[Film] PussyCake, de Pablo Parés (2021)

Un groupe de rock féminin en difficulté part en tournée et découvre que son pire problème n’est pas seulement d’être oublié par ses fans.


Avis de John Roch :
Emesis, plus connu sous son titre international PussyCake, est la nouvelle réalisation de Pablo Parés. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il va réveiller des souvenirs chez les amateurs de films gores et fauchées car le cinéaste est à l’origine, avec son comparse Hernán Sáez, de Plaga Zombie : Zona Mutante, second volet d’une saga qui en comporte à ce jour quatre. Avec ce second opus, Pablo Parés et Hernán Sáez s’étaient posés comme les héritiers Argentins de Sam Raimi et Peter Jackson en donnant un coup de fouet aux films de zombies alors en pleine renaissance (nous sommes en 2001) avec un métrage fun, gore et mis en scène sans pognon mais avec talent. Une réputation méritée ou donnée trop hâtivement ? Possible, car si je n’ai pas vu les autres métrages du duo (j’y reviendrai un jour, au moins sur les Plaga Zombie), ce n’est pas PussyCake qui va convaincre de leur supposé potentiel malgré des critiques outre atlantique dithyrambiques. Pourtant, PussyCake a, à première vue, tout pour plaire avec un pitch de base qui donne envie. Car PussyCake, c’est Jem et les Hologrammes qui affrontent Evil Dead, avec une pointe d’univers parallèles, de zombies, d’histoire d’amour, de Predator et d’influences plus ou moins prononcées. Et pourquoi pas après tout. Le problème c’est qu’à l’arrivée, PussyCake se plante sur à peu près tout et digère mal ses idées pourtant pas inintéressantes sur le papier.

PussyCake commence avec un ado, très Justin Bieber dans le style, qui est à la recherche de son père, un scientifique qui a disparu dans le multiverse dont l’existence a été prouvée. En reprenant les travaux de son paternel, fiston réussi à activer une machine qui rappelle fortement la porte des étoiles de Stargate en modèle réduit et ouvre une brèche vers un autre monde. La bonne nouvelle, c’est que son père et de retour à la maison. La mauvaise c’est qu’il n’est pas revenu seul. Mais pas le temps de voir ni comprendre ce qu’est la menace puisqu’on embraye directement sur les PussyCake, groupe de Rock composé de femmes uniquement. En pleine tournée, leur prochain arrêt est dans le bled où, je vous le donne dans le mille, la porte des étoiles a été activée. Ce à quoi l’on s’attend en lançant PussyCake, c’est des rockeuses contre des zombies qui ont une particularité à tendance trash, puisque ceux-ci contaminent les humains en leur vomissant dans la bouche. Sauf qu’il y a une petite tromperie sur la marchandise car dans PussyCake il n’y a pas de zombies mais un zombie, à la fois. En fait un parasite d’un autre univers qui prend le contrôle des humains, le vomi servant à loger des œufs dans le corps des victimes. Alors oui, pourquoi pas après tout, l’idée de voir des zombies dégueuler dans la bouche de rockeuses promet son lot de moments peu ragoutants. Mais c’est tout le contraire puisque les scènes de gerbes sont au final faussement trashs et s’avèrent très sages, et le liquide blanc qui ressemble à du lait ne traumatisera que les intolérants au lactose les plus fragiles. Sage, c’est le mot qui qualifie bien PussyCake, notamment dans ses débordements sanglants au final trop peu nombreux, bien que ceux-ci soient réussis mais on reste loin du film gore du début à la fin qui nous a été vendu.

Pourtant PussyCake est un film qui tente de se renouveler plusieurs fois. Passé le coté faux film de zombie, le métrage introduit en milieu de bobine une sorte de chasseur venu d’un autre univers rappelant le Predator. Une idée intéressante dans le sens où elle emmène une sorte de quiproquo car du point de vue des rockeuses, c’est lui la vraie menace. Mais c’est là pointer le principal défaut du métrage : des idées PussyCake n’en manque pas, le problème c’est qu’elles sont toutes esquissées, comme intégrées au scénario sans pour autant savoir quoi en faire. Ce n’est pas tant la faute à la courte durée du film. Tout est sous développé, et le rythme en pâti car Pablo Parés s’attarde trop sur certaines scènes au détriment d’autres et quand il embraye sur quelque chose qui fait que le métrage devrait enfin démarrer, ce n’est jamais le cas. En résulte un film qui ne décolle jamais vraiment, pas plus dans l’action à la mise en scène pas déshonorante mais relativement pépère, à mille lieux de la frénésie d’un Plaga Zombie, que dans des scènes qui développent le duo d’héroïne au centre d’une histoire d’amour qui ne fait jamais mouche (le final en prend d’ailleurs un coup) et qui est introduite de manière peu fine en se voulant dans l’air du temps en dénonçant les violences faites aux femmes. Mais était-ce vraiment nécessaire de passer par là pour justifier l’homosexualité de l’héroïne ? De potentiel, PussyCake n’en manque pas, il est dommage que le film soit si fourre-tout sans pour autant arriver à exploiter de bonnes idées. Faussement trash, faussement gore, faussement profond dans sa thématique, jamais fun, le métrage est un beau gâchis vite vu, vite oublié.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bonnes idées…
♥ Quelques scènes gores réussies
♥ Malgré tout, il y a quelques moments sympas
⊗ … mais ni exploitées ni développées
⊗ C’est trop sage
⊗ Le rythme en dent de scie
⊗ Pas fun pour un sou
⊗ Un film qui ne décolle jamais

PussyCake est un film avec un bon potentiel de départ gâché par de bonnes idées qui ne sont jamais exploitées. En résulte un métrage vite vu vite oublié sans réel intérêt, qui de plus n’est pas la bande trash, fun et gore annoncée ici et là.



Titre : PussyCake / Emesis / Emesis: el amor mata
Année : 2021
Durée : 1h28
Origine : Argentine
Genre : Spice girls
Réalisateur : Pablo Parés
Scénario : Pablo Parés, Hernán Sáez, Hernán Moyano et Maxi Ferzzola

Acteurs : Macarena Suárez, Aldana Ruberto, Sofia Rossi, Anahí Politi, Flor Moreno, Rodrigo Ferreyra, Amanda Nara, Diego Prinz

 Emesis (2021) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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