[Film] Taeter City, de Giulio De Santi (2012)


Taeter City. Une cité en paix. Les meurtriers, poussés par des antennes Zeed à révéler leurs bas instincts et à se suicider, sont collectés comme source de nourriture et vendus dans les restaurants Taeter Burger. Toutefois, un meurtrier semble avoir muté au contact des ondes, décuplant ses forces et lui permettant lui aussi d’émettre des ondes Zeed transformant tout le monde à proximité en tueur assoiffé de sang.


Avis de Cherycok :
Nous sommes à une époque où les amateurs de gros gore qui tâche n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Je ne parle pas de gore façon Saw ou même Deadpool et ses giclées numériques. Non non, je parle du vrai gore, celui qui déverse le sang par hectolitres, souvent de manière très exagérée et n’hésitant pas à verser dans le grotesque. Et de nos jours, c’est compliqué à trouver. Certains se sont tournés vers le cinéma japonais et des productions telles que Helldriver, Tokyo Gore Police et autres Meatball Machine, mais on fait au final vite le tour car il n’en sort pas 50 par an. Alors en fouillant un peu en Europe du côté des productions un peu plus obscures, on tombe assez rapidement sur la boite de prod Necrostorm. Oui, rien que le nom, c’est tout un programme. Et je vous avais même déjà parlé de leur premier film, Adam Chaplin. Comme je fais les choses bien, on va s’intéresser aujourd’hui à leur deuxième, Taeter City, sorti en 2012, toujours réalisé par Giulio De Santi. Son truc à lui, c’est le sang, l’outrance, l’exagération, le tout saupoudré d’un côté expérimental tenant plus du système D. Alors si ce mélange improbable vous tente, vous avez frappé à la bonne porte.

Taeter City, c’est une histoire de science-fiction dans laquelle le gouvernement, afin de pallier au problème de la criminalité, a développé le programme Zeed. Des études ont montré qu’il y avait une déformation commune dans la zone alpha du cerveau de tous les criminels, violeurs et autres meurtriers. Ils ont donc développé des antennes pour lancer des ondes agissant directement sur cette partie du cerveau atrophiée et forçant les malfrats à se suicider. Une équipe de motards est chargée de récupérer les corps afin qu’ils soient « recyclés » en nourriture et distribués dans des points d’accès, les Taeter Burger. Un moyen comme un autre de rendre la ville plus sûre et de nourrir la population. Et comme ça serait dommage de ne rien faire de tous ces os humains, pourquoi ne pas en faire des chaussures de sport ?
Tout comme pour Adam Chaplin, Giulio De Santi développe ici un univers bien particulier. Aussi bien au niveau de son histoire, bien barrée, que du visuel de son film très particulier. Le cinéaste italien, influencé par le cinéma d’horreur rital des années 80, les productions Troma et la culture manga, est un spécialiste des films excessifs et sales et cela se ressent ici à chaque seconde. Il développe un univers, une idée, et il la pousse à son paroxysme. Et on sent bien que, pour pallier au très faible budget, c’est le royaume de la débrouille, du système D. Et le bougre fourmille d’idées. Certes, l’ensemble fait parfois très amateur, avec des accessoires faits de bric et de broc : dominos d’électricien, ventilateurs PC, tuyaux de plomberie, … C’est le festival de la débrouille. Mais on sent malgré tout une réelle envie de bien faire.

Visuellement, c’est la même chose. Les limites de budget vont obliger le réalisateur à faire preuve d’imagination pour donner une identité graphique à son film. Il va donc user et abuser de filtres et de subterfuges pour lui donner un style bien à lui et qui va être cohérent de bout en bout. On notera même quelques passages en mode FPS qui annoncent sa production suivante, Hotel Inferno, qui elle l’est entièrement. Taeter City est volontairement cradingue et ses effets gores vraiment sales en sont l’illustre exemple. Très expérimentaux également, les mêmes techniques que pour Adam Chaplin vont être employées, à savoir un mélange de vrai sang, de latex, d’animatronics et de CGI. Le gore est poussé à l’exagération, sorte de mélange entre le grotesque et le dégueulasse, rappelant les débuts de Peter Jackson ou le Street Trash (1987) de Jim Muro. Effusions de sang par coups de 10 litres, cervelles explosées et giclant dans tous les sens, plaies grandement ouvertes, membres arrachés, énucléations du plus bel effet, les amoureux de gore seront ravis devant tant de générosité. Peut-être même trop de générosité car Taeter City devient rapidement redondant malgré ses 1h04 sans compter le générique de fin.
Heureusement, les passages les plus craspecs sont entrecoupés de fausses publicités en dessins animés ventant les menus de Taeter Burger comme s’il fallait rappeler que Taeter City était un film à prendre au second degré. Les nombreuses touches d’humour très noir nous avaient déjà aiguillé à ce propos.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est gore, très très gore
♥ Ça fourmille d’idées
♥ L’ambiance craspec
⊗ Casting pas très reluisant
⊗ Assez redondant
⊗ Ça reste très fauché
Deuxième film du nouveau pape du gore italien Giulio De Santi, Taeter City est un spectacle qui ravira les fans de tripaille à l’air et d’effusions de sang à profusion. Il reste néanmoins inférieur au premier film du réalisateur, Adam Chaplin (2011). Avis aux amateurs.



Titre : Taeter City
Année : 2012
Durée : 1h12
Origine : Italie
Genre : Engore un peu de sang ?
Réalisateur : Giulio De Santi
Scénario : Giulio De Santi

Acteurs : Monica Muñoz, Santiago Ortaez, Wilmar Zimosa, Giulio De Santi, Marzia Maghi, Pierluigi Nitas, Enrique Sorres, Riccardo Valentini

 Taeter City (2012) on IMDb


















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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