[Film] Shakma, de Hugh Parks et Tom Logan (1990)

Rendu fou par une opération expérimentale, un babouin sème la mort dans une école de médecine durant toute une nuit…


Avis de John Roch :
Dans la catégorie singes pas cons mais aussi pas sympas, la fin des années 80 est marqué par deux œuvres : Link de Richard Franklin et son orang-outan qui matte Elizabeth Shue sous la douche, puis Incident de Parcours de Georges A. Romero et son singe capucin femelle que la jalousie maladive auprès de son maître pousse au crime. Des classiques du genre bien fourni de l’attaque animale, suivis de Shakma le babouin bien vénère, précédé d’une réputation peu flatteuse, voire catastrophique. Je n’avais pas détesté à sa sortie location, et il est sûr qu’en le comparant avec les deux films sus-mentionnés, le métrage n’a aucune chance de briller, alors autant le voir sans à priori ni comparaison. Ça aide à relativiser et à lancer Shakma, mais est-ce que ça en fait un bon film pour autant ? Clairement non, bien qu’il y ait des (petites) petites choses à sauver…

Shakma est un babouin qui victime d’expériences scientifiques au sein d’une clinique. Un docteur et son équipe d’étudiants en médecine travaillent sur un sérum capable de supprimer l’agressivité, et l’effet secondaire donne tout le contraire, Shakma se réveille alors en pleine crise de rage et se fait maîtriser. Mais lors de l’euthanasie, l’étudiant distrait se trompe de produit : au lieu de lui injecter de la Phenothiazine, qui ne sert pas à ôter la vie mais est un sédatif qui sert à traiter les problèmes d’agressivité chez les psychotiques ou bien les douleurs chez les personnes atteintes d’un cancer, le babouin se retrouve avec du phenacyclaphetamine dans les veines, aux effets indésirables inconnus puisque ce produit n’existe pas, le scénariste s’étant visiblement dit que personne n’ira jusqu’à chercher le nom de ces produits chimiques après la vision du film. Il n’a pas entièrement tort, je l’ai fait pendant. Bref, pour la fine équipe d’étudiants et leur professeur, c’est vendredi, et vendredi c’est jeu de rôle, cette fois-ci grandeur nature car il se déroule entre les murs de la clinique, la suite on la connaît sans même s’intéresser au film : Shakma se réveille, il est bien vénère, et va tuer tout ceux qui croisent son chemin. Le pitch est simple, réduit à une unité de temps et de lieu, dans un déroulement qui rappelle un Slasher tout ce qu’il y a de plus classique. Tout y est : la vue subjective, la première demi-heure qui sert à rien à part introduire les personnages, les premiers meurtres isolés avant que les survivants ne découvrent ce qu’il se passe, la lutte entre la dernière victime et son bourreau, à la différence que la le boogeyman est remplacé par un singe. Mais peu importe la simplicité de l’histoire qui a tout de mème le mérite d’intégrer un élément peu courant à l’époque (le jeu de rôle) tant le problème est dans l’exécution, Shakma est un film ennuyeux et ce dès les premières minutes où sont introduits des personnages aussi creux que la vague dans laquelle se trouve Bruce Willis actuellement, ce qui ne s’arrange pas avec leur partie de jeu de rôle chiante à suivre.

D’une durée un rien abusée de 1h41, Il faudra patienter 40 bonnes minutes avant que Shakma rentre en action, mais pas de miracle, le métrage devient un film de couloir soporifique et répétitif, où les étudiants font des allers et venus incessants et courent se planquer toujours au même endroit dès qu’ils croisent le babouin sans penser une seconde à descendre les escaliers de secours ou pourtant ils se réfugient, et où le singe ne peut pas rentrer, pour partir chercher de l’aide, ou casser une vitre pour appeler au secours. Non, ils prennent des décisions complètement connes du début à la fin dans une clinique qui a visiblement évacué tout personnel et patients pour que l’équipe puisse avoir la paix. La clinique (ou hôpital d’ailleurs j’en sais rien) justement, le décor est tout sauf crédible, et ressemble plus à des étages qui attendent preneurs qu’au lieu que l’on veut nous faire croire que c’est, et quand on sait que Shakma a été tourné dans les locaux du parc Universal Studio de Floride, on ne peut s’empêcher de penser aux employés qui bossaient dans un endroit si vide, déprimant et gris, tout juste il y a deux plantes dans une salle de pause aussi triste que les bureaux. Mais si il y a une qualité dans Shakma, c’est du coté du casting qu’il faut chercher. Pas pour la plupart des étudiants qui sont de parfaits inconnus, ni du coté de Christopher Atkins qui a quitté le Lagon Bleu en y laissant son jeu d’acteur, pas plus du coté de Amanda Wyss qui restera dans la légende pour avoir été la première victime de Freddy Krueger, crédible dans ses scènes de terreur car réellement terrifiée par le singe pendant le tournage, quant à Roddy MacDowall qui surnage un peu, sa présence peut être vue comme une sorte de gag (il jouait Caesar dans les Planetes des Singes) et est cantonné à un rôle des plus dispensables. Non, le pilier du casting, celui qui porte le film sur ses épaules, c’est le rôle titre : Typhoon le babouin. Complètement déchaîné, Typhoon est incroyable dans son rôle de singe psychotique et psychopathe, investit à fond lorsqu’il s’agit de se ruer sur ses victimes dans des scènes aux effets sanglants absents (quand les attaques ne sont pas hors champs, ou coupées par un fondu au noir), de sauter sur les murs en pleine course, ou de se taper la tête contre des portes comme un forcené. Une bête enragée que la caméra réussit à iconiser dans quelques plans qui ont franchement la classe, aux antipodes de la mise en scène mollassonne du reste du métrage, et de la caméra qui a par moment du mal à suivre le primate que l’on imagine parfois imprévisible pendant le tournage d’une scène. Le seul intérêt de Shakma est la prestation du singe donc, à vous de voir si vous voulez subir le reste.

LES PLUS LES MOINS
♥ Typhoon le babouin dans le rôle titre
♥ Quelques plans bien foutus
⊗ Un scénario mauvais, parfois con et incohérent
⊗ Des personnages creux et cons
⊗ C’est trop long pour ce que c’est
⊗ C’est long à démarrer
⊗ Quand ça démarre c’est répétitif
⊗ Un film globalement ennuyeux
Shakma est long, ennuyeux, répétitif, mal écrit et mal joué. Reste la performance de Typhoon le babouin dans le rôle titre, assez mémorable pour justifier la vision de ce film.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Typhoon a joué dans la Mouche aux cotés de Jeff Goldblum.

• Pour obtenir la performance du singe, il y avait deux dresseurs sur le plateau, un alpha et un bêta. Ce dernier se cachait derrière les portes et hurlait le nom de Typhoon, ce qui rendait dingue le babouin.



Titre : Shakma
Année : 1990
Durée : 1h41
Origine : U.S.A
Genre : Singerie
Réalisateur : Hugh Parks et Tom Logan
Scénario : Roger Engel

Acteurs : Typhoon, Christopher Atkins, Amanda Wyss, Ari Meyers, Roddy MacDowall, Robb Edward Morris, Tre LAughlin, Greg Flowers, Ann Kymberlie

 Shakma (1990) on IMDb


 

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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