[Film] Yurigokoro, de Kumazawa Naoto (2017)

Alors que la vie semble réussir à Ryosuke, sa fiancée disparaît subitement sans laisser de trace et on diagnostique un cancer en phase terminale à son père. Alors qu’il l’aide, il trouve dans ses affaires un journal intime, qui serait le journal d’une meurtrière.


Avis de Rick :
Remarqué dans quelques passages en festival, et avec en prime une nomination pour meilleure actrice pour Yoshitaka Yuriko au Japan Academy Prize, Yurigokoro me faisait de l’œil depuis un moment, et il était donc temps que je me plonge dans cette histoire qui promettait de mélanger plusieurs intrigues sur plusieurs périodes, pour revenir via un journal intime sur la vie d’une tueuse en série, interprété donc à l’écran par Yoshitaka Yuriko, actrice que j’avais perdue de vue depuis des années, la faute à un gros paquet de drama Alors que bon, il y a 15 ans, c’était tout de même Noriko’s Dinner Table, Adrift in Tokyo, Snakes and Earrings, Kaiji 2. Bref, du tout bon. Et j’ai bien fais de m’y intéresser, car Yurigokoro était très intéressant, à défaut d’être parfait, ou d’être aussi surprenant qu’il aurait voulu l’être en réalité. La faute sans doute à son procédé même de narration, sans doute hérité du roman qu’il adapte, et qui nous met d’emblée la puce à l’oreille sur certains éléments. Car oui, nous avons bien là plusieurs intrigues, sur plusieurs périodes. Nous avons notre héros dans un sens, Ryosuke, patron d’un restaurant, fiancé à la charmante Chie (Seino Nana, découverte par beaucoup grâce aux plans culottes de Tokyo Tribe, ou Nowhere Girl de Oshii Mamoru, au choix), bref, un homme à qui la vie réussie, jusqu’au jour où, coup pour coup, sa fiancée disparaît sans laisser de trace, et que son père lui apprend qu’il a un cancer avancé et donc qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Et tout ça, c’est à l’écran en l’espace de 5 minutes. Un film qui respire la joie donc ! Et en voulant aider son père, Ryosuke va trouver dans ses affaires un journal intime appartenant à une femme, Misako, qui y explique sa vie, depuis sa plus tendre enfance, ou, plutôt associable, elle sera très rapidement devenue une jeune femme un peu paumée et qui n’hésite pas à tuer, froidement.

Oui, ça ne fait que 10 minutes, et on a une fiancée disparue, un cancer en phase terminale, le journal intime d’une tueuse et une enfant morte. Ça part tout de suite sur du 20/20 tout ça ! Je vous ai dit que je n’aimais pas les enfants ? Plus sérieusement donc, le film nous raconte à la fois les mésaventures de Ryusuke, qui va rapidement apprendre via une amie de sa fiancée que celle-ci était en réalité déjà mariée, malheureusement avec un yakuza qui n’hésitera pas à lui faire faire le trottoir afin de rembourser des dettes, mais aussi les aventures sur toute une vie de Misako, tueuse donc dés son plus jeune âge, femme totalement paumée, qui va finalement évoluer au fur et à mesure de rencontres pas toujours très saines, comme un jeune homme qu’elle va « aider » pour finalement détruire sa vie en mettant un peu involontairement un meurtre sur son dos, ou une jeune femme s’automutilant avec qui elle aura une relation « presque » normale, bien que sadique et douloureuse on s’en doute. Le film alterne moments glauques, moments un poil plus colorés donnant un côté grotesque à certaines séquences, et je dois bien avouer que Yoshitaka Yuriko est bien convaincante dans son rôle, dés que l’on plonge dans la partie de jeune adulte concernant Misako. La première heure du métrage, tant que celui-ci ne tente pas vraiment de se la jouer mystère mystérieux, est même excellente sur certains aspects, à condition d’en supporter les quelques excès, car encore une fois, le film n’hésite pas à tuer des enfants, à nous montrer un personnage vivant un peu dans sa bulle et ce dès son plus jeune âge, et donc n’ayant pas de réel repère moral. Même finalement lorsque le personnage vivra une véritable histoire d’amour, enfin, avec Yôsuke, joué par Matsuyama Ken’ichi (Death Note, Kaiji, Gantz), ça fonctionne.

Notamment car le métrage garde sa ligne de conduite, et ne plonge jamais intégralement dans les beaux sentiments, gardant un côté ambigu et parfois flous, vis-à-vis de ses personnages, de leur ressenti. Malheureusement, passé un certain stade, le film veut essayer de surprendre en faisant des parallèles entre ses différentes intrigues, en reliant le tout, et le souci, c’est qu’il voudrait sans doute que ce soit surprenant pour le spectateur, mais que certains signes ne trompent pas, et que beaucoup de ces éléments s’avèrent au final attendus, et donc ne fonctionnent clairement pas autant que le film le voudrait. Il ne faut pas avoir fait des études de littératures ou d’écriture de scénario pour voir où tout cela nous amène, pour avoir la simple petite pensée que ce journal intime qui s’offre au personnage ainsi qu’aux spectateurs n’est pas là par hasard. Néanmoins, si l’on perd le côté surprenant du début du métrage, il faut aussi avouer que cela reste bien emballé, plutôt prenant, et qu’en soit, les personnages sont bien écrits, malgré donc un twist ou deux prévisibles, et quelques rares éléments d’intrigues que l’on pourrait qualifier d’un peu gros, notamment dans la dernière ligne droite du métrage. Le métrage veut sans doute en faire trop sur la fin, mais malgré tout, reste un très bon moment, et une bonne surprise donc à mes yeux.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting, solide
♥ Quelques belles idées de mise en scène
♥ Des histoires d’amour souvent un brin déviantes
♥ Un film sombre
⊗ Un final qui ne surprend plus
⊗ En fait parfois un peu trop
note6
Yurigokoro est un film à suspense prenant, parfois immoral et troublant, qui fonctionne grâce à son casting et une écriture la plupart du temps solide, même si dans sa seconde partie, le film devient un peu prévisible et donc perds un peu en puissance.


Titre : Yurigokoro – ユリゴコロ
Année : 2017
Durée :
2h08
Origine :
Japon
Genre :
Suspense
Réalisation :
Kumazawa Naoto
Scénario :
Kumazawa Naoto d’après le roman de Numata Mahokaru
Avec :
Yoshitaka Yuriko, Kimura Tae, Matsuyama Ken’ichi, Matsuzaka Tôri, Satsukawa Aimi, Seino Nana et Kiyohara Kaya

 Yurigokoro (2017) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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