie du sommeil, et du coup, on a notre lot de petites tragédies familiales à tout va. Puis bon, les actrices ont beau être naturelles à l’écran, l’écriture même des personnages, en plus d’être facile, a de gros défauts. Prenons le cas de Yen, la plus jeune donc, qui doit paraitre faible, peureuse, indécise, tout ça. Elle se plaindra pour escalader un petit muret alors qu’on lui propose en plus de l’aide, et l’instant d’après, sur un toit, ira d’elle-même s’aventurer sur les branches d’un arbre, avant de chuter (en CGI raté), tomber dans le jardin, et traverser une grille secrète qui, d’après les plans, la font chuter plusieurs mètres plus bas. Et on la retrouve, indemne d’une telle chute, se relevant et en ayant pour seule réaction un petit « tiens où suis-je ? » avant de retirer la poussière de ses vêtements et d’avancer sans peur dans d’étroits tunnels. Je ne demande pas une écriture novatrice, mais au moins de la consistance dans l’élaboration de personnages, pas des personnages qui d’un coup se retrouvent courageux car le scénario est bloqué sinon. Oui, vous l’avez compris, The Ancestral, ce n’est pas très bon. Il y a bien entendu bien pire ailleurs, le film propose au moins un spectacle pas désagréable pour les yeux si l’on fait abstraction des CGI, et en réalité, de son monstre principal.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques beaux plans et une jolie photographie
♥ Les actrices convaincantes
⊗ La créature bien ratée
⊗ Les CGI en général
⊗ Un scénario bancal
⊗ Des moments juste foirés
note75
Tentative horrifique de la part du Vietnam, The Ancestral, bien que loin d’être le pire du genre grâce à un certain savoir faire technique, reste un beau foirage, entre son scénario raté, ses personnages qui agissent parfois étrangement et sa créature risible.


Titre : The Ancestral – Bóng Ðè
Année : 2022
Durée :
1h41
Origine :
Vietnam
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Le-Van Kiet
Scénario :
Le-Van Kiet et Ngo Thi Hanh
Avec :
Lam Thanh My, Quang Tuan, Mai Cat Vi et Dieu Nhi

 Bóng Ðè (2022) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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